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Programme de stabilité: vers un compromis entre Valls et députés frondeurs

Un compromis semblait s'esquisser lundi matin entre le Premier ministre et les députés PS hostiles au programme d'économies gouvernemental, Manuel Valls devant faire des "annonces fortes" qui concernent "6,5 millions de Français" avant de défendre, aux côtés de François Hollande, ses grandes orientations économiques dans l'après-midi.

A la veille du vote consultatif de l'Assemblée sur le programme de stabilité gouvernemental, le Premier ministre a reçu lundi matin à Matignon le patron des députés PS Bruno Le Roux, accompagné de quelques collègues du groupe socialiste, dont une partie substantielle menace de ne pas voter le programme de stabilité du gouvernement.

Il ressort de ces entrevues qu'un compromis semble se dessiner. "C'est au Premier ministre de rendre publiques des mesures qui sont des annonces fortes qui s'adressent aux Français. Par exemple sur les petites retraites, je pense que c'est 6,5 millions de Français qui seront concernés par la mesure que va annoncer le Premier ministre, une succession d'annonces fortes qui permettent d'aller plus loin", a annoncé M. Le Roux à la sortie de cet entretien.

Ces annonces --M. Valls doit s'exprimer "en fin de matinée ou en début d'après-midi" dixit Bruno Le Roux-- suffiront-elles à calmer la fronde d'une partie des troupes PS ? Aux yeux de ces derniers, le plan affecte en priorité les plus fragiles et obère les chances d'un retour de la croissance.

Leurs revendications principales portent sur la mise en oeuvre du "plan pauvreté" (que le gouvernement a prévu de reporter), un geste fort envers les petites retraites et une "clause de revoyure" sur le gel du point d'indice des fonctionnaires. Selon les Echos, Manuel Valls serait prêt à revenir sur le gel des petites retraites "jusqu'à un montant compris entre 1.000 et 1.200 euros par mois". Et il reporterait le plan pauvreté de six mois au lieu d'un an.

Mardi, avant le vote, le Premier ministre ira lui-même défendre ses choix devant le groupe PS. Même si le vote est purement consultatif, un rejet du texte ou une très forte abstention des troupes PS auraient des conséquences catastrophiques pour la majorité.

- Valls "confiant" -

Avant cela, lundi après-midi, à la Maison de la Chimie à Paris, les acteurs territoriaux de l'Etat - préfets, sous-préfets, directeurs d'administrations - écouteront le chef du gouvernement, les ministres de l'Economie, des Finances, du Travail et enfin le chef de l'Etat défendre ce pacte qui ambitionne de redonner du souffle à l'économie française.

Le président devrait "présenter la traduction territoriale du pacte de responsabilité et redonner le sens de l?action du gouvernement au service de l?emploi qui est la priorité", souligne son entourage. Il devrait également souligner que le pays est "à un moment décisif de possible sortie de crise, où la question est de savoir comment la France va saisir la reprise qui se dessine".

Dimanche, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadelis a mis en garde les récalcitrants: "Il faut savoir terminer une fronde", a-t-il dit, ajoutant qu'il ne "vaudrait mieux pas" que trop de socialistes s'abstiennent mardi.

Signe de l'importance de l'enjeu, un bureau national extraordinaire du PS organisé pour l'occasion lundi après-midi fixera la ligne du parti.

Combien iront jusqu'à ne pas voter le programme de stabilité? Vendredi, trois proches de Martine Aubry - Laurence Dumont, Jean-Marc Germain et Christian Paul - ont dit qu'ils ne le soutiendraient pas. Loin de se limiter à l'aile gauche du PS ou aux aubrystes, la colère a touché le c?ur du groupe, des "hollandais" comme Matthias Fekl, Karine Berger, Sandrine Mazetier. Difficile de dire combien iront jusqu'au bout.

A la différence du vote de confiance, Manuel Valls, s'il a le soutien des radicaux de gauche, ne pourra pas s'appuyer sur la majorité des écologistes, ceux-ci oscillant entre l'abstention et un vote contre, qui sera aussi sans surprise celui du Front de Gauche.

A partir de 40 abstentions socialistes, le résultat pourrait dépendre de l'abstention envisagée par quelques députés UMP et UDI (dont le groupe arrêtera sa position mardi matin), ce qui serait aussi une sorte de camouflet pour l'exécutif.

Yves Jégo, président de l'UDI par interim, a dit que certains membres de son groupe pourraient voter le texte, à condition que l'exécutif s'engage sur de nouvelles mesures économiques.

Mais le chef du gouvernement a assuré qu'il ne comptait pas sur l'opposition "pour compenser je ne sais quel vote", ajoutant qu'il était "confiant" sur l'issue de la consultation.

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