Accueil Actu

"En avant, cherche!": à Draguignan, premier rôle aux chiens de combat

Dans un hangar des écoles militaires de Draguignan, des hommes entraînés pour les combats en zone urbaine progressent lentement, le fusil pointé pour se couvrir mutuellement. Un ordre tombe: "En avant, cherche!", et Prita, jeune femelle malinois, jaillit: "Ca fait l'effet d'une grenade!".

Comme l'engin explosif, on va demander au chien "de détourner l'attention pour surprendre l'ennemi ou l'intercepter", explique l'adjudant-chef Alexandre qui commente la manoeuvre sur une passerelle.

Un comparse joue le rôle de l'adversaire, le bras sous un manchon protecteur rembourré que le chien happe de ses crocs, et l'exercice se poursuit.

Une cinquantaine de maîtres-chien de différents régiments, de la police, de la gendarmerie, de la sûreté ferroviaire et même de la force locale de sécurité du centre de recherche nucléaire de Cadarache sont réunis pour la journée dans ce camp militaire et assistent à des exercices de démonstration réciproque, point d'orgue d'une semaine de préparation opérationnelle.

En tout, 22 chiens ont fait le déplacement. Certains reniflent, d'autres attaquent. Tous accompagnent et apportent une plus-value différente selon le dressage: trouver de la drogue, des explosifs dissimulés, s'interposer, disperser des gens, faire l'éclaireur équipé d'une caméra.

"Le chien est une arme. Il peut tuer s'il le faut et actuellement, en raison de considérations stratégiques, on réapprend à durcir l'intensité du combat et à nous aguerrir", explique le lieutenant-colonel Philippe.

Arnaud Descrimes, 42 ans, agent de la sûreté ferroviaire à Cannes, utilise son chien en "frappe muselée". Autrement dit, il laisse la muselière et ne l'ôte que rarement: "Deux fois en 17 ans de carrière!", dit-il. "Un chien maintient à distance une quinzaine de personnes", décrit-il, intéressé de voir comment travaillent les autres administrations.

Sur le site du camp de la Vaugine, à la sortie de Draguignan, une succession de maquettes grandeur nature dont une partie labyrinthe et un compartiment pour l'entraînement nocturne forment comme un décor de cinéma.

- Chiens médaillés -

Des conteneurs métalliques posés au sol matérialisent de fausses rues et de faux carrefours pour entraîner les groupes d'assaut dans leur phase de déplacement. Derrière une végétation provençale, une rangée de murs au crépi rose est là pour apprendre et parfaire ses appuis et sa couverture.

Quand vient le tour de la police municipale de Fréjus, la démonstration part sur un scénario d'individu très agressif. Le maître aboie presque plus fort que le chien contre cet adversaire imaginaire, un collègue équipé d'un gilet pare-balles, et face au refus d'obtempérer, une balayette du pied droit met l'homme à terre pour être menotté.

C'est une journée d'échanges et, pour les chiens, l'occasion de s'exercer dans un autre cadre. Nala, toute jeune chienne, accompagne Sven, 43 ans, policier municipal à La Trinité près de Nice, qui l'entraîne à trouver de la drogue. "Tu grattes, tu grattes", encourage-t-il avant de la récompenser d'un boudin à mordiller et d'un sonore "Ahaha".

A la base du binôme homme-chien, il y a toujours un travail de passionné qui séduit aussi des femmes. Elles sont ainsi cinq maîtres-chiens au 1er régiment de chasseurs d'Afrique de Canjuers.

Le caporal Mylène, jeune engagée de 25 ans aussi blonde que le pelage de son chien est foncé, enchaîne les heures de dressage avec son berger allemand, Nidane. "Passer sa journée avec un chien, on ne peut pas vraiment appeler ça du travail", dit la jeune femme, en partance pour une mission à Mayotte.

Pour travailler leur motivation, tout y passe: le boudin, la balle, le câlin, quelque chose à manger. Simba, un an et demi, le chien du sergent François, 22 ans, marche au gruyère et aux saucisses apéritifs. "Nos chiens peuvent aussi être médaillés", dit le jeune chef de l'unité cynotechnique des écoles militaires de Draguignan. Les plus valeureux ont droit aux même honneurs militaires, même si à ce jour aucun héros canin n'a encore reçu la Légion d'honneur.

À lire aussi

Sélectionné pour vous