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Bangladesh: heurts dans la capitale avant un verdict crucial

Manifestants et policiers se sont violemment affrontés jeudi à Dacca, peu avant le prononcé d'un verdict pour corruption décisif qui pourrait voir la cheffe de l'opposition du Bangladesh condamnée à la prison à vie.

Les forces de l'ordre ont dispersé à coups de gaz lacrymogènes des milliers de manifestants qui leur lançaient des pierres alors qu'ils escortaient Khaleda Zia à sa voiture, selon des images en direct de la chaîne de télévision privée Somoy.

D'après ce média,au moins cinq policiers ont été blessés et deux motos incendiées dans les affrontements, qui se sont déroulés à plusieurs kilomètres du tribunal.

Première ministre à deux reprises, présidente de longue date du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), Khaleda Zia est poursuivie pour avoir détourné 21 millions de takas (206.000 euros) d'un fonds créé pour un orphelinat. Elle dément ces accusations, qu'elle décrit comme politiques, et assure que "pas un sou" n'a été volé.

Par crainte de violences de ses partisans, des milliers de policiers ont été déployés dans les rues de Dacca, où les manifestations étaient interdites. Normalement encombrée de voitures, la capitale était étrangement calme jeudi matin.

L'opposition a indiqué que les forces de l'ordre avaient interpellé préventivement "environ 3.500" de ses membres. Des écoles privées ont demandé à leurs élèves de rester chez eux, certaines compagnies de VTC ont suspendu leurs services pour la journée.

"Nous avons renforcé la sécurité dans toute la ville", a déclaré à la presse Asaduzzaman Mia, chef de la police de Dacca.

Fin janvier, le parquet avait requis la prison à vie contre Mme Zia. Si elle était déclarée coupable, elle serait empêchée de se présenter aux prochaines élections législatives, qui devraient se tenir en décembre.

Mme Zia, 72 ans, a dirigé le Bangladesh de 1991 à 1996 puis de 2001 à 2006 et est l'ennemi jurée de l'actuelle cheffe de gouvernement Sheikh Hasina, qui fut un temps son alliée et avec laquelle elle se succède au pouvoir.

Lors d'une conférence de presse mercredi, à la veille du verdict du tribunal spécial anticorruption, la leader de l'opposition avait estimé que ce procès était destiné à écarter sa famille et elle de la vie politique.

"C'est une tentative d'instrumentaliser la justice contre moi afin de m'écarter de la politique et des élections, et de m'isoler du peuple", a-t-elle déclaré.

"Je suis prête à affronter toutes les conséquences. Je n'ai pas peur de la prison ou d'une sanction. Je ne vais pas m'incliner", a-t-elle ajouté.

En cas de condamnation, Mme Zia serait immédiatement écrouée mais conserverait la possibilité de faire appel devant une juridiction supérieure.

L'organisation Human Rights Watch a incité jeudi Dacca à cesser les "arrestations arbitraires et les détentions".

"Les affirmations du gouvernement du Bangladesh de son caractère ouvert et démocratique sonnent creux alors qu'il réprime la dissidence politique", a déclaré son responsable Asie Brad Adams.

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