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Lou Doillon: la scène "c'est comme un cheval fou tous les soirs"

Oubliée la Lou Doillon cachée derrière son micro: la tournée pour défendre "Soliloquy" est un rodéo sur un "cheval fou" avec un groupe qui se met en danger. "On n'est protégé de rien, tout est sur le fil du rasoir".

Elle entre en transe sur "Nothings" et un morceau comme "The Joke" devient épique. Comment la bête de scène s'est-elle réveillée? Son troisième album - "celui dont je suis le plus fière" - a certes un certain succès, "mais quelque part les gens s'en foutent un peu, dans cette époque obsédée par le jeunisme, la nouveauté". "Ça m'a choquée, mais c'est libérateur", raconte à l'AFP l'ex-mannequin et actrice française.

"C'est la première fois où je peux m'amuser comme je veux, il n'y a plus d'attente, je ne suis plus la fille de ma mère, la mère de mon fils, la meuf de je ne sais pas qui... C'est comme si c'était mon premier album", poursuit la fille de Jane Birkin et Jacques Doillon.

Avec son premier album justement, "Places", le "succès est arrivé tellement vite, qu'on avait déjà décidé de ma place, j'ai pris beaucoup de plaisir mais pas je n'étais pas sûre d'avoir le droit d'en prendre". Quand elle saisissait une guitare alors, c'était comme un bouclier. De même sur la tournée du deuxième album "Lay Low", où "l'assurance" était "dans la tête mais pas encore dans le corps".

- "Gens redoutables" -

Maintenant, la philosophie, c'est: "on a tous envie d'être la fille qui danse sur la table en boîte de nuit". Le concert, c'est "comme un cheval fou tous les soirs, il va falloir tenir ce bordel". Et de la voir prendre son temps pour regarder les spectateurs et leur parler entre deux titres, "tenir tête au public, ce dont je suis incapable dans la vie".

Pour booster son live, elle s'est séparée du groupe des deux premières tournées "qui prenait soin de moi, me protégeait". A l'exception de Nicolas Subrechicot, qui est resté, Lou Doillon s'est entourée de "gens redoutables" comme le batteur Antoine Boistelle, "qui me pousse au cul".

Sur scène, elle savoure "la chance d'aller voir des gens", de "voyager", de voir "qu'on est tous pareils". Et tous égaux? On lui pose la question car le sujet des inégalités hommes-femmes est de ceux qui la préoccupe.

Elle note une "évolution": "entre les droits et les devoirs de ma grand-mère et les droits et devoirs de l'amoureuse de mon fils, c'est insensé ce qui s'est passé". "Quand j'étais petite, pour les filles de ma génération, il n'était pas imaginable d'être présidente de la République ou ministre. J'ai 36 ans, c'était hier, et aujourd'hui, les petites peuvent se projeter sur des envies d'être présidente, c'est génial".

- "Stop aux violences faites aux femmes" -

Mais elle dénonce cette "peur-trouille des menstruations" dans la société: "c'est dingo que ce soit à ce point tabou". Sans parler de "ces femmes en prison qui doivent quémander pour avoir des serviettes, c'est cinglé".

Sur les réseaux sociaux, elle dessine aussi - très bien - des mains qui disent "stop aux violences faites aux femmes". "Les chiffres sont flippants, et je me demande comment on a éduqué ces garçons - qui ont des mères - pour faire un truc pareil?".

"Quand j'ai posté ce dessin, un mec a eu le besoin d'avouer sur ma page qu'il avait tapé sa gonzesse, alors qu'il faisait partie de ceux qui rigolaient en disant qu'il ne le ferait jamais, il dit que ça s'est passé en deux secondes. Je n'ai pas su quoi faire", confie-t-elle.

Ça l'inquiète aussi quand, dans les conversations, une "phrase comme +elle l'a quand même cherché+ revient". Et puis il y a cette "pudeur en France, cette façon de se dire +ça ne nous regarde pas+. Aux Etats-Unis, si un mec s'embrouille avec une fille dans la rue, tout le monde intervient, en France, c'est pas clair".

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