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Italie: réductions pour les étrangers pour dénoncer les lois anti-migrants

Offrir une réduction de 10% aux non-Italiens pour protester contre le tour de vis sécuritaire et anti-migrants décidé par Matteo Salvini: c'est une forme de résistance symbolique qu'ont décidée au moins deux établissements du nord de l'Italie.

A Berceto, une commune de 2.200 habitants près de Parme, une pancarte sur la devanture du petit supermarché Simeva Market annonce un rabais de 10% jusqu'à samedi pour "tous ceux qui ne sont pas considérés comme Italiens", pour dénoncer le décret-loi "sécurité bis" adopté lundi par le Parlement, "qui va au-delà de la honte et de l'infamie".

"Ce décret crée une discrimination en fonction de l'ethnie. On ne laisse pas entrer dans le pays des migrants qui cherchent à échapper à des guerres, on les laisse mourir en mer, mais dans le même temps on ne lutte pas contre la corruption et la mafia, qui sont les vrais problèmes de ce pays", a affirmé à l'AFP Massimiliano Picchietti.

Ce texte est "raciste" et "nous fait croire que notre ennemi est un pauvre désespéré arrivant en bateau", a ajouté ce commerçant de 54 ans.

A sa suite, un hôtel-auberge de jeunesse-bistrot de Milan, Madama Hostel & Bistrot, a décidé d'appliquer la même réduction, pour dénoncer un décret "ignoble". "Par excellence, un hôtel est la maison de tous", a écrit l'établissement sur sa page Facebook.

Le Parlement a adopté lundi, via un vote de confiance au Sénat, une nouvelle législation sécuritaire et anti-migrants réclamée par le ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini (extrême droite) et qui prévoit jusqu'à un million d'euros d'amende pour les navires ayant secouru des migrants.

Le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a exprimé son inquiétude davant ce texte, que la Commission européenne a dit vouloir "analyser".

Alors que le texte doit encore être ratifié par le président, Sergio Mattarella, des dizaines de couvents de religieuses lui ont aussi adressé une lettre ouverte: "nous osons vous supplier, protégez la vie des migrants!"

Si M. Salvini reste extrêmement populaire en Italie, et son parti la Ligue crédité de 36 à 38% d'intentions de vote dans les sondages, des initiatives symboliques de particuliers pour dénoncer sa politique apparaissent régulièrement.

En mai, des slogans "Tu n'es pas le bienvenu", "Ports ouverts", s'affichaient ainsi sur des draps accrochés aux balcons à chaque déplacement du vice-Premier ministre.

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