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"Cédés sur des parkings", abandonnés une fois adultes: les furets manquent-ils d'encadrement en Belgique ?

Christine a poussé le bouton orange Alertez-nous pour dénoncer le manque de cadre légal autour de l’adoption de furets en Belgique. Ce petit animal de compagnie est de plus en plus à la mode chez les jeunes mais n’est pourtant pas si facile à élever et à apprivoiser. Pour cette propriétaire d’un refuge pour furets, leur commercialisation reste problématique et non sans risque. Elle demande donc qu’une législation adaptée soit mise en place.

"Le furet : le grand oublié au niveau de la législation belge. Alors que cet animal plait énormément aux jeunes, il n’existe aucune réglementation en matière d’élevage", nous écrit Christine via le bouton orange Alertez-nous.

Cette passionnée de furets tient un refuge leur étant dédié depuis plus de 20 ans du côté de Rebecq, dans le Brabant wallon. Elle se bat quotidiennement pour la protection de ces petits animaux à quatre pattes qui, selon elle, sont commercialisés sans aucune règlementation. "Beaucoup de particuliers les vendent comme ça, tout petits, sans aucune explication. Ils sont vendus en passant par les réseaux sociaux et sont cédés sur des parkings sans aucune garantie de bonne santé", déplore-t-elle.

Une fois qu’ils deviennent matures, les gens ne les gardent pas

Si d’apparence, le furet semble calme et dormeur, il est en réalité une vraie boule d’énergie qui demande pas mal d’attention et qui adore jouer et se dépenser. "Minimum 2 heures par jour, voire 3 ou 4 heures", informe Christine. Pour les adoptants, cela peut vite constituer un frein. "Une fois qu’ils deviennent matures, ils doivent être stérilisés mais les gens ne les gardent pas. D’abord parce que le comportement change, l’odeur devient ingérable et ils n’ont plus envie de sortir cet argent, en tout cas pour les opérer parce que ça coûte quand même la même chose qu’une stérilisation pour les chats", souligne-t-elle. Pour un mâle, cela tourne en effet autour de 90 euros pour l’opération, mais pour une femelle, cela peut monter jusqu’à 150 euros.

Résultat ? "Nous récoltons les ‘invendus’ et les plaintes des particuliers ayant achetés via les réseaux sociaux. Depuis début juillet, le refuge ne désemplit pas et compte une quarantaine de furets à nourrir et à soigner", poursuit Christine, de la Ligue Nationale pour la Protection du furet.

Pour cette gérante de refuge, le problème pourrait pourtant être réglé en trois points : exiger l’identification à puce, obliger la stérilisation et interdire les élevages clandestins et la vente sur les réseaux sociaux.  

Les réseaux sociaux truffés d’arnaques

Un furet peut être vendu plus de 300 euros via les réseaux sociaux. Une pratique jugée illégale pour notre interlocutrice qui pointe le manque de cadre légal en Belgique pour la détention d’un tel animal de compagnie. "Pour les chiens, il est obligatoire de les faire pucer et de les enregistrer au nom d’un propriétaire, cela ne constitue pas une obligation pour les furets. On le fait bien pour les chiens et les chats donc pourquoi pas pour les furets puisque c’est quand même le troisième animal de compagnie ?", se demande-t-elle.

Et à travers les réseaux sociaux, les mauvaises expériences sont si vite arrivées lorsque l’on tombe sur des personnes qui font de la reproduction dans le seul but de se faire de l’argent. Sabrina, une propriétaire de furet, en a malheureusement fait les frais il y a quelques années. "C’était soi-disant un furet mais en fait, c’était un futois, se souvient cette habitante d’Ottignies-Louvain-la-Neuve. Il s’agit d’un mélange entre un furet et un putois mais on me l’avait vendu comme étant un furet. J’ai dû m’en séparer parce qu’elle était assez dangereuse par rapport aux autres furets que j’avais à l’époque. Elle était très dominante, très agressive pour l’humain."


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Sabrina n’a pas hésité à dénoncer cette arnaque pour éviter que d’autres personnes se fassent avoir. Et elle nous assure aujourd’hui qu’elle ne passe plus que par des associations. C’est d’ailleurs ce qu’elle a fait pour adopter son petit Booba, âgé de 3 ans. "En association, ils sont sociabilisés avec leurs congénères, ils sont éduqués à la propreté, stérilisés, pucés… Au moins, l’animal est en ordre et on est sûr", dit-elle.

"Il faut être très responsable pour avoir un furet et surtout bien se renseigner, poursuit-elle. Quand l’animal ne connait pas, il peut mordre. Ce n’est, par exemple, pas du tout un cadeau adapté pour les enfants. Moi j’adore le furet et j’ai appris à le découvrir en me renseignant énormément sur Internet. Et quand je me suis sentie prête, je me suis lancée."

Booba a besoin de jouer plusieurs heures par jour. Il mange des croquettes spécialisées et utilise une litière adaptée. Comptez une quarantaine d’euros par mois. L’adoption, quant à elle, se fait sous convention. Pour un jeune furet, il faut débourser 370 euros tout frais compris.


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C’est pour toutes ces raisons que nos interlocutrices estiment que l’adoption de ces petits mammifères doit être davantage règlementée. Nous avons posé la question au cabinet de Céline Tellier, Ministre wallonne en charge du Bien-être animal, qui nous assure que la législation concernant les conditions d’élevage et de commercialisation des animaux de compagnie "tient bien compte des furets."

"Les conditions générales s'appliquent aux furets et des dispositions spécifiques sont également prévues, notamment concernant les dimensions minimales pour les cages", nous dit-on. Pourtant, lorsqu’on lit cet Arrêté royal du 7 avril 2007, il ne fait pas réellement mention des furets, sauf en effet pour préciser la taille minimale de leur cage.

Le cabinet de la ministre indique cependant que "cet Arrêté du Gouvernement wallon est en cours de révision. L’objectif est de renforcer les conditions d'élevage et de commercialisation des animaux, dont les animaux de compagnie. La troisième lecture du texte est prévue pour la fin de l’année."

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