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Comment fonctionne la cellule "cadavres non-identifiés" de la Police fédérale ? "Ça peut être extrêmement gratifiant de résoudre ce genre d'affaires"

Nous vous racontons aujourd’hui l’histoire de Marc et de sa sœur Nelly. Nelly a disparu il y a plus de trente ans. Pendant toutes ces années, Marc et sa famille ne savaient pas ce qu’il était advenu de leur sœur. En août dernier, ils ont (enfin) eu des nouvelles. Comment ? Grâce à la persévérance de quelques policiers. Leur quotidien ? Rendre leur identité à des cadavres.

Au sein de la Police fédérale, une section spécifique est consacrée à la recherche des personnes disparues. C’est la "Cellule des personnes disparues", créée il y a un peu plus de vingt ans, dans la foulée des disparitions de Julie, Mélissa, Ann et Eefje. Composée de 18 policiers fédéraux, elle est disponible pour épauler la police locale lorsque celle-ci est confrontée à une disparition inquiétante. Depuis l’an 2000, une cellule particulière est en charge des cadavres non-identifiés.


"Chaque cadavre non-identifié, c’est une personne disparue"

"Auparavant, ces dossiers étaient gérés par la section meurtre de la PJ de Bruxelles, explique Guido Van Rillaer, commissaire à la police fédérale en charge de ce département des cadavres non-identifiés. C’était logique de les transférer à notre cellule parce que chaque cadavre non-identifié, c’est une personne disparue". Quand cette division a été mise en place, il y avait deux personnes qui y travaillaient. Aujourd’hui, ils sont cinq à s'occuper à plein temps de l'identification de corps, de restes humains non identifiés et de personnes souffrant d'amnésie.

Par la force des choses, la cellule avait tendance à travailler d’abord sur les dossiers les plus neufs pour augmenter les chances de retrouver les personnes vivantes. Mais depuis quelques années, les capacités opérationnelles du service ont été augmentées. "Nos capacités ont augmenté au niveau humain. Comme on a plus d’effectifs, on peut se permettre de faire des cold case de temps en temps" détaille le commissaire Van Rillaer.


Affaires pas classées

Comment cela se passe-t-il, quand ils décident de sortir de l’oubli une affaire non-élucidée ? "On dispose d’un listing avec toutes les affaires encore ouvertes. On sait quels devoirs d’enquête ont été accomplis à l’époque et quels résultats ils ont donné. Le développement de la technologie et l’évolution des recherches ADN, par exemple, nous permet de confirmer aujourd’hui des doutes que les enquêteurs avaient à l’époque" précise le commissaire.

Et comment ça se passe, quand on remue de vieilles histoires ? "On a de bons contacts avec les parquets. Parfois certaines pièces de dossiers sont archivées donc ça demande un peu de temps…" ajoute Guido Van Rillaer.


Une satisfaction plus grande ?

L’équipe de Guido Van Rillaer est donc amenée à travailler sur des dossiers vieux de plusieurs années et peut résoudre parfois des cas sur lesquels de nombreux policiers se sont cassé les dents. Alors, est-ce encore plus satisfaisant de résoudre un cold case qu’une affaire ‘classique’ ? "Ça peut être extrêmement gratifiant de résoudre ce genre d’affaire. Plus qu’un cas plus récent, confesse notre commissaire. Il faut se rendre compte aussi que ce qui semble être une mauvaise nouvelle à nos yeux peut être une bonne nouvelle pour quelqu’un d’autre. Annoncer un décès à une famille, c’est aussi apporter une réponse et combler un manque d’information. C’est important pour pouvoir faire son deuil".


Plus d’outils pour résoudre plus d’affaires

La cellule de Guido Van Rillaer compte bien continuer à résoudre des cold case. Elle bénéficie d’ailleurs de moyens un peu renforcés depuis quelques mois. Fin mai 2017, une nouvelle loi est entrée en vigueur. Elle supprime la destruction automatique des profils ADN non identifiés après 30 ans. C’est la cellule des personnes disparues qui en avait fait la demande afin de pouvoir continuer à résoudre certains cas. Si cette loi était entrée en vigueur quelques mois plus tard, Nelly Lauwers n’aurait peut-être jamais été identifiée.

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