Accueil Actu

"Tout allait de travers" à la Ville de Charleroi: "On a toujours fait comme ça"

Le tribunal correctionnel de Charleroi a entamé ce lundi l'examen du dossier "Ville", qui regroupe l'ensemble des dysfonctionnements présumés au sein des instances politiques et administratives de Charleroi. Le parquet général parle d'une ville où "tout allait de travers". Son ancien bourgmestre, Jacques Van Gompel, rétorque qu'on a "toujours fait comme ça" à Charleroi.

Le procès des "affaires" de la ville de Charleroi (1999 - 2010) a débuté. Ce lundi, l'ancien bourgmestre Jacques Van Gompel s'est exprimé. Il a notamment évoqué le système des bons de commande: l'argent des écoles utilisé, par exemple, pour les bâtiments sportifs. "Je ne voyais pas de mal", a-t-il dit, selon notre journaliste Ludovic Delory. "On a toujours fait comme ça".

Selon son avocat, Adrien Masset: "Monsieur Van Gompel était entouré de juristes, personne ne lui a jamais dit que c'était inexact, qu'on ne pouvait pas agir de la sorte. Cela existait déjà dans diverses communes, même avant la fusion". 

Un dossier toiletté

Avant d'entamer l'instruction d'audience, le tribunal a toiletté le dossier, en actant la demande de transaction de cinq prévenus, à savoir l'ex-échevine Viviane Vanacker, deux sociétés et deux entrepreneurs. Le tribunal rendra sa décision ce mardi. Plusieurs personnes concernées sont également malades et n'ont pu se présenter à l'audience, à l'instar de l'entrepreneur Michel Vandezande et de l'ex-échevin Marc Parmentier. Ils ont toutefois été représentés par leurs avocats.

Seul le cas de Claude Despiegeleer pose problème. Selon le parquet général, le rapport du médecin légiste fait état d'une incapacité de se présenter à l'audience, sauf dans le cas d'un huis clos. L'avocat général, Catherine Badot, s'y est toutefois opposé, l'audience étant publique. Elle demande donc que l'affaire soit prise par défaut ou que le dossier soit disjoint à l'égard de Claude Despiegeleer. Le tribunal a d'ores et déjà prévenu qu'il jugerait ce problème au fond.


Non-lieu

Sur le fond, le parquet général déplore le nettoyage effectué par la chambre des mises en accusation. Cette dernière avait déclaré un non-lieu pour deux tiers des préventions retenues à charge de l'ancien bourgmestre Jacques Van Gompel parce qu'il n'avait pas été entendu par les enquêteurs sur celles-ci.

Or, selon Catherine Badot, il a pourtant été interrogé. Son collègue, l'avocat général André Dessart, déplore quant à lui la complexité des instances de règlement de procédure qui ont considérablement ralenti le dossier.

"C'est préjudiciable pour le parquet, mais également pour les prévenus qui ont dû attendre 10 ans pour être jugés", a-t-il ajouté, en précisant qu'il avait bien fallu boucler le dossier pour éviter la prescription. Me Masset, conseil de Jacques Van Gompel, regrette quant à lui "qu'on ait trop voulu chargé la barque et que l'on se soit engagé dans un procès impossible".

Ce à quoi le parquet répond que cette enquête a permis la découverte "d'un antisystème généralisé où tout allait de travers", ce qui explique la complexité et la lourdeur du dossier.

À la une

Sélectionné pour vous