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Au procès du "carbone marseillais", les traders à la barre

Le procès du "carbone marseillais", volet le plus spectaculaire de la fraude colossale à la "taxe carbone", s'est concentré lundi après-midi sur deux hommes ayant joué un rôle pivot dans la fraude: celui de traders sur le marché des droits à polluer.

Gérard Chetrit et Gilles Créange, qui figurent parmi les 36 prévenus de ce procès-fleuve, ont détaillé, devant le tribunal correctionnel de Paris, leur rôle dans les achats et ventes de "quotas carbone" sur ce marché, en 2008-2009, pour le compte d'une des sociétés matrices de la fraude, Energie Groupe.

La combine était simple: les deux sociétés, Energie Groupe et RIDC, achetaient des droits à polluer hors taxe en Europe puis les revendaient toutes taxes comprises en France sans reverser la TVA à l'Etat. 385 millions d'euros ont ainsi été éludés au fisc français.

Dissimulés derrière des pseudonymes, les deux hommes passaient par téléphone des ordres d'achat et de vente depuis leurs bureaux de Herliya, dans la banlieue huppée de Tel-Aviv (Israël). Les quotas étaient parfois revendus à perte, compensée par le vol de la TVA.

"C'était pas un travail de réflexion: on se fout du prix", a résumé Gérard Chetrit, entré dans ce dossier "par opportunisme".

"Le but, c'est que les quotas arrivent le plus rapidement possible, pour les revendre le plus rapidement possible", a déclaré ce petit homme brun surveillé en permanence par un gendarme - il comparaît détenu.

Chetrit présente un troisième prévenu, Eric Castiel, en fuite en Israël, comme l'organisateur de ce "trading", et dit ignorer qui se trouvait au-dessus.

Créange, qui aurait remporté 30 à 40.000 euros dans l'escroquerie, explique pour sa part qu'il ne faisait qu'appliquer les ordres donnés par Chetrit. "C'est pas un handicapé", proteste ce dernier, "il sait très bien ce qu'est la TVA !"

Chetrit, l'un des prévenus centraux du dossier, souligne "avoir collaboré" et "être dans une logique de repentance". Lui estime avoir gagné 30 millions d'euros dans la fraude. Yacht, immobilier de luxe, train de vie fastueux... le tribunal tentera de faire le lien entre l'escroquerie et les millions sur ses comptes offshore.

Le financier s'est donc employé à assurer qu'il possédait "facilement 30 millions d'euros avant tout contact avec le carbone". "Ce serait plus simple si vous aviez une petite déclaration de revenus", a répondu la présidente.

Principale prévenue, la charismatique Marseillaise Christiane Melgrani affirme, elle, n'avoir participé qu'au blanchiment.

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