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Paul Magnette consulte tous les présidents de partis pour un futur gouvernement: vers le 4/5ème temps généralisé?

Entre plusieurs jours ou semaines consacrés à parer au plus urgent en matière de déconfinement et de relance économique, le président du PS et son jeune homologue du sp.a Conner Rousseau sont en train de consulter un par un l’ensemble des autres présidents de partis. L’objectif est de tâter le terrain pour la formation d’un futur gouvernement.

Invité de Pascal Vrebos ce dimanche sur RTL-TVI, il a expliqué être relativement optimiste. En effet, la crise du Coronavirus et la crise économique qui se profile ont complètement changé les positions des partis les plus à droite. Un rapprochement avec des mesures de gauche semble possible.

Les tabous sur les soins de santé ou le déficit levés par la crise

"Toutes les études montrent que nous allons entrer dans la récession la plus grave que nous ayons connue depuis la seconde guerre mondiale", a rappelé Paul Magnette. Comme solution, à la place de l’austérité encore réclamée avant la crise par les partis de droite, il faudra désormais s’endetter plus pour soutenir l’emploi. "Il y a un certain nombre de tabous qui gelaient la situation depuis des mois et qui sont en train de tomber. Il n’y a plus personne qui ose dire qu’il faut faire des économies dans les soins de santé. Il y a encore 3 mois certains partis du gouvernement précédent continuaient à dire qu’il fallait faire des économies. Même chose sur le déficit, aujourd’hui on nous annonce qu’on sera à 46 milliard de déficit à la fin de l’année. On ne le fait pas pour le plaisir mais c’est nécessaire. Si on ne prend pas ces mesures pour sauver les emplois et le pouvoir d’achat, on sera dans une crise économique et sociale encore plus grave." "Partout, donc aussi chez les libéraux, les chrétiens-démocrates et les verts, mais aussi à la N-VA, la perception change. Chacun reconnaît désormais que l'État doit être plus efficace, même si les grandes réformes ne sont pas pour tout de suite, mais pour 2024", a ajouté M. Magnette sur le plateau du "Zevende Dag" (VRT).

Convaincre la FEB de la nécessité de plans comme le 4/5ème temps pour sauver des emplois

Même la Fédération des Entreprises de Belgique plaide désormais pour un relèvement des plus bas salaires. "Si la FEB est pour, c’est vraiment la « révolution Corona » parce qu’ils s’y sont toujours opposés avec une véhémence incroyable", s’étonne le président du PS. FEB et PS pourraient également se rejoindre "si le patron des patrons accepter de discuter la semaine prochaine de la réduction du temps de travail, ce qui pour nous est fondamental", estime-t-il encore. "Prenons une petite PME de 5 employés. Ils vont voir leur volume d’activité diminuer et n’auront plus de travail que pour 4 personnes. Si on diminue le temps de travail, les 5 vont pouvoir travailler 4 jours par semaine et ils auront un jour pour leur vie personnelle en plus. Tant mieux et on sauvera tous les emplois. Ça coûtera à la sécurité sociale, c’est vrai, mais si on ne le fait pas, il faudra licencier l’un des 5 et ça coûtera aussi à la sécurité sociale. Et donc je suis curieux de voir si la FEB qui donne toujours des leçons aux politiques a enfin compris qu’il fallait utiliser des formules comme celle-là."

Les 1% les plus riches devront payer pour les autres

Autre point qui pourrait fâcher les partis les plus à droite : qui va payer pour cette relance économique ? "Il faudra bien que quelqu’un paie et donc c’est inévitablement le 1% le plus riche de la population, quelques milliers de personnes qui ont un très gros patrimoine, qui font de très gros revenus sur ce patrimoine, et qui peuvent payer un petit quelque chose de plus pour permettre à tous les autres de vivre mieux", estime Paul Magnette.

L'Europe, la seule à pouvoir emprunter

Quant aux emprunts contractés, le PS souhaite que cela se joue au niveau de pouvoir le plus élevé et y travaille avec ses homologues socialistes des autres pays : "L’Europe doit emprunter. Elle n’a pas de dette. Or nos communes sont endettées, les Régions, les Communautés et le fédéral sont endettés. Le seul niveau de pouvoir qui aujourd’hui peut aller chercher de l’argent et le mettre à la disposition de l’ensemble de ces plans", c’est l’Europe.

Possible avec la N-VA ?

Pour envisager un accord avec la N-VA comme l'ont encore réclamé Jan Jambon et Theo Francken ce week-end, il faudrait que la N-VA rejoigne plusieurs "grands combats", a rappelé Paul Magnette. "Je l'ai toujours dit: nous n'avons rien en commun avec la N-VA, mais s'ils comprennent qu'il faut rejoindre les grands combats sur le pouvoir d'achat, contre la pauvreté, pour la transition climatique, pour la justice fiscale, alors cela change évidemment fondamentalement". Les mesures réclamées par le PS sont un relèvement des bas salaires, une augmentation des basses allocations, un refinancement de la Sécurité sociale, un plan d'investissement pour la transition durable et une taxation sur les revenus du grand capital.

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