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Yves perd 23.000 euros à cause d'une fraude bancaire inexplicable: "La police n'avait jamais vu ça !"

Difficile de ne pas avoir une boule au ventre lorsqu’on lit un montant pareil. Et pourtant, vous l’avez bien lu. À cause d’une fraude que même les experts de la banque ING n’arrivent pas à comprendre, Yves s’est fait détrousser de 23.000 euros. Une somme importante, même si pour la première fois depuis plusieurs années, les sommes totales "volées" et connues par la fédération du secteur financier sont en baisse.

Comment ne pas faire un malaise quand on se rend compte d’un tel événement ? Yves, habitant de la commune d’Evere, a souhaité contacter la rédaction de RTL Info, via le bouton orange Alertez-nous, pour raconter la terrible histoire qui lui est arrivée. Il souhaite aussi prévenir des dangers qui peuvent nous arriver si l’on est mal informé.

"L’histoire commence en janvier lorsque ma carte ne fonctionne plus. On m’indique que le code que j’entre est le mauvais. J’appelle ma banque, on m’explique que ça peut arriver et on m’envoie une nouvelle carte et un nouveau code", explique Yves. Jusque-là, rien d’exceptionnel.

"Un gros mois plus tard, rebelote, ma carte se bloque à nouveau pour rien. Cette fois, je décide d’aller vérifier moi-même dans un terminal d’ING, et effectivement, la carte se bloque au bout de trois fois, mais n’est pas avalée, ce qui est étrange… Seulement, ma banque m’explique que dans son logiciel, la carte est encore active et n’a pas été bloquée".

Un enchaînement de bizarreries qui n’inquiète pourtant pas outre mesure Yves. Jusqu’à la réception d’un étrange SMS, qu’il reçoit à 1 h 47 du matin. "ING Info : votre numéro de GSM a été modifié, appelez si jamais ce n’est pas vous". "Puisque je dormais, je n’ai pas pu répondre à ce message, et donc la banque a considéré que ce changement était de mon fait", estime notre alerteur. "D’après les experts en fraude, le cheval de Troie a dû être placé à ce moment-là".

La police m’a dit qu’elle n’avait jamais vu ça !

Des fraudeurs "professionnels"

Yves serait tomber sur des fraudeurs d’un niveau professionnel. "Lorsque j’ai déposé ma plainte au commissariat, la policière, qui était très compréhensive, et qui voulait vraiment rentrer dans le détail, m’a dit qu’en 20 ans de métier, elle n’avait jamais vu ça".

Les fraudeurs, par ce stratagème toujours incompris, ont réussi à s’infiltrer dans l’application bancaire ING d'Yves. "Quand je reçois à nouveau une nouvelle carte, arrive également un SMS de la banque qui me dit d’envoyer un SMS pour avoir le code, avec le numéro que j’ai renseigné et qui finit par 39. Or, mon numéro termine par 26 ! Les fraudeurs ont changé le numéro que j’avais noté dans l’application, donc ce sont donc les fraudeurs qui reçoivent mes SMS bancaires".

Une histoire totalement rocambolesque, mais qui ne s’arrête pas là. "Peu après, je regarde dans mes comptes, et je m’aperçois que des virements ont été effectués, tous vers la Hollande, pour un total de 14.000 euros ! Je suis alors stupéfait".

Attention aux fonctionnalités de Card Stop

Après la stupeur, Yves décide qu’il faut agir. Il appelle immédiatement Card Stop, le service bloque sa carte et il se croit, à tort, à l’abri de toutes autres transactions. En effet, comme l’explique Isabelle Marchand, porte-parole de Febelfin, Card Stop ne fonctionne que sur… les cartes. "Lorsqu’on active Card Stop, seule la carte bancaire est bloquée. Les comptes en banque restent disponibles. Pour bloquer un compte, il faut passer par sa banque qui, elle seule, a le pouvoir de bloquer cela".

Mais ça, Yves ne le savait pas. Il pensait qu’en bloquant sa carte, son compte serait hors d’accès également. Le lendemain, plus de 8.000 nouveaux euros sont subtilisés de son compte en banque. "A partir de ce moment-là, je fais un petit scandale à la banque et on me bloque enfin temporairement mon compte. Le résultat de ces fraudes est que 22.361,91€ m’ont été volés !".

Un rappel à la "prudence élémentaire"

Du côté de la banque ING, on déplore la situation délicate dans laquelle se trouve Yves. On tient également à rappeler des éléments de "prudence élémentaire" à appliquer en cas de doute lorsqu’on reçoit un message dont on peut supposer qu’il vient de sa banque.

En cas de doute, "il y a deux choses à faire: appeler Card Stop et appeler sa banque", précise le responsable de la prévention chez ING. Pour lui, le client a forcément du, à un moment donné, communiquer des codes, car "l'application ING Banking n'a jamais été piratée, elle est protégée dans sa conception, quand elle est en ligne et même après, on teste sa conception". 

"ING ou les autres banques n’envoient jamais de lien vers leur banque en ligne dans un SMS, un courriel, WhatsApp ou tout autre messagerie instantanée", rappelle ING via son porte-parole, Renaud Dechamps. "Ensuite, ne pas cliquer sur un lien reçu. Si vous souhaitez vérifier, tapez le lien vous-même dans une nouvelle fenêtre de votre navigateur ou utilisez votre propre app bancaire".

La banque tient aussi à rappeler les gestes utiles en cas de fraude sur votre compte : si vous êtes victime d’une fraude, envoyez un e-mail à fraude@ing.be ou appelez le 02 464 60 02 le plus vite possible.

Après cette triste affaire, une plainte a été déposée par Yves et selon ses dires, la conclusion de l’histoire serait en bonne voie, même si l’homme attend toujours la quasi-intégralité de la somme. "Pour le moment, je n’ai reçu que 900 euros sur les 23.000. Le reste devrait arriver d’ici fin mai maximum, si tout va bien…"

Des chiffres rassurants

Le nombre de tentatives de fraude par phishing reste élevé, et aucun secteur n'est épargné, mais le nombre de cas de phishing réussis est en baisse, nous apprend Febelfin dans un récent rapport. En 2021, 9 millions d'euros de moins ont été volés par le biais du phishing par rapport à 2020. Cela représente une baisse de plus de 26 %, même si on parle des sommes volées "connues", donc lorsqu'il y a une plainte auprès de la banque ou la police. 

"On observe toutefois un virage important vers de nouvelles formes de fraude, telles que la fraude à l’investissement, à la facture, à la demande d’aide ou aux comptes à sécurité renforcée dans lesquelles les victimes sont poussées à transférer elles-mêmes de l’argent", poursuit la fédération.

"Les banques ont développé différents systèmes pour garantir la sécurité des transactions, comme par exemple l’authentification en deux étapes pour les services bancaires en ligne et mobiles. Le monitoring intensif permet aussi d’éviter une grande partie des dommages : environ 75% de tous les virements frauduleux dus au phishing ont été détectés et bloqués ou récupérés", conclut-elle. Ce qui explique aussi la baisse des montants "volés" par les escrocs, au-delà de la prévention effectuée à travers les médias, notamment. 

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