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Catalogne: le nouveau président séparatiste Torra et Rajoy prêts à se rencontrer

Le nouveau président indépendantiste de la Catalogne Quim Torra et le chef du gouvernement conservateur espagnol Mariano Rajoy ont annoncé mardi leur intention de se rencontrer, alors qu'une polémique enfle sur des propos violemment anti-espagnols prêtés au dirigeant séparatiste catalan.

"Le premier objectif du nouveau gouvernement catalan est d'offrir le dialogue au gouvernement espagnol", a affirmé M. Torra à Berlin, où il a rendu visite à Carles Puigdemont, son prédécesseur à la tête de la Catalogne destitué par Madrid à la suite de la tentative de sécession de la région à l'automne 2017. Celui-ci est en liberté sous contrôle judiciaire en Allemagne dans l'attente de l'examen d'une demande d'extradition.

"S'il vous plaît, fixez une date et un lieu" pour une rencontre, a lancé M. Torra à l'intention de M. Rajoy.

Ce dernier a ensuite annoncé qu'il acceptait. "Bien sûr que je vais recevoir le président de la Généralité (gouvernement autonome catalan) s'il me le demande", a déclaré le chef du gouvernement espagnol en visite à Sofia, en Bulgarie. Mais "il n'y aura pas de république" en Catalogne, a-t-il averti.

Quim Torra, qui lors de son élection a promis de "construire un Etat indépendant, une république" catalane, doit prochainement former son gouvernement. Cela entraînera automatiquement la levée de la tutelle imposée par le gouvernement central espagnol sur cette région quand les députés séparatistes ont proclamé son indépendance le 27 octobre 2017.

Mais le gouvernement conservateur espagnol de Mariano Rajoy a rappelé qu'il pourrait à tout moment reprendre le contrôle de la région si M. Torra violait la Constitution.

Le gouvernement espagnol a d'ailleurs annoncé mardi qu'il continuerait à contrôler les finances de la région même après la levée de la tutelle, en exigeant un rapport mensuel détaillé.

L'Etat espagnol s'assurera que "pas un euro d'argent public catalan ne sera destiné au soi-disant processus d'indépendance", a affirmé devant les médias un haut responsable du Parti populaire au pouvoir, Fernando Martinez-Maillo.

Depuis Berlin, Quim Torra a rejeté cette possibilité. "Cela ne peut être ainsi, en aucune façon. (...) Nous n'allons pas accepter ces conditions", a-t-il protesté. "Il est absolument nécessaire pour nous de garder le contrôle sur nos propres finances", a-t-il ajouté.

La première journée de M. Torra a la tête de la Catalogne a été marquée par une polémique grandissante en Espagne au sujet de propos tenus dans le passé par cet indépendantiste virulent de 55 ans, jugés xénophobes par ses détracteurs.

"Les Espagnols viennent ici pour nous surveiller. Qu'ils s'en aillent une fois pour toutes!", affirmait-il par exemple en 2012 dans un tweet, effacé depuis mais exhumé par les médias.

- "Charognards, vipères, hyènes" -

Dans d'autres déclarations publiques, il avait également qualifié l'Espagne de "pays exportateur de misères", affirmé que l'emploi de la langue espagnole en Catalogne n'était pas "naturel", et traité de "charognards, vipères et hyènes" ceux qui ne défendaient pas la culture et de la langue catalanes.

M. Torra avait aussi jugé "nécessaire" une action armée du type de celle que Francesc Macià, président de la Catalogne de 1931 à 1933, avait vainement fomenté dans l'espoir de proclamer une république catalane en 1926, alors qu'il était exilé en France pendant la dictature de Miguel Primo de Rivera.

"Nous rejetons les propos que Monsieur Torra a tenus de façon répétée. Un discours dangereux, irresponsable et inacceptable, basé sur les préjugés", a dénoncé l'organisation SOS Racisme en Catalogne dans un communiqué.

L'association a promis qu'elle lutterait contre les "prises de position racistes" et les "discours de haine" qui "pourraient porter atteinte à la cohabitation et à la cohésion sociale" dans cette région de 7,5 millions d'habitants dont beaucoup sont originaires d'autres endroits d'Espagne, et où la plupart parlent les deux langues.

"Il défend la xénophobie", avait accusé lundi Inés Arrimadas, leader pour la Catalogne du parti de centre-droit et anti-indépendantiste Ciudadanos.

M. Torra s'est défendu en affirmant qu'il s'agissait de déclarations anciennes publiées hors contexte, mais a fait amende honorable. "Je suis navré de ces excès, qui se sont produits dans des moments de grande excitation", a-t-il déclaré mardi dans une interview à la radio catalane.

Il a également assuré qu'il n'avait rien contre les Espagnols. "J'aime être avec eux", a-t-il dit, promettant que l'espagnol et le catalan seraient les deux langues officielles de la république catalane qu'il entend créer.

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