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La Belgique est l’un des pays européens qui pratiquent le plus le redoublement: est-ce vraiment efficace?

Dans le cadre de notre grande enquête "La Voix des Belges", nous nous sommes intéressés à la question suivante: le redoublement est-il efficace? Pour près de 7 francophones sur dix (67.8%), la réponse est "oui". Les experts ont des avis plus contrastés.

Il y a quelques semaines, une étude universitaire publiait des chiffres interpellants. En Fédération Wallonie-Bruxelles, sur 10 élèves de 5e secondaire, 6 ont déjà redoublé, et 3 d’entre eux ont redoublé à au moins 2 reprises. "On est face à un redoublement complètement massif. En fin de secondaire, un élève normal est un élève qui a redoublé", déplore Benoît Galland, professeur en sciences de l'éducation à l'université de Louvain-la-Neuve.

Une question se pose alors. Ce redoublement est-il utile et efficace ? Nous avons demandé à 3 experts du milieu scolaire de lui attribuer une cote sur 10. Pour cette association de parents d’élèves, la réponse est très claire : c’est un zéro pointé. 

"Ça ne sert pas forcément à faire réussir les élèves. Ça sert au système lui-même. Une bonne école est une école où il y a du chiffre de redoublement, un bon enseignant fait redoubler", assure Joëlle Lacroix, secrétaire générale de la Fapeo (Fédération des associations des parents de l'enseignement officiel). Avant d'ajouter: "Notre souhait est que l'école se responsabilise sur la réussite et ne pense pas que s'il l'élève est en échec c'est parce qu'il est paresseux, qu'il a des troubles de l'apprentissage, etc".


"Le redoublement en lui-même n'est pas une bonne chose"

Aujourd’hui, il n’y a qu’entre la 1e et la 2e secondaire que le redoublement est impossible. À l’avenir, il le sera à nouveau, mais sous certaines conditions très strictes. Pour Patrick Dekelver, directeur de l'Institut des Sacrés-cœurs de Waterloo, cela peut donner des résultats. Pour lui, c’est donc plutôt 5/10.

"Le redoublement en lui-même n'est pas une bonne chose. Mais je pense que faire avancer un élève sans qu'il ait les compétences suffisantes pour aller dans la classe suivante est aussi une très mauvaise chose. Il faut trouver une solution d'un véritable redoublement positif", assure-t-il.

De nombreuses études approfondies se sont déjà penchées sur la question avec des conclusions très contractées. La Belgique est l’un des pays européens qui pratiquent le plus le redoublement. Pour cet expert, c’est aussi un 5/10.


"Ce n'est pas quelque chose qu'il faut diaboliser"

"Le redoublement doit toujours être une solution de dernier recours. Elle est envisagée quand il n'y a pas d'alternatives disponibles (...) Ce n'est pas la panacée mais ce n'est pas non plus quelque chose qu'il faut diaboliser. Le droit à la différenciation du temps pour apprendre doit être autorisé", estime Hugues Drealants, sociologue à l'université de Louvain-la-Neuve. 

Le redoublement est un sujet qui divise, même les scientifiques. Au sein même de la Belgique, les écarts sont importants. Aujourd’hui, 50% des jeunes de 15 ans sont en retard d’au moins une année en Fédération Wallonie-Bruxelles. C’est 2 fois plus qu’au nord du pays.

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