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Tensions sociales chez Ryanair: près de 50 pilotes basés en Belgique attaquent la compagnie aérienne en justice

Quarante-huit pilotes de Ryanair basés en Belgique ont cité la compagnie aérienne irlandaise à bas coûts devant le tribunal du travail de Charleroi, indique mardi le syndicat chrétien CSC, qui les aidera dans cette démarche. Ils demandent le rétablissement de leurs salaires, qui ont diminué de 20% depuis qu'a éclaté la crise sanitaire du coronavirus.

Le contexte du Covid-19 avait imposé des économies importantes à un secteur qui avait littéralement été cloué au sol, avait justifié Ryanair au moment de demander cette diminution salariale. Le patron de la compagnie, Michael O'Leary, avait alors également fait baisser sa rémunération. L'objectif de l'opération était de bénéficier d'une meilleure position concurrentielle au moment de la reprise post-Covid et d'augmenter encore les parts de marché de la compagnie. 

"Sauf que cette diminution salariale a été obtenue par Ryanair sous la contrainte", insiste Didier Lebbe, secrétaire permanent de la CNE. L'entreprise avait en effet menacé de licencier 66 pilotes si les salaires n'étaient pas réduits, rappelle-t-il. Les pilotes et le syndicat contestent donc la légalité de la convention signée à l'époque et estiment que la situation économique a bien changé depuis lors. En effet, le transporteur à bas coûts a opéré cette année 115% du nombre de vols assurés avant la crise sanitaire, développe Didier Lebbe. Le salaire de Michael O'Leary a, en outre, été rétabli.

"Ce n'est pas le cas pour les pilotes", déplore le secrétaire permanent de la CNE. "Pour cette raison, parce que Ryanair a caché la vraie cause de la diminution des salaires, les pilotes réclament le rétablissement complet des salaires, au niveau d'avant le Covid-19." A ses yeux, les coupes dans les salaires n'ont pas servi à maintenir l'emploi et la diminution avait pour objectif d'éliminer encore un peu plus la concurrence, en détériorant les conditions de travail. Les pilotes, qui avaient fait grève pour cette raison au début de l'été, réclament par ailleurs, dans la même action en justice, que l'indexation d'août 2019 soit payée correctement et qu'il soit ordonné à Ryanair de payer correctement le salaire pour la période du coronavirus. "Pendant cette période, les pilotes bénéficiaient du chômage temporaire. Ryanair devait payer un complément pour chaque jour de chômage. Sans respecter les règles du secteur de l'aviation, Ryanair a cependant payé ce complément une fois par mois, au lieu de chaque jour", dénoncent Didier Lebbe et Hans Elsen, son homologue flamand de l'ACV Puls.  Et les deux syndicalistes de rappeler la situation plus compliquée encore du personnel de cabine, qui est mal déclaré à l'ONSS et dont les accidents du travail ne sont pas toujours pris en charge. Les stewards sont, de plus, parfois envoyés dans d'autres pays soudainement sans égard à leur vie familiale.

Sur tous ces plans, la CSC espère pouvoir bientôt collaborer à l'action publique que le ministère public lancera en septembre, selon des annonces, remontant au printemps dernier, du ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne. A noter, enfin, qu'après les différentes grèves ayant touché la compagnie en Belgique au début de l'été, des négociations sont en cours pour le moment entre Ryanair et les représentants du personnel de cabine. Il n'y a par contre plus de dialogue avec les pilotes, selon Didier Lebbe.

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