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Crier sur son enfant, lui donner une fessée parce qu'il fait une crise: les violences éducatives ordinaires seront-elles bientôt punies par la loi?

Crier sur son enfant, le gifler ou l'humilier, c'est ce qu'on appelle des violences éducatives ordinaires. Faut-il les punir lorsqu'elles se produisent de manière régulière? La question est revenue sur la table cette semaine, avec le lancement, en France, d'une campagne de sensibilisation. La Belgique n'a pas légiféré sur le sujet et tout le monde n'est pas d'accord. Le délégué général aux droits de l'enfant plaide pour des sanctions et une modification du code civil.

Afin de sensibiliser les parents aux violences éducatives ordinaires, une campagne vidéo a été lancée mardi en France sur Internet avec comme message : "Frapper", "humilier", "crier sur son enfant", "c'est le marquer pour longtemps". La Fondation pour l'enfance, association française, réclame une loi. 53 pays, dont 23 pays européens, mais pas la Belgique ni la France, ont légiféré contre les violences éducatives ordinaires : gifles, fessées ou hurlements des parents mais de manière régulière et pas ponctuelle.


"C’est embarrassant quand on se retrouve dans un grand magasin et que votre enfant fait une crise devant tout le monde"

C’est pourtant parfois difficile de réagir autrement, notamment lors d’un moment gênant causé par votre enfant en public. "C’est extrêmement embarrassant quand on se retrouve dans un grand magasin et que votre enfant, alors que vous êtes déjà pris par le temps, fait une crise devant tout le monde. Quand on s’adresse à quelqu’un qui est énervé et lui dire : ‘Calme-toi’ ou ‘Arrête’, on sait que c’est essentiellement contre-productif. Donc il faut prendre sur soi, s’arrêter un moment dans ses courses, déposer sa liste sur le côté du caddie et puis se mettre au niveau de l’enfant et dire : ‘Bon qu’est-ce qui se passe ici’. Il faut essayer d’arrêter le processus d’escalade pour éviter d’en arriver à cet extrême qui est d’hurler et de finalement frapper l’enfant", explique Emmanuel De Becker, chef du service de psychiatrie infanto-juvénile aux Cliniques Saint-Luc à Bruxelles, au micro de Bernard Lobet pour Bel RTL.


Tous les experts ne sont pas d'accord


Mais tous les experts ne sont pas d’accord au sujet des punitions corporelles. "Certains estiment que ma foi, parfois, une petit fessée etc, parfois certains même recommandent aux parents de ne pas laisser filer leur autorité et recommandent encore ces méthodes qui sont d’un autre âge", reconnaît Bernard Devos, délégué général aux droits de l’enfant.


Faut-il légiférer?

Sa proposition est de punir au civil les parents qui utiliseraient de la violence comme moyen d’éducation. "Un magistrat qui serait saisi va s’assurer du fait que le parent a utilisé les châtiments corporels et les maltraitances comme un outil éducatif. Ce n’est pas simplement une fessée ou une claque qu’on donnerait dans un moment d’énervement exceptionnel qui va être punissable, il faut rester raisonnable", détaille M. Devos.


Prévenir plutôt que punir?

Selon Claire-Anne Sevrin, directrice de Yapaka, le programme de prévention de la maltraitance en fédération Wallonie-Bruxelles, les circonstances sont toujours à prendre en compte. "La personne qui lève la main à un moment sur son enfant, c’est parce que souvent, elle est excédée elle-même et en elle, elle n’a plus de ressources. Il faut en passer par les mots, revenir sur les choses avec son enfant et dépasser cette situation", explique-t-elle.

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