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Les étudiants militaires chinois ou l'islamisme du parti d'Erdogan considérés comme une "menace" pour la société belge

Le salafisme, l'extrême droite et les étudiants militaires chinois sont les principales "menaces" pour la société belge, affirme la Sûreté de l'État (VSSE) dans son rapport annuel publié jeudi, qui réclame aussi un triplement du budget du service de renseignement civil et le doublement de ses effectifs.

La Sûreté note que "quelques dizaines" d'étudiants chinois militaires fréquentent actuellement les universités belges. Ceux-ci viennent en Belgique "pour y acquérir des connaissances essentielles à certains développements militaires". Ils "emportent ensuite toutes les connaissances engrangées au sein des universités belges pour les mettre à disposition de l'armée de leur pays", détaille la Sûreté de l'Etat.

L'islamisme turc du parti d'Erdogan également surveillé de près

La Sûreté crosse aussi l'islamisme turc, incarné par le parti du président Recep Tayyip Erdogan, le Parti de la justice et du développement (AKP). "Une conséquence frappante des développements qui s'opèrent en Turquie est l'effacement de plus en plus marqué des frontières idéologiques entre l'État turc - représenté par la Diyanet (le Département des affaires religieuses, ndlr) - et les confréries et mouvements religieux turcs tels que le Milli Görüs", dont le "dynamisme (...) en Belgique demeure une constante".

Un courant raciste et antidémocratique du salafisme particulièrement dangereux : le madkhalisme

La Sûreté assure aussi dans son rapport continuer à surveiller l'extrémisme religieux qu'elle considère comme un "terreau favorable" au terrorisme, sans qu'il soit l'unique facteur expliquant le passage à l'acte. Elle s'inquiète particulièrement de "la forte croissance en Belgique du courant madkhaliste au sein du salafisme", jugé "totalitaire, raciste et antidémocratique" et "une menace sérieuse pour notre société inclusive" car il tend à isoler l'individu et sa famille de la société belge. "Ce courant se caractérise par un prosélytisme soutenu et un rejet marqué de l'État de droit démocratique", ajoute le rapport. Selon la VSSE, le madkhalisme, à catégoriser comme une sous-branche du salafisme scientifique, est apparu en Arabie saoudite au début des années 1990 et tire son nom d'un de ses leaders, le religieux saoudien Rabi Al Madkhali, basé à Médine, le deuxième lieu saint de l'islam.

Le service de renseignement civil garde également à l'œil les Frères musulmans, non violents, mais qui font discrètement de l'entrisme dans les partis politiques.

La VSSE affirme que les investissements menés depuis quelques années dans une présence en ligne (le "Social Media Intelligence" ou SocMint) ont "déjà permis d'entraver plusieurs projets d'attentat ou intentions de départ sur zone (principalement irako-syrienne, ndlr) la plupart du temps, à un stade précoce".

L'extrême droite arme ses fidèles pour une guerre de religion qu'ils pensent imminente

La Sûreté se dit par ailleurs "extrêmement préoccupée" par la tendance à la circulation d'armes à feu (légales) dans les milieux d'extrême droite. "Depuis plusieurs années déjà, la Sûreté de l'État constate une tendance à l'armement au sein de l'extrême droite, tantôt illégalement, tantôt légalement. Des membres des groupements d'extrême droite sont ainsi invités à s'affilier à des clubs de tir et à demander un permis de port d'armes. Cette tendance à l'armement s'inscrit dans le cadre de la préparation des soi-disant inévitables conflits entre religions, races ou peuples qui, selon les idéologues d'extrême droite, sont imminents. Dans certains cas plus extrêmes, des militants d'extrême droite se rendent également à l'étranger pour assister à des séances d'entraînement (d'inspiration idéologique ou non) avec des armes à feu", souligne le rapport.

Plus généralement, le service de renseignement note, sans citer le moindre nom, que "force est de constater qu'une partie plus policée de l'extrême droite a réussi à s'afficher comme un mouvement "présentable" à différents endroits de l'UE". "On la qualifie communément d'extrême droite en costume cravate", précise le rapport, qui évite de citer le moindre nom.

La Sûreté de l'Etat réclame 3 fois plus de budget et 2 fois plus de personnel

Face à ces défis, l'organe demande le triplement de son budget -qui été réduit de 63,441 millions d'euros en 2018 à 58,944 millions en 2019 à la suite de la réduction de l'enveloppe interdépartementale "terrorisme" et le doublement de ses effectifs (599 personnes en 2019, contre 620 l'année précédente). "Nous entendons devenir un service de renseignement civil qui vise à égaler les autres services de renseignement les plus performants. Les moyens supplémentaires que nous demandons devraient nous permettre de concrétiser cette ambition", précise l'administrateur général, Jaak Raes.

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