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A 25 ans, Griet pourrait devenir LA star belge du MMA: "Je veux juste me battre"

Cette Bruxelloise est l’une des rares femmes à pratiquer le MMA (les arts martiaux mixtes) de manière professionnelle en Belgique. Encore invaincue dans "la cage", elle rêve de pouvoir vivre de sa passion. Elle s’est confiée à RTL info.

"Je veux juste me battre", lâche Griet. A la veille de son combat, la Bruxelloise de 25 ans se sent prête. La jeune femme originaire de Brakel en Flandre orientale fait partie de la poignée de pratiquantes professionnelles de MMA en Belgique, les fameux arts martiaux mixtes. Ces combats sont très spectaculaires car ils permettent de coller au plus près des vrais batailles de rues. Cela fait dix semaines qu’elle s’entraîne sans relâche, quasi tous les jours. Alors maintenant, la jeune femme décompte les heures et les minutes: "J’en ai marre de la préparation. Je suis calme parce que je sais que je suis prête, mais nerveuse parce que je dois encore attendre".

Apparu au début des années 90, le MMA est une discipline relativement récente. C’est un sport de combat complet qui mélange de nombreuses techniques propres aux différents arts martiaux (karaté, boxe, lutte, jiu-jitsu brésilien, judo) et qui se pratique dans un ring sécurisé, une "cage". Il permet de simuler un combat réel dans la mesure où il peut avoir lieu partout, que ce soit debout ou au sol.

Titulaire d’un master en éducation physique, Griet Eeckhout a décidé de se concentrer sur le MMA, il y a trois ans, justement pour son côté complet. Mais elle a commencé le sport bien plus jeune, vers 12 ans, avec le jiu-jitsu brésilien (un art martial qui fait la part belle au combat au sol), avant de se tourner vers la boxe thaï. Sourire aux lèvres, la jeune femme se souvient encore de son premier combat de jiu-jitsu et surtout de la fierté de ses parents.


Un sport d’hommes?

Cette discipline, comme de nombreux sports de combat, attire de plus en plus. En Belgique, difficile d’avoir des chiffres officiels sur le nombre de pratiquants. Il existe bien deux fédérations: une néerlandophone et une francophone, la BMMAF, la Fédération belge des arts martiaux mixtes. Mais celles-ci ne sont pas reconnues, elles ne bénéficient donc pas de subsides. Pour Ludo Boulvin, le président qui a créé la Fédération francophone il y a plus de dix ans, cette reconnaissance n’est qu’une question de temps, l’évolution est en marche. "Le MMA est encadré et réglementé. Il faut juste que les gens l’acceptent et se rendent compte qu’il mérite d’être considéré comme les autres sports", explique-t-il. En 2016, 670 personnes se sont affiliées à la BMMAF en Communauté française mais il y a sans doute beaucoup plus de pratiquants car ils ne sont pas obligés de s’y inscrire.




Quant aux femmes, elles sont très peu nombreuses à exercer ce sport. Dans le club de Griet à Woluwe-Saint-Lambert en région bruxelloise, elles ne sont que deux sur une trentaine de personnes. "Ça reste un sport de mecs. Il y a encore cette image du mâle dominant qui veut juste frapper. Mais ici dans mon équipe, les hommes sont respectueux", affirme Griet.

Ce samedi 8 avril, Griet et son adversaire britannique seront les têtes d’affiche d’un gala de MMA organisé à Mont-Saint-Guibert. Son manager et organisateur de l'événement, Chris, espère ainsi montrer que la qualité des combats chez les femmes est tout aussi élevée que chez les hommes. "Le sport, dans les grandes lignes, a une mauvaise image et donc quand on en parle à des gens qui ne l’ont jamais vu, ils s’en tiennent à des stéréotypes de sport très brutal, très violent, avec des athlètes sans cervelle. Nous, on essaye de travailler sur ça, de véhiculer une image très positive", déclare Christopher Genachte.


"Les gens voient ça comme deux animaux qui se battent en cage"

Les combats se déroulent dans un ring sécurisé, une "cage", ce qui renforce encore le côté spectaculaire et violent du MMA. Mais il s’agit avant tout d’une question de sécurité. "Les gens voient ça comme deux animaux qui se battent en cage alors que la cage a été construite pour la sécurité des athlètes". "Comme il y a de la lutte en MMA, si on fait ça sur un ring, les athlètes peuvent tomber entre deux cordes et c’est là où ça peut devenir très dangereux. La cage, on ne peut pas vraiment passer à travers", précise Chris. 

