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De la surprise à l'évidence: l'arrivée d'Eric Roy à Brest pour une mission maintien de six mois avait étonné mais pas sa confirmation sur le banc pour une nouvelle saison de L1, tant la greffe semble avoir bien pris.
Cueillis à froid dès la fin août 2022 par une monumentale rouste (7-0 contre Montpellier), les Brestois ont traîné leur peine durant des mois, flirtant sans cesse avec la zone rouge.
Et après le limogeage de Michel Der Zakarian début octobre, le directeur sportif Gregory Lorenzi a mis trois mois à lui trouver un successeur, pendant qu'un trio d'anciens (Julien Lachuer, Bruno Grougi et Yvan Bourgis) tentait de regonfler le groupe.
Profil recherché: un jeune entraîneur capable d'insuffler des idées nouvelles. Forcément, l'irruption début janvier d'Eric Roy, 55 ans, qui n'avait plus entraîné depuis un passage sur le banc à Nice il y a plus de dix ans, a été accueillie avec scepticisme.
Mais l'intéressé ne s'y est pas attardé, pas plus que sur sa frustration de ces longues années sans trouver de banc. Il a insisté sur son plaisir de retrouver le terrain, sur l'environnement sain du club où les rôles sont bien délimités et surtout sur sa confiance dans les qualités de son groupe.
Ca n'a pas été brillant tout de suite: "Au début, il a fallu se rassurer, avec un bloc équipe un peu plus bas, pour se sentir bien costaud tous ensemble", a-t-il raconté à la presse.
En début de saison, les Brestois encaissaient plus de deux buts par match. Sous Roy, la moyenne a été divisée par deux. Et "avec les résultats et la confiance, on a fait remonter le bloc équipe sur le terrain".
Poussés par un public exemplaire, les "Ty Zefs" ont finalement fondé leur maintien sur une série de cinq victoires d'affilée à Francis Le Blé, se payant ensuite le luxe d'aller gâcher les 30 ans du sacre européen de l'OM en s'imposant 2-1 au Vélodrome.
"Il a apporté un nouveau souffle, un nouvel élan, une fraîcheur, son jeu, sa dynamique, son discours. Il était en mission, c'est mission réussie", avait résumé en fin de saison le milieu Pierre Lees-Melou.
- Adaptation permanente -
"C'est super, mais on tourne la page", a prévenu Roy à la reprise. Fini l'urgence, place à la construction.
Dans ce cadre, il entend travailler de nouveaux schémas tactiques, pour permettre à ses joueurs de "créer l'incertitude chez l'adversaire" en sortant, par moments, du 4-3-3 qui leur a réussi ces derniers mois.
"Il va y avoir du travail, ça va se faire de manière studieuse, travailler avec sérieux sans se prendre au sérieux", a-t-il expliqué.
D'autant que les moyens financiers de Brest restent limités et qu'il faudra toujours s'adapter, en renonçant aux joueurs que le club ne pourra pas faire venir, et en se passant de ceux qu'il ne pourra pas garder.
Mais l'entraîneur qui souhaitait à son arrivée une équipe "emmerdante à jouer" tient désormais à entretenir le lien précieux avec les supporters en leur proposant une équipe qui "leur corresponde".
"Une équipe dynamique, qui met du rythme, qui s'engage, qui se projette, qui joue au ballon tout simplement", a-t-il expliqué. Sans partir à l'aventure, mais en prenant "sa chance à fond" pour parvenir, sur un match à "bousculer n'importe quelle équipe".
Mais il garde un optimisme mesuré. Sous sa houlette, si l'on ne prend en compte que les matches depuis son arrivée, Brest était 11e de L1. Comme la saison précédente sous Michel Der Zakarian, qui n'a tenu que deux mois la saison suivante.
"Le métier est de plus en plus difficile, de plus en plus instable. Pour moi, ça a très bien marché pendant cinq mois mais on sait que ça peut aller très vite dans l'autre sens aussi", a-t-il reconnu.