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Sandra a dû attendre plus d’un mois et de longs coups de fil avant de recevoir ses allocations de chômage temporaire

Le coronavirus en Belgique et le confinement sont à l’origine de très nombreuses demandes de chômage temporaire. La ministre parlait de plus d’un million de personnes concernées. Comme d’autres travailleurs, Sandra (nom d'emprunt) a dû attendre longtemps avant d’être enfin payée. Les syndicats assurent qu’il n’y a quasiment plus de délai pour les dossiers complets.

Le mari de Sandra a partagé via le bouton orange Alertez-nous son désarroi concernant l'attente d’allocation de chômage temporaire. Le Bruxellois a introduit la demande en ligne pour sa femme auprès du syndicat libéral, la CGSLB. Pour rappel, en Belgique, les syndicats prennent en charge le paiement des allocations pour une grande partie des chômeurs. Il existe aussi un organisme public, la CAPAC (Caisse auxiliaire de paiement des allocations de chômage), pour celles et ceux qui ne veulent pas passer par un syndicat.

Un mois après la demande, l'époux ne trouve aucune trace de son document. Il a appelé mais sans guère de succès, selon lui : "C'est très très compliqué, il y a un délai d'attente d'une heure à plus de deux heures parfois et quand vous avez la chance de tomber sur quelqu'un, vous êtes transféré vers un autre numéro et la ligne se coupe", affirme cet homme.

Le lundi matin 27 avril, il était résigné en écrivant à notre rédaction : "Ma femme n'a donc pas reçu d'indemnités pour le mois de mars et elle ne va probablement pas en recevoir pour avril".

Le chômage temporaire a explosé en raison de l’épidémie de coronavirus. Au début du mois d’avril, notre pays comptait plus d’1,25 million de personnes ayant introduit une demande de chômage temporaire, l’équivalent de près d’un ouvrier ou employé actif sur trois, d’après les chiffres donnés par la ministre fédérale de l’Emploi, Nathalie Muylle.

La procédure

Pour bénéficier du chômage temporaire, l'employeur doit mentionner sur la déclaration électronique du risque social (DRS) scénario 5 "Déclaration mensuelle d'heures de chômage temporaire ou de suspension employés" que le travailleur est mis en chômage temporaire pour force majeure en raison du coronavirus.

De son côté, le travailleur doit introduire une demande d'allocations auprès de l'organisme de paiement de son choix (soit l'organisme public, à savoir la CAPAC, soit l'organisme de paiement d'un syndicat, à savoir la FGTB, la CGSLB ou la CSC). L'organisme de paiement constituera son dossier et l'introduira auprès de l'ONEM, l'Office national de l'Emploi. L’organisme de paiement peut effectuer le versement sur la base de la demande d'allocations de l'employé et de la déclaration de l'employeur, sans devoir attendre une décision de l'ONEM.

Combien de dossiers traités ?

Pour mars, l'Onem, l’Office national de l’Emploi, recense provisoirement déjà 560.974 personnes de 84.624 entreprises différentes qui ont reçu un paiement de chômage temporaire en raison des mesures Covid-19. L’office note encore que ces personnes indemnisées ont reçu leurs allocations pendant les sept premiers jours ouvrables du mois d’avril: "Ces chiffres montrent que, suite à la crise, les employeurs et les secrétariats sociaux, d'une part, et les organismes de paiement, d'autre part, ont fait des efforts sans précédent dans des circonstances plus difficiles que d'habitude." L’Onem souligne également que les paiements effectués quotidiennement par les organismes après Pâques ne sont pas encore pris en compte dans son relevé. Compte tenu des données disponibles, "le nombre total de paiements pour le mois de référence de mars est estimé à un peu plus de 900.000 personnes".


Combien de dossiers n’ont pas encore été traités par les syndicats ?

La CGSLB, le syndicat de Sandra, déclarait fin avril avoir payé 97% des demandes de chômage temporaire reçues en mars. L’organisation indique que les 3% restants sont des dossiers incomplets, soit l’employeur n’a pas rentré de déclaration, soit il en a rentré plusieurs.
Le syndicat déclare encore qu’il "ne peut quantifier le nombre de travailleurs qui n’ont pas rentré de demande ou qui l’ont rentrée électroniquement sans recevoir de confirmation que l’opération s’est bien effectuée".

La CSC, le syndicat chrétien, affirmait fin avril avoir indemnisé plus de 300.000 personnes pour le mois de mars, soit dix fois plus que lors d’un mois normal. 2% des paiements ne sont pas encore effectués, "car leur complexité nécessite un traitement manuel approfondi (employeurs multiples, combinaison avec d’autres types de chômage sur le mois...)".

Le syndicat socialiste FGTB annonçait pour sa part avoir procédé au paiement de plus ou moins 275.000 personnes fin avril et que tous les dossiers complets ont été traités. Il évalue à environ 1% les demandes non réglées, notamment en raison de données manquantes.

Y a-t-il des problèmes dans le traitement des dossiers ?

Le syndicat CGSLB explique avoir dû absorber un surcroît de travail. "Des collègues ont dû être formés en urgence pour le paiement de ces allocations. Nous estimons à 30 ou 40 % le volume de travail effectué par ces personnes", souligne le porte-parole, Didier Seghin.

Celui-ci reconnaît que parfois la communication est compliquée : "Nos capacités de répondre par téléphone, par courriel ou par Facebook ont été parfois dépassées, car chaque réponse demande plusieurs minutes, le temps de comprendre le problème et de demander tous les renseignements indispensables à la confection du dossier. Nos collaborateurs ont effectué de nombreuses heures supplémentaires pour accélérer le processus".

La CSC déclarait fin avril qu’il n’y plus de délai d’attente pour les nouvelles demandes qui arriveraient pour le mois d’avril. Tout le personnel de l’organisme de paiement du syndicat a été mobilisé pour gérer les dossiers.

Le syndicat socialiste dénombre entre 750 et 800 personnes affectées au traitement des dossiers. Il assure ne pas connaître de retards dans la gestion des dossiers, en tout cas quand ceux-ci sont complets. "Dès que le dossier est complet, le paiement est effectué dans les 24 heures", souligne Nicolas Deprets, le porte-parole.

Celui-ci indique encore que l'un des principaux manquements observés dans les demandes est le fait pour un employeur de remplir plusieurs déclarations, alors qu'il ne doit en remplir qu'une seule.

Que s’est-il passé avec le dossier de Sandra ?

Sandra affirme avoir reçu un accusé de réception de sa demande. Après vérification, son syndicat, la CGSLB, explique ne pas avoir retrouvé de trace de ce document. Peut-être a-t-il été perdu dans les limbes de l’informatique ? Le porte-parole n’exclut pas cette éventualité. En attendant, son cas a été réglé, à la grande joie du mari de Sandra: "Votre intervention a débloqué la situation. Un employé de la CGSLB m'a contacté le même jour, il s'est excusé pour la gêne occasionnée et a fait le nécessaire pour enregistrer la demande directement par téléphone. Il m'a également expliqué que ce genre de problème n'était pas exclusif à la CGSLB et que tout les syndicats étaient impactés", nous a-t-il dit.

"Les paiements d'avril exigeront moins d'introduction de données, ils devraient s'effectuer bien plus rapidement", assure Didier Seghin.

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