D’après ses adeptes, le MMA serait moins dangereux que des sports comme la boxe. "Si on prend la boxe anglaise ou le kick-boxing par exemple, un athlète peut subir un KO et si dans les 10 secondes, il reprend ses esprits, le combat va continuer. En MMA, s’il y a un KO, l’arbitre arrête le combat et automatiquement l’athlète sera médicalement suspendu pour deux mois", précise Chris Genachte.

Même son de cloche du côté de la Fédération belge des arts martiaux mixtes qui avance ses chiffres: en dix ans, une cinquantaine d’évènements et 2.500 combats organisés, elle a recensé une douzaine d’interventions médicales. "Après, on ne le cache pas, ça reste un sport où on peut se faire frapper dans le visage et c’est jamais très bon pour le cerveau. Mais, on est très loin des statistiques des sports extrêmes", souligne Chris Genachte.

Pour Griet, ces risques sont balayés par une motivation et une volonté à toute épreuve. A la base, la jeune femme s’est tournée vers les arts martiaux pour se prouver qu’elle était forte et qu’elle pouvait le faire, mais elle avoue avoir déjà eu peur: "Oui, surtout lors du premier combat. Ce n’est pas la même chose qu’à l’entraînement... En entrant dans la cage, c’est différent. L’autre fait tout pour te casser", confie Griet qui dit se sentir mieux, à chaque combat. Il n’empêche, la Bruxelloise est pleinement consciente des risques: "Ma famille s'inquiète parfois pour moi. On prend des coups, oui, il y a des risques". Mais pas de quoi la dissuader de poursuivre: "Je suis là pour gagner évidemment. Ce que je veux, c’est pouvoir montrer les techniques que j’ai apprises. Et si quelque chose arrive, c’est comme ça. J’ai déjà eu un coude cassé, des hématomes et des problèmes de cheville. En fait, j’ai plus peur de me blesser à l’entraînement".

 
(c) One Punch


"Profiter du moment"

Une des plus grandes difficultés pour elle est de combiner sa vie professionnelle (elle est coach sportive dans une salle de fitness de Schaerbeek) et ses entraînements. "Je suis toujours fatiguée. Mais heureusement, je ne travaille plus qu’à mi-temps depuis deux semaines et ça me fait du bien. Le repos est très important, parfois encore plus que les entraînements, sinon le corps et la tête ne suivent plus".

Comme tous les sportifs, elle traverse des moments de doute. "Parfois, quand l’entraînement se passe mal, c’est dur, je me demande pourquoi je fais ça. Je pourrais faire ce que je veux, voyager,... Mais je ne veux pas avoir de regrets et arrêter maintenant, ce serait du gâchis, parce que les choses commencent vraiment à bouger". Ses plus grandes qualités? D’après ses entraîneurs et partenaires, son sang-froid et sa détermination. "Elle a un côté très très calme mais quand il faut, elle se transforme en tigresse", commente Uriel Albamonte.

En matière de nutrition, il n’y a pas de règles. La seule restriction, c’est le poids que les athlètes ne doivent pas dépasser la veille de la compétition car ils sont pesés. En ce qui concerne Griet, elle est vegan par choix (elle ne consomme pas de produit issu des animaux) et elle suit un régime strict.

Des efforts et des sacrifices pour réaliser son rêve: celui de pouvoir vivre de la pratique du MMA. C’est le cas d’un seul Belge pour l’instant, Tarec Saffiedine, qui a intégré la prestigieuse UFC, la plus grande promotion de MMA au monde. Avec trois victoires et zéro défaite, le profil de Griet commence à être intéressant. C’est pourquoi la jeune femme vient de signer avec le TKO, la promotion la plus importante au Canada. Sourire aux lèvres, Griet essaye de décrire la sensation qu'elle éprouve lorsqu’elle pénètre dans le ring sécurisé: "Je suis bien parce j’ai fait tout ce que je pouvais, plus rien ne peut se passer, je veux juste... profiter du moment".

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