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Famille de 3 enfants victime économique du coronavirus: Daniel a perdu son job, sa femme a accouché, ils doivent vivre avec 1000 euros en moins

Le coronavirus en Belgique, c'est aussi un fléau économique. De nombreux citoyens se retrouvent à devoir affronter des difficultés financières considérables. C'est notamment le cas de Daniel, père de trois enfants, qui vient de perdre son emploi en tant que chauffeur de bus scolaire.

Daniel et sa compagne vivent à Anthée, dans la région de Dinant. Ce couple vient d'accueillir la plus belle chose au monde: un bébé, né il y a deux semaines. "Mes enfants sont ma plus grande fierté", s'enorgueillit d'ailleurs Daniel, qui nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous. Tout devrait donc être positif pour la petite famille déjà composée d'une fille de 12 ans et d'un petit garçon de 6 ans. Malheureusement, la crise du coronavirus les frappe de plein fouet.

Ensemble, nous avons perdu 1.000 euros de revenus, avec maintenant 3 enfants à nourrir

Daniel est chauffeur de bus scolaire. Depuis le 18 mars, cet homme de 50 ans était en chômage temporaire. Et depuis le 3 avril, il est sans emploi. "Avec la fermeture des écoles, mon employeur, chez qui je travaille depuis six ans, n'a pas prolongé mon contrat", nous révèle Daniel. Sa compagne, aide-ménagère, est, elle, en congé de maternité.

Résultat: la famille doit aujourd'hui composer avec une situation financière qui a complètement changé. "Je suis en concubinage, ce qui fait que je ne touche plus qu'entre 450 et 500 euros par mois", nous confie Daniel. "Ma femme a vu son salaire chuter à 850€ par mois. Ensemble, nous avons perdu 1.000 euros de revenus, avec maintenant 3 enfants à nourrir", détaille-t-il.

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Le couple va désormais devoir faire vivre une famille de 3 enfants avec 1350€ par mois, assure-t-il. "Aujourd'hui, le 6 du mois, il me reste 700€ en poche. C'est le prix de mon loyer. La situation est catastrophique, je ne sais pas de quoi sera fait notre avenir", s'inquiète-t-il.

Dès le 18 mars, il avait, comme tant d'autres en Wallonie, pris contact avec le CPAS. Il était alors en chômage temporaire et percevait 70% de son salaire habituel. Il n'a dès lors pas eu droit à une aide financière. "Avec le salaire de ma compagne, nous dépassions le barème de 1589€. On ne pouvait pas prétendre à une aide du CPAS", raconte Daniel que cette refus avait scandalisé.

Aujourd'hui, avec la perte de son emploi, le revenu de la famille a encore baissé et lui donne droit à une aide du CPAS."Je n'ai jamais été au CPAS, je travaille depuis mes 18 ans, j'ai honte de faire la manche au CPAS", confie le quinquagénaire. "Mais dans ma tête, j'ai mis ma famille dans la merde et je dois l'en sortir", explique Daniel, très ému qui sait qu'il n'est pas responsable mais se sens responsable, admet-il.

Ils m'ont dit que si je devais choisir, je ne devais pas payer le loyer. Ils m'ont assuré que je devais avant tout nourrir nos enfants et payer les charges essentielles

S'il déplore la situation, il explique par contre avoir apprécié d'être conseillé par le CPAS. Les assistantes sociales lui ont d'ailleurs prodigué un conseil important, qu'il tenait à partager. "Ils m'ont dit que si je devais choisir, je ne devais pas payer le loyer. Ils m'ont assuré que je devais avant tout nourrir nos enfants et payer les charges essentielles", explique-t-il. "Je suis dans une situation où je dois choisir entre payer mon loyer et nourrir ma famille. C'est horrible", ajoute-t-il ensuite. "Le CPAS m'a dit que j'en aurais pour six mois à un an si le propriétaire décidait de m'attaquer en justice mais je devrai quand même finir par rembourser ces loyers. C'est bien beau d'avoir une maison, mais je dois pouvoir la payer", réfléchit-il.

