Accueil Actu

"C'est un amateur": les avocats de Jérémy Pierson plaide un enlèvement "qui a mal tourné"

La défense de Jérémy Pierson, assassin présumé de la jeune Béatrice Berlaimont, a évoqué, mardi, lors des plaidoiries devant la cour d'assises du Luxembourg, un enlèvement qui a occasionné le décès, contestant de la sorte la préméditation et même le meurtre.

Jérémy Pierson doit répondre d'enlèvement, viol, séquestration et assassinat de la jeune Béatrice, 14 ans, enlevée sur le chemin de l'école à Arlon, le 21 novembre 2014. Il est aussi accusé d'une agression sexuelle sur une jeune automobiliste, Sauvane Watelet, le 4 décembre 2014 à Arlon également, soit trois jours après la découverte du corps de Béatrice dans une sapinière à Sesselich (Arlon). Il est encore visé par d'autres faits dont des vols de voiture en Belgique et en France, mais aussi d'agression sur une joggeuse dans un parc à Luxembourg et d'une femme à Saint-Avold (France), alors qu'elle était dans sa voiture.

Premier à prendre la parole, Me Dimitri De Coster a évoqué les deux semaines de procès. "On a entendu tant d'horreurs et à raison", a-t-il souligné. "Jérémy Pierson a reconnu le viol et la séquestration d'une fille de 14 ans. Il a bafoué l'intimité de Sauvane. C'est ignoble." Me De Coster a ensuite pris des éléments du dossier pour les contester sur le plan du droit. "Pour Sauvane, il n'y a pas eu de torture, c'est juridique", a plaidé le conseil de Jérémy Pierson avant de s'adresser à la victime. "Mademoiselle Watelet, votre résilience vous honore."


"Le danger de ce procès, c'est de ne jamais croire M. Pierson"

La défense conteste également des menaces en vue de voler un sac à un médecin à l'hôpital de Saint-Avold, dans lequel Jérémy Pierson s'était introduit de nuit, ou le nombre de coups de taser dont a été victime la joggeuse à Luxembourg. "Le danger de ce procès, c'est de ne jamais croire M. Pierson", a conclu Me De Coster. Me Dimitri Soblet, avocat de Jérémy Pierson depuis le début de l'affaire, s'est lui surtout concentré sur les faits les plus graves soumis à la cour d'assises, à savoir les faits relatifs à Béatrice. Le conseil ne s'est toutefois pas plongé dans le fond du dossier, mais il a évoqué des concepts juridiques.


"Condamnons la personne pour ses actes"

"N'en faites pas un coupable car c'est un menteur, faites en un coupable pour ce qu'il a commis", a-t-il adressé au jury. "Les légistes ont dit que les constatations étaient compatibles avec la version de Pierson", a relevé l'avocat. "Condamnons la personne pour les actes qu'il a posés. C'est essentiel pour, évidemment, la sécurité publique. Mais il n'est pas question de condamner une personne pour quelque chose qu'il n'a pas commis, a expliqué Me Dimitri De Coster à notre journaliste Olivier Pierre pour le RTLINFO 13h. L'intention d'homicide, nous la contestons. C'est aux jurés de décider de ce qu'il en est, mais nous la contestons vivement."


La préméditation contestée

Les experts médecins-légistes sont arrivés à la conclusion que le décès de Béatrice Berlaimont était dû à une asphyxie par compression au niveau du cou. L'accusé a expliqué avoir retrouvé l'adolescente qu'il avait enlevée morte dans un mirador à Allondrelle-la-Malmaison (France), où il l'avait laissée entravée par une corde et du ruban adhésif. Mais selon les conclusions des experts, deux possibilités peuvent expliquer le décès: soit une pendaison, soit une strangulation par des liens avec une personne se trouvant au dessus-de la victime. "Nous sommes juste certains d'une chose, c'est que Béatrice n'est jamais arrivée à l'école", a relevé Me Soblet.

La défense conteste donc la préméditation, mais également l'intention homicide. "C'est un amateur, il n'y a pas une bagnole qu'il a fauchée qui ne s'est pas embourbée. C'est la démonstration d'une improvisation", a lancé le conseil de l'accusé. Pour l'avocat, la mort de l'adolescente est la conséquence de son enlèvement, mais sans que la mort ait été voulue. "Pierson, c'est un enleveur d'enfant et cela a malheureusement occasionné le décès. Mais en retenant cela, vous n'allez pas le dédouaner."

À lire aussi

Sélectionné pour vous