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Les services de sécurité américains mal armés face aux violences d'extrême droite

Les services de sécurité américains sont mal armés pour lutter contre le retour des violences d'extrême droite, généralement menées par des loups solitaires qui agissent en dehors de toute structure.

L'importance accordée aux Etats-Unis à la liberté d'expression, qui autorise tous les discours même les plus extrémistes, complique aussi la tâche des forces de l'ordre qui réclament de nouvelles lois contre "le terrorisme intérieur" comme il y en avait eu après les attentats du 11 septembre 2001.

Un jeune homme blanc, auteur d'un manifeste anti-immigrés, a ouvert le feu samedi dans un hypermarché de la ville texane d'El Paso à la frontière mexicaine, faisant 22 morts, en grande majorité hispaniques.

En novembre, un partisan des thèses de la suprématie blanche avait lui tué onze fidèles dans une synagogue de Pittsburgh, en Pennsylvanie.

Aucun des deux n'avaient attiré l'attention avant de passer à l'acte.

Selon le centre de réflexion New America, le nombre de personnes tuées par des membres de la droite radicale depuis les attaques contre le World Trade Center de 2001 a dépassé celui des morts causés par des attaques jihadistes, à 109 contre 104.

Le directeur adjoint de la police fédérale, Michael McGarrity, a expliqué au Congrès qu'il était très difficile de détecter les individus qui se radicalisent en ligne.

"La menace d'extrémistes racistes et violents que l'on voit aujourd'hui est extrêmement décentralisée et émane principalement de loups solitaires", a-t-il déclaré lors d'une audition en mai.

- 90 arrestations -

Avant de commettre leur carnage, les tireurs d'El Paso et Pittsburgh avaient exprimé leurs idées sur des forums de discussions comme 8chan, réceptacles des thèses extrémistes en tout genre.

Mais la police fédérale ne pénètre pas dans ces enceintes, "parce qu'elle ne peut pas" le faire, a déclaré récemment un ancien responsable du FBI, Frank Figliuzzi sur la chaîne MSNCB.

La Constitution garantit la liberté d'expression et le FBI ne peut ouvrir une enquête qu'en cas de violences, de menaces d'usage de la violence ou de violation d'une loi fédérale.

Dans les dossiers de "terrorisme international", la tâche est plus facile. Des lois adoptées après le 11 septembre 2001 autorisent l'interception des communications avec des organisations classées comme terroristes par les Etats-Unis.

Une soixantaine de groupes figurent sur cette liste, une grande partie sont jihadistes, tous sont étrangers.

Concrètement, un Américain peut être poursuivi s'il discute sur un forum du groupe Etat islamique (EI) mais pas s'il échange avec un groupuscule néonazi situé aux Etats-Unis.

Malgré ces contraintes, le directeur du FBI Christopher Wray a assuré en juillet que ses services avaient redéployé des moyens importants contre les menaces locales.

Le FBI enquête actuellement sur 850 dossiers de "terrorisme intérieur", dont 40% implique des extrémistes racistes et violents. Et au cours des neuf derniers mois, il y a eu 90 arrestations pour "terrorisme intérieur".

- Le soutien du président -

Cela reste toutefois moins que la centaine d'interpellations pour "terrorisme international".

Et la plupart ont été inculpés pour des chefs qui ne relèvent pas du "terrorisme" car il n'existe pas de lois spécifiques prévoyant ce type de poursuites.

"Les violences qui ont pour but d'intimider des populations civiles ou d'influer sur les politiques gouvernementales devraient être poursuivies comme du terrorisme intérieur, quelle que soit l'idéologie qui les motive", a déclaré mardi l'Association des agents du FBI qui plaide pour un changement législatif.

Une loi fédérale "doterait les agents du FBI et les procureurs de meilleurs outils pour lutter contre le terrorisme intérieur", ont-ils ajouté.

Mais les critiques du président Donald Trump l'accusent de traîner des pieds dans ce dossier. Selon eux, il ne souhaite pas affronter l'extrême droite car il surfe lui-même sur certaines de leurs idées.

"Il est temps que nous luttions contre le terrorisme intérieur avec la même vigueur et les mêmes ressources que contre le terrorisme international", a déclaré l'ancien directeur du Centre national de l'antiterrorisme, Nick Rasmussen, sur MSNBC.

"Si le président ne se saisit pas du problème, il est difficile d'imaginer que nous parvenions à enregistrer des progrès", a-t-il poursuivi.

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