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Sur la route du Brexit: qu'en pensent les habitants de Liverpool, ville qui a beaucoup bénéficié de l'Europe?

S’il existe une ville symbole des effets positifs de l’Union européenne sur la Grande-Bretagne, c’est bien Liverpool. Oubliés, la fermeture des docks qui avaient mis au chômage 80 000 personnes dans les années 70.

Désormais, un quartier entièrement rénové par l’Europe à coup de centaine de millions d’euros accueille le visiteur…

La patrie des Beatles sait qu’elle doit plus à la solidarité de ses voisins qu’au gouvernement de sa majesté. Nous rencontrons au café, un groupe d’habitants déterminés.


 
Oliver Sykes, 44 ans, spécialiste de l’urbanisme.

Il est fier qu’à Liverpool plus de 58 % des gens ont voté pour rester dans l’Union.

"Tout le monde se souvient de ce qu’était la ville dans les années 80 lorsque le gouvernement conservateur a tué Liverpool. Des ministres du gouvernement de l’époque disaient que cela ne servait plus à rien de donner de l’argent. L’endroit était mort. Laissez-les crever disaient-ils. Il n’y avait plus rien à sauver même pas les arbres. Ne vous occupez pas d’eux. Et puis il y a eu l’Europe et des politiciens pro-européens qui se sont dit qu’ils ne faillaient pas laisser la ville mourir. Ils se sont dit : on va investir. On va aider les gens."


 
Brenda Ashton, 67 ans, ancien professeur.

Après le vote anti-européen, elle pleure, puis réagit pour créer sur Facebook, le groupe Liverpool for Europe.
"Ce mouvement n’a pas été créé de manière traditionnel. Avec des professionnels. La grande majorité d’entre nous n’avions aucun lien avec des partis politiques. Nous avons appris. Nous avons grandi. Nous sommes devenus unis, nous sommes loyaux entre nous comme envers l’Europe."

Avec ses amis, Brenda n’a qu’une envie mettre le Brexit à la poubelle.


 
Gareth Spencer, 43 ans, gestionnaire de site web

Marié à une française qui vit depuis 16 ans en Grande-Bretagne, il s’inquiète pour son avenir et celui de ses enfants.
"Je suis dans une situation où ma femme qui a passé presque toute sa vie en Grande-Bretagne doit désormais remplir des documents pour rester ici. Pour vivre ici. Certains ont voté pour un Brexit dur, un Brexit plus léger, un Brexit sans Brexit, un Brexit version Canada. Il y a au total 20 versions du Brexit. Et puis. Un choix simple. Rester dans l’Europe."

Brenda tient à nous montrer une rue surnommée à Liverpool, "la rue de l’Europe". Ici, les habitants affichent leurs convictions… Mais les sondages donnent Boris Johnson en tête.

"Nous avons développés des valeurs. Des valeurs que nous avons fondées. Et je me bats pour ne pas les perdre."

Brenda espère beaucoup des jeunes pour faire basculer l’élection. Après les quartiers ouvriers de Liverpool, nous partons à Oxford à plus de 300 km.

La ville qui abrite l’une des plus célèbres universités du monde a reçu l’année dernière 87 millions d’euros de l’Europe.

Les frais universitaires sont de 11 000 euros par an pour un étudiant britannique ou européen.

 
 
Paul Molnar, 19 ans, Hongrois, étudiant en droit.

Charline Thomas, 18 ans Anglaise, tous deux, étudiant en droit.
Avec le Brexit, ce couple sait que le coût des études pourrait doubler.

"Pour l’instant, le gouvernement sortant, a donné des garanties pour maintenir les droits des européens et notamment des étudiants. Mais personne ne sait dans quelle direction nous irons dans les prochaines années."

"Si les jeunes de 16 ans comme moi avaient voté pour le référendum, le résultat aurait pu être différent. La plupart des jeunes veulent rester en Europe. Nous avons perdu l’occasion de nous exprimer à ce moment-là. Il y a une énorme déception."

L’avenir d’Oxford reste incertain malgré sa réputation. Le Brexit signifie, la fin du programme Erasmus et des fonds européens de recherche. Les meilleurs étudiants britanniques pourraient partir.

 
 
Sam Smith, 25 ans, étudiant en ingénierie.

Le jeune homme exaspéré par la situation pourrait s’expatrier.

"C’est énervant. C’est vraiment un vrai n’importe quoi autour de nous. J’ai commencé à voir s’il y avait du travail en Allemagne. Je pense à la France, à la Belgique pourquoi pas. J’aimerais trouver des opportunités. Franchement, c’est possible que je parte."

Dans les rues d’Oxford ou de Liverpool, personne ne veut quitter une Europe qui, malgré ses défauts, reste un meilleur projet d’avenir que le Brexit.

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