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Victime de violences obstétriques, Marie a rejeté sa fille à la naissance: "Les sages-femmes sautaient sur mon ventre"

De très nombreuses femmes se plaignent d’avoir subi des violences obstétriques. Dans l’émission C’est pas tous les jours dimanche, l’une de ces mamans témoigne du calvaire qu’elle a vécu lors de son accouchement, il y a 11 ans.

Sept mères belges francophones sur dix disent avoir eu des difficultés avec le corps médical. La moitié d'entre-elles parle de "violences obstétricales". Gestes déplacés, épisiotomies non-voulues et malgré tout exécutées, pratiques d’un autre temps, souffrance niée, humiliations, … les récits sont édifiants.

Sur le plateau de l’émission C’est pas tous les jours dimanche, Marie témoigne des difficultés qu’elle a vécues lors de la naissance de son premier enfant. Le bébé s’est présenté en mauvaise position. Une armée de personnel médical s’est présentée pour le mettre dans la bonne position. Tout à coup, elle a reçu un spray dans la bouche mais quasi aucune explication.



"Je me foutais de ce qui se passait entre mes jambes, tellement j’avais mal"

"En salle d’accouchement, je n’ai pas compris ce qui se passait et pourquoi on m’emmenait en salle d’opération. J’ai juste entendu mon gynécologue qui disait, on change de salle. À ce moment-là, j’avais les sages-femmes qui sautaient sur mon ventre et qui ont continué jusqu’à ce qu’on arrive en salle d’opération. On ne m’expliquait rien, je pleurais parce que je ne voulais pas accoucher par césarienne… Puis, j’ai ressenti une vive douleur au niveau du thorax et je n’arrêtais pas de dire que j’avais mal mais l’anesthésiste ne me croyait pas, il me disait que ce n’était pas possible. Je souffrais le martyr et, pour le dire clairement, je me foutais de ce qui se passait entre mes jambes, tellement j’avais mal".

Elle ne se souvient pas de la suite. Et quand elle est retournée dans sa chambre, "c’était une descente aux enfers. Pour moi, je n’avais pas accouché, ce n’était pas mon enfant. Je ne l’aimais pas, je ne pouvais pas la regarder. Cela a duré quatre jours. C’était terrible, je n’arrivais pas à lui donner le sein et les infirmières autour de moi me disaient que je n’étais qu’une capricieuse."

Marie précise que c’était uniquement à l’hôpital, dès qu’elle est retournée chez elle, elle a pu créer un lien avec sa fille. "J’ai réussi à donner le sein à ma fille et je l’ai aimée instantanément après avoir passé la porte de ma maison." Elle ajoute : "Je n’ai pas été considérée dans ma souffrance, je n’ai pas vu un psychologue, quelqu’un qui puisse m’expliquer que c’était normal".



Une obligation d'informer

À la suite de ce témoignage bouleversant, Pierre Bernard, le chef du service d’obstétrique aux cliniques universitaires Saint Luc, rappelle qu’il y a des accouchements difficiles. Mais il distingue deux problématiques : l’accompagnement des situations difficiles et les actes obstétricaux.

"Dans l’urgence, il est parfois difficile d’expliquer parce que le personnel soignant n’a qu’une idée en tête, c’est de faire naître l’enfant, pour le réanimer le cas échéant. On n’a que quelques secondes pour expliquer. Mais ce qui est tout à fait anormal et qui, je l’espère, n’arrivera plus, c’est le suivi parce qu’évidemment c’est un traumatisme majeur et qu’il faut tout faire pour aider à créer le lien avec l’enfant. La réaction qu’a eu madame est tout à fait normale", tient-il à préciser.

La chroniqueuse et journaliste Mélanie Geelkens affirme de son côté que 25 % seulement des professionnels de la santé savent qu’une loi de 2002 oblige les médecins à informer leurs patients et à obtenir leur consentement.

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