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Début d'année sanglant dans la région marseillaise

Un règlement de comptes mortel vendredi, deux personnes retrouvées calcinées, sans doute victimes d'un double homicide, samedi: Marseille et sa région connaissent une série sanglante depuis la toute fin 2017, la plupart du temps sur fond de trafic de drogue, éclipsant l'accalmie de l'an dernier.

Depuis Noël, cinq jeunes hommes ont perdu la vie dans de probables règlements de comptes dans la cité phocéenne. Le dernier a été abattu vendredi soir, au volant de sa voiture, dans l'est de la ville.

"L'homme a des antécédents judiciaires et l'enquête s'oriente vers un règlement de comptes", a précisé à l'AFP le procureur de la République, Xavier Tarabeux. Un véhicule brûlé avait été retrouvé près des lieux de la fusillade.

Samedi, avec la découverte de deux morts, probablement abattus avant d'être calcinés, sur un chemin près d'un parc d'attraction de Cuges-les-Pins (Bouches-du-Rhône), à une trentaine de kilomètres de Marseille, un dossier supplémentaire est venue s'ajouter sur le bureau déjà encombré de la police judiciaire de la ville.

Il était dimanche matin encore trop tôt pour avancer une quelconque piste, ou déterminer s'il peut s'agir d'un règlement de comptes, les victimes n'ayant pas été identifiées, a toutefois précisé le procureur.

Reste que cette série éclipse déjà la relative accalmie constatée en 2017, avec 14 décès dans des règlements de comptes déplorés par la préfecture de police, contre 29 en 2016, une année noire.

En janvier, la cité phocéenne a aussi déploré une fusillade mortelle à la Kalachnikov dans le quartier festif et central de La Plaine, et deux morts par balle dans des quartiers périphériques --dont un seul est considéré comme un règlement de comptes par les enquêteurs.

"On ne peut pas nier la réalité, il y a un certain nombre d'homicides, dont beaucoup sont des règlements de comptes, mais on ne peut en tirer aucun enseignement, il n'y a pas assez de recul", met en garde de son côté le procureur de Marseille Xavier Tarabeux.

- "Travail sans fin" -

Du côté policier, la crainte d'une poussée de violence, dans une ville qui reste une plaque tournante du trafic de cannabis, source importante de revenus dans plusieurs cités minées par la pauvreté, se réveille cependant.

"Il y a tellement de sorties de prisons, et tellement d'équipes prêtes à régler leurs comptes...", soupirait dimanche un policier marseillais. La lutte contre le trafic est "un travail sans fin", commentait mi-janvier une autre source policière.

Après une série de succès policiers qui avaient amené à déjouer, de manière préventive, 12 règlements de comptes en 2016, puis deux l'année suivante, "on peut craindre que la recomposition" du paysage criminel marseillais ne "se poursuive", ajoutait cette source.

L'an dernier, plusieurs bandes criminelles ont perdu des plumes, victimes de la vendetta entre trafiquants, ou sous les coups de boutoir de la justice.

Chef présumé de l'un des clans les plus violents, Mehdi Remadnia, a ainsi été abattu à l'arme automatique il y a un an, tandis que parmi les procès les plus retentissants, celui de la bande des "Blacks" a conduit à prononcer un total de 107 années de prison contre 27 prévenus en novembre, et à mettre hors circuit les frères Ahamada, qui le dirigeaient.

Mais la police a à l’œil plusieurs anciens détenus, "impliqués dans le trafic et qui ont immédiatement repris leurs activités", poursuit la source interrogée. Certains réseaux sont repris par des lieutenants, voire des petits frères de leurs dirigeants --dont certains continuent de tirer les ficelles derrière les barreaux.

"Des différends datant de plusieurs années se soldent après la sortie de détention des protagonistes", relève-t-elle, s'inquiétant également de l'omniprésence des armes, "quel que soit le niveau de trafic". En témoigne la saisie, mi-janvier, de grenades, des armes de guerre pouvant être adaptées sur des fusils d'assaut, lors du démantèlement d'un trafic dans une cité des quartiers nord, le Petit Séminaire.

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