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Les traces de coronavirus dans les eaux wallonnes: des données bientôt utilisées pour prendre des décisions politiques?

Certains pays, comme la France ou le Luxembourg, essayent de prédire l’évolution de la pandémie grâce aux eaux usées. En Wallonie aussi, des prélèvements sont réalisés depuis juin dernier. Mais les résultats ne sont pas rendus publics. Pourquoi ? Les autorités s’en servent-elles comme outil à la prise de décision, lors des Comités de concertation ?

L'été dernier, nos journalistes ont suivi une équipe chargée de détecter la présence du virus dans les eaux usées. Elle réalisait des prélèvements dans une station d’épuration de la région namuroise.

"Dans certains cas, le coronavirus peut se retrouver dans les intestins. Quand les gens vont aux toilettes, le coronavirus part dans les égouts en même temps que tout le reste. D'autre part, quand vous vous lavez les mains, les particules de coronavirus que vous avez sur les mains partent aussi au niveau des égouts. Pareil quand vous faites une lessive", explique Rosalie Pype, responsable de projet à la Société Publique de la Gestion de l’Eau.

Depuis ce reportage, des analyses semblables sont réalisées deux fois par semaine dans une quinzaine de stations d’épuration wallonnes. Selon certains experts, elles permettent de prévoir les hospitalisations avec 8 à 10 jours d’avance. Pourquoi les autorités ne rendent-elles pas publics ces résultats ? Une députée s’interroge.

"Les chiffres des tests positifs, des hospitalisations, c'est quand la personne est déjà malade. Dans les eaux usées, on voit le virus avant que les symptômes ne se déclarent. Et donc c'est un indicateur parmi d'autres qui nous permettrait d'avoir un coup d'avance et de pouvoir mieux tracer, tester, isoler", affirme Diana Nikolic, députée wallonne, qui dit n'avoir "jamais eu de réponse claire sur le fait de savoir si la Wallonie l'utilisait dans sa gestion de la crise sanitaire".

En France, les résultats d’une trentaine de stations sont régulièrement mis en ligne depuis la fin janvier. Voici par exemple l’évolution de la circulation du virus dans les eaux usées de la région parisienne.


 

Le Gouvernement wallon reconnait l’intérêt de telles analyses mais s’en remet aux experts des « Sciensano » avant de les divulguer.

"Nous recevons une liste régulièrement des taux de contamination. On peut dire à tel endroit, il y a beaucoup plus qu'à tel autre endroit. On voit sur les cartes où c'est plus contaminé qu'ailleurs. Quant à savoir ce qu'on en fait, on attend toujours que nos experts nous le dise", explique Elio Di Rupo, Ministre-Président wallon.

"Actuellement, les résultats ne sont pas encore publiables… Ils font l'objet d'analyses complémentaires. Des facteurs correctifs leur seront également appliqués pour une bonne interprétation",
déclare Sciensano.

Sciensano espère rendre accessibles ces résultats très attendus dans un délai minimum d’un mois.

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