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"Dans les chaussures" des migrants, pour combattre la xénophobie en Colombie

Certaines de ces chaussures ont parcouru des milliers de kilomètres depuis que leurs propriétaires ont décidé de quitter le Venezuela: devant le bâtiment du Congrès colombien, près de 300 paires ont été installées pour sensibiliser les observateurs et tenter de repousser la xénophobie qui s'immisce dans la campagne électorale en Colombie.

Tennis, sandales, chaussures à talons, bottes, espadrilles... La Place Bolivar de Bogota, le coeur politique du pays, s'est réveillée vendredi avec un tapis de chaussures. Chaque paire "représente une histoire, et chacune de ces histoires raconte celle d'une personne qui a dû tout quitter pour tenter de réaliser ses rêves en Colombie", explique à l'AFP Alejandro Daly, coordinateur du mouvement Right Not to Obey ("Le droit de ne pas obéir").

L'organisation a mis en place cette installation en réponse aux messages xénophobes de certains candidats aux élections locales qui se tiendront en octobre en Colombie, le principal pays d'accueil des migrants vénézuéliens.

Notre antidote est de "se mettre à la place" de l'autre, c'est le seul moyen de "comprendre une personne", ajoute Daly, un Vénézuélien arrivé en Colombie il y a six ans.

La plupart des chaussures exposées appartenaient à des migrants vénézuéliens qui ont quitté leur pays à pied par manque d'argent pour se payer un moyen de transport. Sales et usées, elles représentent le voyage de quelques-uns des 3,6 millions de migrants qui, selon l'ONU, ont quitté l'ancienne puissance pétrolière depuis 2016.

D'autres chaussures sont en bon état car elles ont été données par des Vénézuéliens déjà établis en Colombie pour ceux qui viennent d'arriver et n'ont rien à se mettre. A la fin de la manifestation, elles seront données.

"Nous les plaçons ici dans ce qui est l'épicentre de la deuxième plus grande crise migratoire au monde aujourd'hui", parce que "nous ne voulons pas qu'un langage discriminatoire et xénophobe soit utilisé dans la campagne électorale", reprend M. Daly.

Il y a 1,4 million de migrants vénézuéliens en Colombie et bien que l'ONU ait souligné la qualité de l'accueil et la solidarité dont fait preuve le pays andin, elle a également constaté quelques actes de discrimination.

L'exposition, qui s'est déroulée pendant deux heures, a attiré l'attention des passants, souvent émus à la vue des petites sandales pour enfants, peu adaptées aux longs trajets qu'ils ont dû accomplir avec leurs parents pour fuir le Venezuela.

"Ce qui est là, ce sont mes petits-enfants, mes enfants, l'histoire de tous les enfants vénézuéliens", dit le cinéaste vénézuélien Felipe Falcon, en montrant les petites sandales abimées.

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