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"Où est le repos lorsque mes deux filles se lèvent à 6h pour aller en stage ?": Bénédicte est en colère contre le nouveau calendrier scolaire

C’est en colère que Bénédicte a décidé de nous contacter via le bouton Orange Alertez-nous. Comme tous les enfants de Fédération Wallonie-Bruxelles, ses deux filles de 9 ans et 12 ans seront en congé scolaire à partir de ce lundi 24 octobre pour deux semaines. Oui, vous avez bien lu : deux semaines. Pour la mère de famille, ce nouveau calendrier scolaire aura un impact sur son portefeuille et sur le bien-être de ses filles.

Approuvée en mars dernier par la commission Éducation du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la réforme des rythmes scolaires (voir les détails) continue de faire parler d’elle à l’approche des congés d’automne. Pour cause ? C’est la première fois que des vacances scolaires "se dédoublent". En effet, le nouveau calendrier qui est entré en vigueur en septembre dernier s’appuie dorénavant sur une séquence d’environ 7 semaines de cours (6 au minimum, 8 au maximum), suivies par deux semaines de vacances, et ce tout au long de l’année. Bénéfique pour les enfants ? Bénédicte affirme que non. Elle nous a dressé une liste de raisons pour lesquelles cela porte préjudice aux parents et aux enfants.

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1. Les enfants ne sont pas reposés

"Le prétexte utilisé pour faire passer cette mesure est le repos des enfants. Mais il est où le repos lorsque les enfants doivent se lever à 6h du matin pour aller en stage et rentrer à la même heure que d’habitude ? Il n’y a pas de repos pour ces enfants-là", explique-t-elle. La mère poursuit : "En plus, les institutrices les chargent de devoirs. Après une journée de stage, elles doivent encore continuer à travailler".

Si Bénédicte évoque l’idée de mettre ses filles en stage, c’est parce qu’elle n’a pas le choix. "Je suis maman solo et je travaille. Je n’ai donc pas d’autres solutions pour faire garder mes filles. Même si elles ont 9 ans et 12 ans, je les trouve encore trop jeunes pour rester seules à la maison. Je travaille à 40 minutes de mon domicile, s’il arrive quoi que ce soit, je ne sais pas être là tout de suite."

Pour Bénédicte, cette mesure bénéficie donc aux enfants qui peuvent être gardés par une tierce personne (comme un grand-parent) ou aux enfants dont les parents ne travaillent pas. "Mes filles sont pénalisées. Il n’y a aucun répit pour elles. Elles vont recommencer l’école en étant encore plus fatiguées qu’avant les congés parce qu’elles auront été en stage durant les 15 jours."

2. Les stages ont un coût

Ces stages ont également un coût pour la maman. "L’offre de stage pour la période d’automne n’a pas du tout été étoffée depuis cette nouvelle organisation des rythmes scolaires. Pour les périodes de Toussaint et de Noël, c’est très difficile d’en trouver des stages. Et ceux qui existent sont extrêmement chers. J’ai inscrit mes deux filles pour la Toussaint et j’en ai eu pour 400 euros." Un tarif que Bénédicte ne rencontre jamais pendant les grandes vacances. "Durant les semaines de juillet, par exemple, il y a des pleines communales qui sont très avantageuses financièrement pour les parents. Moi, j’ai deux enfants, trois semaines de plaine, cela me revient à 54 euros."

Une différence de prix qui n’est pas sans conséquence sur son portefeuille. "Je ne peux pas me permettre de dépenser 400 euros toutes les 6 à 8 semaines. Ce n’est juste pas possible. Je suis maman solo, je n’ai pas le budget".

Autre problème que Bénédicte a rencontré : le payement qui valide l’inscription des stages. "Pour pouvoir être assuré d’avoir une place en stage, j’ai dû réserver dès le mois de septembre. Ce qui veut dire que les 400 euros d’inscription se sont rajoutés aux coûts de la rentrée."

Que va donc faire Bénédicte pour les prochaines vacances ? "Pour les congés d’hiver, je suis en train de cumuler des heures supplémentaires pour pouvoir avoir congé pendant 15 jours et ne pas devoir mettre mes filles en stage. Le mois dernier, j’ai fait 17 heures supp’".

Un pot d’heures supplémentaires que la mère de famille va consommer… à cause des stages de Toussaint. "Pour pouvoir conduire mes filles au stage, je dois faire des heures supp’. Il n’y a pas de garderie avant 8h et je commence le boulot à 8h. Pareil pour le soir, je dois également venir chercher mes filles à 17h30."

Je n’ai pas osé les mettre dans une activité statique de peur que le local ne soit pas chauffé

Les vacances d’été seront également rabotées à 7 semaines à la suite de la réforme des calendriers scolaires. "Pour cet été, c’est également la grande interrogation. Je ne sais pas à quelles dates les plaines communales de juillet vont avoir lieu. Je pose toujours mes congés en fonction de ces plaines-là parce que ça me fait économiser de l’argent. Mais il faut savoir qu’en plus, je bosse dans le secteur de la construction. Il y a donc des fermetures collectives. Ce qui fait que je n’ai pas vraiment le choix de mes congés non plus."

Abandonner l’idée des stages ? "Je commence à l’envisager par la force des choses, mais comme je l’ai déjà dit, je les trouve encore un peu jeunes. Idéalement, je préférerais qu’elles soient encadrées."

Une chose est certaine : les filles de Bénédicte iront bel et bien en stage à partir de lundi. "Là aussi, j’ai envie de rajouter quelque chose. J’ai pris un stage en multisports parce qu’avec la hausse des coûts de l’énergie, je ne suis pas sûre que les salles soient chauffées vu le coût de l’énergie. Elles auraient été plus intéressées par de l’artistique, mais je n’ai pas osé les mettre dans une activité statique de peur que le local ne soit pas chauffé."

En clair, pour Bénédicte, les stages sont un gouffre organisationnel et financier. "Le repos est peut-être pour les enseignants, mais pas pour les enfants."

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