Accueil Actu

Début "constructif" des négociations entre Chypriotes grecs et turcs

Chypriotes grecs et turcs ont repris mercredi leurs négociations en Suisse dans une atmosphère "constructive", a constaté le médiateur de l'ONU, qui juge qu'une réunification de l'île divisée depuis plus de 40 ans "n'est pas hors de portée".

Le Norvégien Espen Barth Eide, émissaire spécial des Nations unies pour Chypre depuis 2014, n'a pas caché que la réconciliation des deux communautés rivales en vue de créer un Etat fédéral chypriote ne serait pas chose facile.

"Ce sera dur, mais pas impossible. Ce n'est pas hors de portée, ça peut arriver", a-t-il dit aux journalistes réunis dans un grand hôtel de la station alpine de Crans-Montana, qui accueille les pourparlers de paix.

M. Eide, chargé de jouer le rôle difficile de médiateur, a indiqué que les délégations avaient discuté dans la matinée de l'épineuse question des garanties de sécurité du futur Etat, sur laquelle les points de vue sont "diamétralement opposés".

Chypre est divisée depuis 1974, lorsque l'armée turque a envahi la partie nord de l'île en réaction à un coup d'Etat de Chypriotes grecs qui visait à rattacher le pays à la Grèce et suscitait une vive inquiétude de la minorité chypriote turque.

Depuis, des Casques bleus de l'ONU contrôlent la "ligne verte", une zone tampon démilitarisée séparant les deux communautés et passant à travers Nicosie, la seule capitale d'Europe encore divisée.

Les Chypriotes turcs habitent dans la République turque de Chypre du Nord (RTCN), reconnue uniquement par Ankara, où la Turquie stationne quelque 35.000 soldats. C'est cette présence militaire qui représente la principale pierre d'achoppement d'un accord.

Actuellement, les trois "garants" de la sécurité de l'île - Turquie, Grèce et Grande-Bretagne, ex-puissance coloniale - conservent le droit d'intervenir militairement. Mais Nicosie, soutenue par Athènes, réclame le retrait de tous les soldats turcs, ce que refusent les Chypriotes turcs.

Selon une source diplomatique, la Turquie serait prête à réduire de 80% sa présence militaire.

Le médiateur a reconnu que sur cette question, "les points de vue sont diamétralement opposés".

- 'Bon début constructif' -

"Nous avons eu un bon début, constructif", a toutefois souligné M. Eide.

De son côté, le Secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires politiques, Jeffrey Feltman, a souligné que, bien que le sujet de la sécurité soit "probablement le plus difficile", il y a eu une "atmosphère positive" et une "attitude remarquablement positive".

Il a annoncé que le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, devrait rejoindre les participants à Crans-Montana "plus tard dans la semaine", probablement vendredi.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, cité par l'agence de presse Anadolu, a déclaré qu'une "solution doit maintenant être trouvée à ce problème qui dure depuis 50 ans."

Le précédent round de pourparlers organisé en janvier en Suisse avait enregistré quelques avancées mais s'était globalement soldé par un échec.

Après une interruption de cinq mois, les négociations ont repris mercredi dans le cadre d'une conférence élargie, avec le président chypriote Nicos Anastasiades et le dirigeant chypriote turc Mustafa Akinci, rejoints par les ministres des Affaires étrangères et représentants de la Turquie, de la Grèce et de la Grande-Bretagne.

Le ministre britannique Boris Johnson a participé uniquement au dîner organisé mardi soir. La chef de la diplomatie de l'Union Européenne, Federica Mogherini, est également présente, car Chypre est membre de l'UE depuis 2004.

Bien que largement minoritaires, les Chypriotes turcs contrôlent actuellement 37% de l'île. Selon certains médias chypriotes, la partie grecque serait disposée à leur accorder 28,2% de la superficie du futur Etat, alors que la partie turque en réclamerait 29,2%.

La Grande-Bretagne possède également des bases militaires dans la partie sud de l'île. Londres a offert de restituer 49% (117 km2) de ce territoire en cas de règlement de la crise.

La partition a provoqué l'exode entre le nord et le sud de dizaines de milliers de Chypriotes grecs et turcs qui espèrent, en cas d'accord, retrouver leurs propriétés. D'autres, installés depuis quatre décennies, ne veulent pas recommencer leur vie ailleurs, comme c'est le cas pour la ville symbole de Morphou (nord).

À la une

Sélectionné pour vous