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Un décor apocalyptique: au moins 25 morts et plus de 50 disparus dans un glissement de terrain au Venezuela

Maisons et commerces détruits, coulées de boue, arbres arrachés... au moins 25 personnes sont mortes et 52 sont portées disparues après un glissement de terrain samedi en fin de journée à Las Tejerias, une ville industrielle du centre-nord du Venezuela. Les fortes pluies qui s'abattent depuis des semaines avaient déjà provoqué la mort de 13 personnes à travers le pays.

Les recherches se poursuivent ce lundi 

"Malheureusement, 25 personnes ont été retrouvées mortes. Nous poursuivons les recherches", a déclaré en soirée à la télévision le ministre de l'Intérieur et de la Justice Remigio Ceballos, actualisant le précédent bilan de 22 morts. 

Malgré la nuit, les secouristes, utilisant des projecteurs et travaillant notamment avec des chiens et des drones, cherchaient d'éventuels survivants ou les corps des disparus. "Nous travaillons pour retrouver les personnes qui sont toujours portées disparues, c'est notre principale tâche en ce moment et nous devons nous concentrer dessus", a déclaré le ministre de l'Intérieur Remigio Ceballos aux responsables de la région. Les recherches se poursuivent ce lundi.

Des équipes d'ouvriers équipés de machines déblayaient les routes couvertes de débris provenant des eaux de crue avec un ballet incessant de camions à l'entrée de la ville. L'armée a également annoncé qu'elle participerait aux efforts. Les habitants, eux, tentent de dégager à la pelle les tonnes de boue ayant envahi leurs maisons.

Quantité record de précipitations 

Un peu plus tôt, le ministre de l'Intérieur vénézuélien avait précisé qu'"une quantité record de précipitations" était tombée sur la ville, assurant que le volume moyen d'eau qui tombe habituellement en un mois était tombé en un jour. "Ces fortes pluies ont saturé le sol", a ajouté le ministre.

La tragédie est survenue après 3 heures de fortes pluies samedi après-midi. Plusieurs rivières sont sorties de leur lit et ont emporté des terrains, des rochers et des arbres des flancs des montagnes qui bordent la ville d'environ 50.000 habitants.

Un décor apocalyptique 

La ville, située à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Caracas, présente désormais un aspect apocalyptique avec des maisons et des commerces éventrés et la boue qui a envahi les rues. Des arbres gigantesques et des voitures ont été emportés par un courant qui a fait jusqu'à six mètres de hauteur et qui jonchent désormais la route principale, encombrée de bouts de bois, de tôles et autres débris.

"La ville est perdue, Las Tejerias est perdue", déplore Carmen Melendez, qui y vit depuis 55 ans. En larmes, Loryis Verenzuela, 50 ans, contemple l'ampleur du désastre: "Je n'ai jamais pensé que quelque chose de cette ampleur pouvait arriver, c'est fort!".

Coup dur également pour une boucherie qui devait rouvrir lundi après deux ans de fermeture à cause de la pandémie. Mais la boutique, ses équipements de réfrigération et tout ce qui se trouvait à l'intérieur sont désormais recouverts de boue. "Nous espérions des livraisons de viande pour recommencer après deux ans d'interruption", a confié Ramon Arvelo, un employé affairé à évacuer la gangue brune.

3 jours de deuil national

Le président Nicolas Maduro a décrété trois jours de deuil national en "solidarité avec les familles", en promettant aux habitants qu'ils "ne sont pas seuls!".

Un millier de personnes participent aux opérations de sauvetage, avait indiqué à l'AFP plus tôt dans la journée le ministre de l'Intérieur M. Ceballos, qui s'est rendu sur place pour évaluer les dégâts. "Nous avons eu un énorme glissement de terrain, conséquence du changement climatique", a déclaré le ministre, attribuant les précipitations au passage de l'ouragan Julia au nord du Venezuela.

Sur les images prises par les drones des équipes de secours, on peut voir de grandes quantités de boue et de terre recouvrant plusieurs rues de Las Tejerias.

"C'est la première fois que nous voyons quelque chose de semblable"

Inquiète, Carmen attend des nouvelles de Margot Silva, une parente portée disparue. Elle vit dans une ville voisine et s'était rendue à Las Tejerias pour faire des courses.
"C'est la première fois que nous voyons quelque chose de semblable, nous savons que nous allons nous en remettre mais nous regrettons la perte de vies", a déclaré Carmen à l'AFP.

Sur les réseaux sociaux, de nombreuses personnes proposent leur aide et Los Leones, le grand club de baseball de Caracas, a indiqué qu'il organisait une collecte d'aliments non périssables, d'eau minérale et de vêtements pour les victimes.

L'opposant Juan Guaido a quant lui estimé sur Twitter qu'il fallait soutenir les victimes et "répondre à l'urgence", critiquant une "dictature qui confisque le pouvoir sans se soucier du peuple".

Collectes pour les victimes

13 autres personnes sont mortes dans différentes régions du pays, également en raison de cette saison des pluies atypique. Les accès à Las Tejerias étaient bloqués dimanche soir par un important déploiement militaire et policier.

Les autorités ont mis en place plusieurs abris pour les familles touchées à Maracay, capitale de l'Etat d'Aragua où se trouve Las Tejerias, a indiqué le ministre de l'Intérieur, qui a déclaré dimanche à l'AFP qu'un millier de fonctionnaires participaient aux opérations de secours.

L'équipe de baseball des Tigres de Aragua a proposé son stade comme centre de collecte de dons. Dans la capitale, l'équipe des Leones de Caracas a aussi annoncé récolter eau minérale, produits non périssables et vêtements pour les survivants.

Un drame qui rappelle la tragédie de 1999 où 10.000 personnes étaient mortes 

Le Venezuela fait face à des pluies importantes et exceptionnelles depuis plusieurs semaines. Outre la catastrophe de Las Tejerias, des inondations et des glissements de terrain se sont produits dans plusieurs autres endroits du pays pendant le week-end, notamment dans l'Etat de Zulia, berceau pétrolier du Venezuela, ou à Choroni sur la côte.

En 1999, quelque 10.000 personnes étaient mortes dans un important glissement de terrain dans l'État de Vargas, au nord du pays.

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