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Commerce: l'UE affûte ses armes pour répondre à Trump

Les 28 pays de l'UE, réunis mardi à Sofia, se sont dits prêts à riposter si les Etats-Unis décidaient de les frapper par des mesures commerciales restrictives, mais ils espèrent toutefois éviter cette escalade.

"Si le président américain Donald Trump frappe dur, nous allons prendre des contre-mesures", a promis la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, lors d'un conseil des 28 ministres européens du Commerce à Sofia, où ont été évalués différents scénarios de réactions possibles.

"Nous avons tous en tête d'être une Europe qui n'est pas naïve (...), si on vient nous chercher, on nous trouvera", a averti le secrétaire d'Etat français auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne, dans un entretien à l'AFP.

Les 28 sont très inquiets des mesures envisagées par l'administration Trump. Cette dernière a récemment élaboré trois scénarios pour des taxes ou des quotas sur les importations américaines d'aluminium et d'acier, pointant la nécessité de préserver la sécurité nationale et l'emploi aux Etats-Unis.

Le président Trump a jusqu'au 11 avril pour trancher le dossier de l'acier et jusqu'au 19 avril celui de l'aluminium.

"Nous étions d'accord pour dire qu'il faut préparer une réponse de l'UE. Nous espérons que cela n'arrivera pas, que nous allons pouvoir nous entendre" avec les Etats-Unis, a déclaré de son côté à l'AFP le secrétaire d'Etat allemand au Commerce Matthias Machnig.

"Ce ne serait pas intelligent de la part des Américains de sanctionner des alliés importants comme par exemple l'Europe, le Japon ou la Corée du Sud", a-t-il argué.

Pour Paris comme Berlin, l'argument avancé par les Américains de défense de leur sécurité nationale ne tient pas: "L'industrie de défense américaine utilise des proportions marginales d'acier et d'aluminium", observe M. Lemoyne.

Selon les mesures prises par Washington, les Européens disposent de plusieurs options pour répondre aux Américains.

En premier lieu, ils peuvent porter ce cas devant l'Organisation mondiale du Commercre (OMC). "Cela parait évident mais le problème, c'est que la procédure est assez longue et étant donné l'engorgement du système cela durerait au moins trois ans", a expliqué à l'AFP Sébastien Jean, directeur du Centre d'études prospectives et d'informations internationales (Cepii).

-Contre-mesures-

Deuxièmement, les Européens peuvent prendre des mesures dites de "sauvegarde" pour protéger l'industrie européenne de l'acier et de l'aluminium. "Ce serait l'une des options, mais nous devons voir (ce que M. Trump va faire)", a souligné Mme Malmström.

Ces mesures consistent à restreindre temporairement les importations d'un produit pour protéger une branche de production nationale donnée (ou de l'UE en l’occurrence) d'un accroissement des importations d'un produit qui cause ou menace de causer un dommage grave à ladite branche de production.

Si les Etats-Unis prenaient des mesures commerciales trop restrictives, l'UE pourrait non seulement ne plus pouvoir vendre son acier ou son aluminium dans ce pays, mais pourrait également être submergée par des importations chinoises à bas prix. Ces "mesures de sauvegarde" permettraient ainsi d'y faire face.

Enfin, Jean-Baptiste Lemoyne a évoqué "la possibilité de contre-mesures en frappant certains produits américains à l'importation".

"La Commission fait des scénarios. Dans ces scénarios, il y a un certain nombre de produits qui sont évoqués, mais il est trop tôt pour les évoquer maintenant avant même que les Etats-Unis aient pris quelque décision que ce soit", a-t-il argumenté.

Concrètement, il s'agirait d'imposer des droits de douane plus élevés sur certains produits provenant de certains Etats américains plus favorables aux républicains, majoritaires au Congrès américain.

"Une telle menace avait déjà été brandie par les Européens quand l'administration Bush avait aussi déclenché en 2002 une guerre de l'acier. La liste comportait alors le jus d'orange Tropicana, les motos Harley Davidson, par exemple", rappelle M. Jean.

Les Etats-Unis avaient finalement renoncé à leurs mesures avant que l'UE n'ait mis sa menace à exécution.

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