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Iran: 300 tablettes antiques exposées après leur retour des Etats-Unis

Le Musée national d'Iran expose depuis mercredi à Téhéran quelque 300 tablettes cunéiformes revenues des Etats-Unis à l'issue d'une saga judiciaire de plus d'une décennie, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Originaires des ruines de Persépolis, capitale de l'Empire perse achéménide (VIe-IVe siècle av. JC) dans le sud de l'Iran, ces oeuvres appartiennent à un lot de 1.783 tablettes ou pièces de tablettes d'argile restituées lundi par l'Institut oriental de l'Université de Chicago.

Dans les années 1930, l'université avait reçu de l'Iran en prêt quelque 30.000 tablettes ou pièces de tablettes trouvées à Persépolis, à des fins de recherches, selon la presse iranienne.

Une grande partie des tablettes a été rendue à l'Iran en trois fois entre 1948 et 2004, avant que la restitution ne soit bloquée par une action judiciaire lancée par des survivants américains d'un attentat perpétré en 1997 en Israël par le mouvement palestinien Hamas.

Reprochant à Téhéran de soutenir ce groupe armé, les plaignants exigeaient la saisie des tablettes et leur vente afin de récupérer une somme de 71,5 millions de dollars que l'Iran a été condamné par un tribunal américain à verser dans cette affaire.

La procédure ne s'est arrêtée qu'en février 2018 par une décision de la Cour suprême américaine d'interdire la saisie de ces oeuvres.

Mais le rétablissement à partir d'août 2018 de sanctions américaines contre Téhéran, bête noire de Washington, a compliqué le retour des antiquités en Iran.

Cela implique "quelques échanges" de nature administrative, notamment avec le département du Trésor américain qui doit donner son accord, a déclaré à l'AFP Mohammad Réza Kargar, directeur général des musées iraniens. Mais "il n'y a pas de quoi s'inquiéter" concernant la restitution d'autres oeuvres, a-t-il affirmé.

"Nous nous sommes battus vigoureusement pour [...] garder en sécurité ces tablettes et avons dépensé des millions de dollars pour pouvoir les rendre" à l'Iran, a indiqué de son côté Christopher Woods, directeur de l'Institut oriental de l'Université de Chicago, en faisant référence aux frais de justice engagés par son établissement jusqu'à la décision de la Cour suprême américaine.

"Nous espérons que nous pourrons rendre le deuxième lot beaucoup plus vite et qu'il sera beaucoup plus gros", a-t-il ajouté.

Professeur émérite à l'Institut oriental, Matthew Stolper a lui insisté sur l'intérêt scientifique de ces oeuvres.

Elles ont permis, a-t-il dit à l'AFP, d'avancer dans la compréhension "de l'organisation de la société (achéménide) et du mode de fonctionnement de (certaines) institutions".

"Nous avons découvert les noms de certaines personnes importantes de la classe dirigeante", a-t-il ajouté. "Mais mieux, nous avons appris la façon dont ils dirigeaient".

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