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Renforcé dans les urnes, Boris Johnson fait du redressement du Royaume-Uni sa "priorité"

Renforcé aux élections locales, le Premier ministre britannique Boris Johnson a fait du "redressement" post-Covid du Royaume-Uni la "priorité" de son programme législatif mardi lors du traditionnel discours du trône, premier engagement public majeur d'Elizabeth II depuis les funérailles de son mari.

Accompagner la reprise économique, combattre la criminalité, agir pour le climat et "remettre à niveau" les zones les plus défavorisées... Après le succès de son Parti conservateur dans les urnes en Angleterre jeudi, le dirigeant a énuméré ses priorités par la voix de la souveraine de 95 ans, alors que le pays commence à goûter de nouveau à la normalité grâce à la campagne de vaccination contre le Covid-19.

"La priorité de mon gouvernement est d'assurer le redressement national après la pandémie pour rendre le Royaume-Uni plus fort, plus sain et plus prospère qu'avant", a déclaré Elizabeth II sous les ors de la Chambre des Lords en ouvrant la nouvelle session parlementaire, avec un cérémonial au faste fortement réduit en raison du coronavirus.

"Pour y parvenir, mon gouvernement renforcera les opportunités à travers tout le Royaume-Uni, en soutenant l'emploi, les entreprises et la croissance économique", a-t-elle ajouté, accompagnée du prince héritier Charles, 72 ans.

La reine, non masquée, avait troqué son carrosse pour une voiture et sa couronne pour un chapeau lavande. Pour respecter la distanciation sociale, seuls quelques dizaines de parlementaires masqués ont pu assister au discours - et uniquement à la suite d'un test Covid négatif.

C'est le premier engagement tenu par la souveraine hors du château de Windsor depuis les obsèques du prince Philip, décédé à 99 ans en avril.

- Position de force -

En position de force après le terrain gagné par les tories sur les travaillistes aux élections locales, Boris Johnson est dans le même temps confronté au défi de maintenir l'unité du Royaume-Uni. Une majorité indépendantiste au Parlement écossais réclame un nouveau référendum d'autodétermination en Écosse, auquel il s'oppose fermement.

Sur le plan économique, la priorité pour l'année à venir sera donnée aux investissements dans les infrastructures de transport, les industries vertes créatrices d'emplois ainsi que dans le réseau 5G et l'internet à haut débit, des promesses formulées lors des législatives.

Pour stimuler les régions après la sortie de l'Union européenne, effective depuis le 1er janvier, vont être créés huit ports francs, des zones fiscalement considérées comme hors du territoire douanier national.

Le gouvernement compte aussi approfondir ses liens commerciaux avec les pays du Golfe, d'Afrique et de la région indo-pacifique, à forte croissance.

Une fois la reprise assurée, l'objectif est de remettre les finances publiques, très sollicitées durant la crise sanitaire, "sur une voie soutenable".

En matière climatique, une loi fixera dans le marbre les objectifs du Royaume-Uni, qui vise la neutralité carbone en 2050, alors qu'il s'apprête à accueillir en novembre la grande conférence de l'ONU sur le climat (COP26).

- Haro sur le foie gras -

L'exécutif prévoit de sévir davantage en matière de criminalité, avec des peines de prison alourdies pour les infractions les plus graves, et durcir sa politique migratoire, promesse clé du référendum sur le Brexit en 2016. Dans sa ligne de mire se trouvent les traversées de la Manche par des migrants venant de France, dans des embarcations de fortune.

En mars, le gouvernement avait suscité la controverse en présentant sa réforme du système d'asile, qui vise à décourager l'immigration illégale en n'accordant plus les mêmes droits aux personnes selon qu'elles sont entrées légalement ou illégalement au Royaume-Uni.

Face aux nouvelles menaces, Boris Johnson veut moderniser les capacités militaires du pays et légiférer pour "contrer l'activité hostile d’États étrangers".

Parmi les autres mesures figurent la lutte contre l'obésité, avec un encadrement de la publicité pour la malbouffe, et l'interdiction des thérapies de conversion des homosexuels.

Le foie gras est aussi dans le viseur du gouvernement, qui envisage d'en "limiter le commerce et la vente" dans le cadre d'une loi visant à améliorer le bien-être animal.

Selon Anand Menon, directeur du centre de réflexion UK in a Changing Europe, le gouvernement aura la "difficile tâche" de réaliser ces promesses dans les prochaines années. Il "sera jugé sur son propre bilan" lors des prochaines législatives, prévues en 2024, a-t-il souligné auprès de l'AFP, estimant qu'avoir réalisé le Brexit ne suffira peut-être plus comme argument auprès des électeurs.

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