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Un an de Hulot et toujours des attentes

Une victoire à Notre-Dame-des-Landes mais des dossiers toujours en chantier sur l'énergie ou les transports: la première année de Nicolas Hulot au gouvernement a souvent déçu les défenseurs de l'environnement qui continuent malgré tout de parier sur lui.

Transition énergétique, nouveaux modèles pour l'agriculture et les transports: celui qui a été pendant des années le porte-drapeau de l'écologie prône une "mutation profonde" de la société dans un monde menacé par le changement climatique. Mais après un an, pour certains le compte n'y est pas.

"C'est une année utile, mais encore insuffisante pour cranter les changements irréversibles dont parle lui-même Nicolas Hulot", commente Pascal Canfin, directeur général du WWF, l'appelant à "concrétiser" ses ambitions.

Pour lui, peu de décisions qui "engagent le gouvernement à court terme à changer de logique" ont été prises, hormis l'abandon de Notre-Dame-des-Landes, une victoire pour le ministre.

A son crédit également, la sortie annoncée du glyphosate en trois ans, malgré l'opposition du monde agricole qui doute de la possibilité de développer des alternatives à l'herbicide d'ici là.

En revanche, les ONG dénoncent le manque d'ambition du plan sur la qualité de l'air, de celui sur la rénovation énergétique des bâtiments, et surtout de la feuille de route énergétique en cours d'élaboration.

Au coeur des critiques, l'annonce en novembre, par le ministre en personne, du report à après 2025 de l'objectif de baisse à 50% de la part du nucléaire dans la production d'électricité. "EDF a totalement repris la main sur le ministère", dénonce l'eurodéputé EELV Yannick Jadot.

"Il y avait une immense promesse avec Nicolas Hulot, mais finalement, malheureusement comme d'habitude, l'ambition s'arrête aux discours et surtout là où commence l'intérêt des lobbies", poursuit-il.

- "Comme le messie" -

Comme pour ses prédécesseurs, "c'est une bataille permanente, mais il est trop tôt pour le juger", tempère Pascal Canfin, appelant à attendre la fin des discussions sur la feuille de route énergétique et sur les lois mobilité et alimentation pour dresser un bilan.

En octobre, le ministre, qui a régulièrement démenti des rumeurs de démission, s'était lui-même donné "un an" pour juger de son utilité au gouvernement. Et "le bilan, il le fera, mais plutôt d'ici l'été quand il aura les cartes en main", explique l'un de ses proches, le député LREM Matthieu Orphelin, assurant qu'il "est lucide sur les avancées et les reculs".

"Tant que je suis en situation de créer les conditions irréversibles de la transition écologique, je reste", insistait il y a quelques jours l'intéressé.

Celui qui assure que ce poste sera "son ultime expérience politique" ne semble pas avoir été affecté politiquement par un article très critique révélant qu'il avait fait l'objet en 2008 d'une plainte pour viol - qu'il a nié -, classée sans suite pour cause de prescription.

Mais a-t-il du poids au sein du gouvernement ? "Les marges de manœuvre des ministres de l'Ecologie au sein de gouvernements qui ne le sont pas sont toujours limitées", estime l'ancienne ministre de l'Environnement Delphine Batho dans Le Monde.

Il a du poids "mais il n'en joue pas" pour l'instant, commente Simon Persico, professeur à Sciences-Po Grenoble, qui note que sur la transition agricole ou les énergies renouvelables, "on reste dans des trajectoires similaires à ce qui se passait avant".

Mais même si son "capital politique s'est érodé", tout comme sa cote de popularité, depuis qu'il a dit oui à Emmanuel Macron, le ministre "sait combien il vaut". "Quand il voudra taper du poing sur la table, il vaudra cher", poursuit Simon Persico.

En attendant, les défenseurs de l'environnement patientent, persuadés que personne ne pourrait faire mieux que lui.

"Nicolas Hulot, c'est Godot. Les gens l'attendent un peu comme le messie, en ne lui en voulant jamais de son inaction et en espérant qu'il fera mieux la prochaine fois", résume le chercheur.

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