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Les assureurs veulent changer les choses pour les prochaines catastrophes: va-t-on vers une augmentation des primes annuelles ?

Les compagnies d’assurance devront débourser 590 millions d’euros pour couvrir les dégâts liés aux inondations. Ce montant est deux fois supérieur aux limites initiales prévues par la loi. La législation en matière d’assurances n’est plus adaptée, les assureurs réclament aujourd’hui une coopération avec les autorités publiques pour les très gros risques, comme les inondations.

Le montant total des dommages liés aux inondations est estimé entre 1,3 et 1,7 milliard d’euros. Selon un accord trouvé jeudi dernier entre les compagnies d’assurance et la Région wallonne, les assurances devront débourser quelque 590 millions d’euros, soit davantage que ce que la loi les y oblige. De leur côté, les pouvoirs publics s’engagent à payer la somme restante.

L'enveloppe couverte par le privé, c’est-à-dire les compagnies d’assurance, est près de deux fois supérieure aux limites initiales prévues par la loi. Si elles sont capables de payer un tel montant, c’est parce qu’elles sont réassurées sur les marchés internationaux. Mais aujourd’hui, les assureurs invitent les autorités politiques à s’asseoir tous ensemble autour de la table. Cela afin de se concerter pour pouvoir mieux faire face aux catastrophes naturelles qui, selon le dernier rapport du GIEC, n’iront sans doute pas en diminuant, ni en fréquence ni en intensité. D’autres risques, très importants également, sont apparus depuis une dizaine d’années : la pandémie, les attaques terroristes, ou, pour les entreprises, la protection contre les cyberattaques ou même les arrêts brutaux de production comme lors de la crise sanitaire.

Il est évident que la législation qui a été adoptée il y a une quinzaine d’années sera évaluée et sera probablement réformée

Les assureurs réclament une coopération entre les autorités publiques et les assureurs en ce qui concerne les très gros risques. La législation actuelle n’est plus adaptée, plusieurs assureurs le disent. Il semble dès lors nécessaire de revoir la loi sur l’assurance des risques majeurs et de redéfinir un partenariat public-privé pour de tels cas de figure. "Avec l’expérience que nous avons vécue aujourd’hui, il est évident que la législation qui a été adoptée il y a une quinzaine d’années sera évaluée et sera probablement réformée", indique Wauthier Robyns, le porte-parole de l’Union professionnelle des entreprises d'assurances Assuralia.

Comme l’explique la porte-parole des assurances AG, Laurence Gijs, notre assurance habitation comprend, depuis 2006, une prime "catastrophe naturelle" qui couvre les dommages causés par une inondation, un tremblement de terre, un débordement ou un refoulement des égouts publics, un glissement ou encore un affaissement de terrain. "Cela permet de garder une prime abordable pour tout le monde et ça permet aussi aux assureurs de garder ce risque payable en cas de grosses catastrophes ou de grosses inondations", dit-elle.

Laurence Gijs rappelle qu’en 2016, notre pays avait également été confronté à d’importantes inondations. Il y en avait pour "plusieurs dizaines de millions d’euros dans le secteur", souligne-t-elle. Et pourtant, les assurances habitations n’avaient pas pour autant connu d’augmentation brusque au niveau de ses tarifs. 

Il faut s'attendre à une hausse des prix des assurances habitation. Celle-ci augmente régulièrement en fonction de plusieurs facteurs liés au coût de la construction. Ce dernier est mesuré par l'index ABEX et se base sur le coût des matières premières et de la main d'œuvre. "On ne va pas se baser sur ce seul événement pour adapter nos assurances", rassure la porte-parole d’AG Assurance. 

"Il faut que les assurés soient indemnisés de manière correcte. Il faut en même temps que ça ne mette pas en péril les solvabilités des assureurs. Et pour ça, on va devoir travailler main dans la main avec les pouvoirs publics et voir ce qu’il y aura lieu de faire", poursuit-elle.

Un risque mutualisé

Si les prix ne connaitront pas d’augmentation, c’est notamment grâce à un risque mutualisé, avec une prime modérée pour tous et non pas une prime impayable pour les plus exposés aux risques. "Par rapport aux risques d’inondations, on a trouvé une formule en Belgique qui permet de plafonner les surprimes pour les personnes qui habitent un endroit qui est fort exposé aux inondations, en allant demander aux personnes qui sont moins exposées aux inondations de payer pour elles, explique Wauthier Robyns, le porte-parole d’Assuralia. Donc on a, en Belgique, mis en place une solidarité renforcée pour que cette garantie puisse être payable, y compris par les gens qui habitent à un endroit exposé."

Exception faite pour les personnes qui décident de construire dans des zones qu’elles savent inondables. "C’est à vous de convaincre un assureur d’accepter ce risque", insiste Wauthier Robyns.

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