Daniel a commencé à chercher du travail. Il a postulé dans différents supermarchés, craignant de ne pas pouvoir reprendre les commandes de son bus d'ici la fin de l'année scolaire. Sans succès jusqu'ici. "Ils ne peuvent pas engager en ce moment. Ils essayent déjà de maintenir l'emploi de ceux qui travaillent pour eux. Je ne peux pas non plus faire de métier à risque, je ne veux pas ramener le virus à la maison pour contaminer mes trois enfants".

Ce virus tue beaucoup de personnes mais il va mettre d'autres personnes dans une misère pas possible

Daniel attend désormais des nouvelles du CPAS de Onhée qui traite son dossier remis vendredi. "Je suis dans l'ignorance totale", regrette-t-il. "Je n'ose même pas toucher aux 700€. Je ne sais même pas si je peux aller faire des courses. Je peux remplir mon frigo ? Ma cuve à mazout ? Est-ce que je peux mettre du chauffage ?", s'interroge-t-il. "Tant que le CPAS ne nous aide pas, nous ne saurons rien faire. On attend", décrit Daniel. 

S'il s'inquiète de sa situation personnelle, Daniel affirme aussi avoir une pensée pour les autres victimes de cette crise. "Ce virus tue beaucoup de personnes mais il va mettre d'autres personnes dans une misère pas possible. Ce sera encore plus grave", affirme-t-il. "On nous impose d'arrêter le travail et le gouvernement n'assume pas. Ils devraient au moins nous donner notre salaire pour pouvoir vivre dignement. Nous n'avons pas demandé à être au chômage. Vous arrêtez de bosser et on vous donne la moitié de ce que vous gagnez normalement. Je comprends que l'on prenne cette décision, mais nous devons pouvoir vivre dignement", ponctue Daniel, qui espère avoir une réponse rapide du CPAS, lui qui attend toujours d'être versé de son chômage temporaire. "Mon syndicat m'a dit que tout était en ordre. Le gouvernement promet un versement rapide, mais j'attends toujours..."

Aide du CPAS: différentes formes possible

Comme expliqué, Daniel devrait aujourd'hui avoir droit à une aide du CPAS. La directrice du CPAS d'Anthée, Roxanne Scaillet, nous a rappelé quelles étaient ces aides et comment les obtenir. "Il n'y a pas de barème de base sauf pour les demande de revenus d'intégration", dit-elle. 

Les situations sont analysées au cas par cas. "Tout dépend de la situation dans laquelle se trouve la personne en question", détaille Roxanne Scaillet. "Si nous estimons que la dignité humaine est atteinte, le CPAS va intervenir. L'analyse se fait sur base de la situation familiale et financière. Nous devons aussi adapter les habitudes de chacun: analyser leurs charges, leurs revenus. Par exemple, si quelqu'un a un salaire trop bas mais qu'il dépense 400€ de téléphone, nous allons essayer d'adapter cette dépense", explique-t-elle.

Mais alors quand exactement peut intervenir le CPAS ? "En général, si quelqu'un gagne moins qu'un salaire minimum, il dispose d'une aide. Elles sont variables, d'une avance financière à la prise en charge de son mazout, des factures d'eau, d'électricité...", nous détaille Roxanne Scaillet. "Il y a deux grandes aides possibles. Les aides sociales, un soutien psychologique ou le payement d'un loyer par exemple. Et puis il y a le droit à l'intégration sociale avec un soutien financier ou une activité professionnelle qui permettent de disposer de ressources. Ces aides varient de 639,27€ pour un cohabitant à 1295,90€ pour un parent avec famille à charge".

Délai légal de réponse de 30 jours mais dans les cas urgents, "une semaine peut suffire"

Le délai de réponse légal est de 30 jours. "Mais nous comprenons que les difficultés sont parfois telles qu'on ne peut pas attendre aussi longtemps. Généralement, en une semaine, nous avons le temps de décider de la suite réservée à une demande", explique Roxanne Scaillet.

Malgré la crise actuelle, les demandes au CPAS n'ont pas encore augmenté de façon considérable à Anthée. "Mais je pense que cela va arriver, les personnes vont seulement subir la situation après avoir perçu leurs indemnités", avertit la directrice.

Cette pandémie a donc des impacts multiples sur la vie de très nombreuses personnes dans notre pays. Et cela ne concerne pas que le domaine médical.

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