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Le casse-tête des braqueurs de Kim Kardashian: "On n'opère pas d'une manière aussi préméditée et organisée sans qu'il y ait déjà des possibilités d'écoulement"

Voler pour neuf millions d'euros de bijoux est une chose, réussir à les écouler en est une autre: c'est la difficile tâche qui attend les détenteurs du butin dérobé lundi dans un hôtel particulier parisien à la vedette américaine Kim Kardashian.

Impossibles à revendre en l'état en raison de la notoriété dont ils sont auréolés, la bague d'une valeur de quatre millions d'euros et le coffret de bijoux représentant quelque cinq millions d'euros qui ont été volés à la star de téléréalité devront d'abord être démantelés par leurs braqueurs pour espérer trouver preneurs.

Inévitablement, "il y a un effondrement de la valeur" de ces bijoux non seulement dû au battage médiatique induit par le braquage, mais aussi en raison de leur notoriété en tant que telle, puisqu'ils ont été photographiés à moult reprises et sont répertoriés, explique à l'AFP Sandrine Marcot, présidente déléguée de l'Union de la Bijouterie Horlogerie.

"Cette bague, tout le monde la connaît, ça ne va pas être forcément facile à écouler", confirme de son côté une source policière, d'autant que pour Mme Marcot, "ce genre de bijoux n'est pas porté tous les jours, ce sont des modèles uniques".

Aussi, il est probable selon elle que le gang qui a opéré dans la nuit de dimanche à lundi dans la résidence hôtelière de luxe où résidait Mme Kardashian ait été en charge d'un contrat et qu'il ne pouvait en tout cas ignorer la difficulté qu'il y aurait à se délester de telles pièces.

"On n'opère pas d'une manière aussi préméditée et organisée sans que derrière il y ait déjà des possibilités d'écoulement", a-t-elle précisé, soulignant que tout l'enjeu pour les braqueurs était désormais de transformer les bijoux en question.

Dans ce genre de cas, les voleurs passent par un receleur puis plusieurs intermédiaires et un joaillier ou un bijoutier véreux chargé de retravailler la pierre qui aura été préalablement désolidarisée de la monture, détaille la même source policière.

- Tracage des pierres -

Or les pierres précieuses sont aujourd'hui "excessivement bien tracées" grâce à un marquage au laser qui est indélébile et elles sont en outre "répertoriées en fonction de leur taille, de leur poids, du nombre de carats", ce qui complique la tache des malfrats, indique Mme Marcot.

Par ailleurs, une fois retaillée, la pierre précieuse "perd énormément de sa valeur" et pourrait ainsi passer de 4 millions à 1 million d'euros, poursuit la même source policière.

Mais en dépit de ces contraintes, le business reste juteux car "vous aurez toujours des clients qui vont vouloir acheter des pierres ou faire fondre le métal", estime la présidente déléguée de l'Union de la bijouterie-horlogerie.

"Il n'y a pas forcément de région géographique peut-être plus disposée mais on parle souvent des Balkans qui sont quand même plutôt structurés dans ce type de filières", souligne-t-elle.

D'autant que si certaines pierres pourraient s'avérer irrécupérables en raison de la profondeur de leur traçage laser, d'autres, une fois retravaillées, sont parfois "difficiles à identifier, contrairement aux tableaux volés par exemple", selon une source policière.

Mais le vol et la transformation des bijoux ne font pas tout: encore faut-il que les braqueurs disposent des connexions suffisantes pour espérer tirer le meilleur parti de leur butin.

En février 2015, le procès des malfaiteurs qui avaient mis la main en 2007 et 2008 sur 900 bijoux connus des spécialistes d'une valeur de plus de 100 millions d'euros de la bijouterie Harry Winston, joaillier des princesses et des nababs située avenue Montaigne à Paris, a démontré l'amateurisme d'hommes issus de la banlieue parisienne qui, après avoir réussi deux des plus gros braquages au monde, ont eu ensuite toutes les peines du monde à écouler leur marchandise.

Sans contact avec le milieu des bijoutiers et diamantaires, le chef de bande avait confié cette charge à un proche d'une figure du milieu. Mais l'homme qui ne connaissait rien non plus aux bijoux n'avait réussi au final qu'à écouler que 483.000 euros de pierres en quatre transactions grâce à des connaissances.

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