Accueil Actu

Un Marivaux aussi drôle que cruel avec Vincent Dedienne et Clotilde Hesme

Le public du Théâtre de la Porte St-Martin ne boude pas son plaisir et rit beaucoup à ce "Jeu de l'amour et du hasard" brillamment interprété par l'humoriste Vincent Dedienne et la comédienne Clotilde Hesme, au Théâtre de la Porte St-Martin.

La pièce mise en scène avec brio par l'ancienne sociétaire de la Comédie-Française Catherine Hiegel, après "Les femmes savantes" la saison dernière, répond au désir du patron du théâtre Jean Robert-Charrier de s'affranchir des clivages entre théâtre public, voué au répertoire, et privé, dédié au divertissement.

Et c'est un Marivaux fort divertissant et plein de verve qui se déroule dans le cadre un peu kitsch d'un jardin, avec ses faux bosquets et ses colonnades. Dans le château en fond de scène, une violoncelliste ponctue joliment les scènes.

Le mordant de Marivaux, grand pourfendeur des conventions de son temps, éclate dans les dialogues dont on entend chaque mot, joliment dits par une distribution excellente dans la langue très classique du 18e siècle.

Chez Marivaux, on peut dire "non" au mariage, s'inquiéter de passer sa vie avec un prétendant mal assorti. Le père affectueux consent à un stratagème: la jolie Sylvia (Clotilde Hesme) accueillera le prétendant déguisée en soubrette, tandis que sa servante revêtira les atours de la maîtresse.

De son coté, le prétendant a eu exactement la même idée, et arrive déguisé en valet, tandis qu'Arlequin (Vincent Dedienne) bravache, parade dans les habits du maître.

La confusion des sentiments est à son comble: nos deux tourtereaux croient chacun tomber amoureux d'un promis en dessous de sa condition.

Tout finira bien, dans cette fable qui renverse les rôles entre maîtres et serviteurs, à la manière d'un carnaval, avant de rétablir l'ordre des choses, non sans cruauté. Il est bien plus facile de se déclarer aristocrate, pour Sylvia et Dorante, que d'avouer comme Arlequin qu'on est qu'un valet, quand Lisette croyait épouser un homme bien né.

"Le mérite vaut bien la naissance", proclame Dorante. Mais Marivaux n'est pas dupe, qui fait triompher l'amour entre gens de la même condition. La société n'encourage guère à transgresser les classes sociales, hier comme aujourd'hui.

À lire aussi

Sélectionné pour vous