De Clercq se souvient avec émotion de sa chute. "Je roulais à moins de 10 kilomètres heure lorsque ma roue avant à laché. Je suis tombé sur ma hanche. Les dégâts étaient importants, alors que j'avais parfois chuté sans conséquences fâcheuses à 70 kilomètres heure dans des sprints. Ici je suis passé à travers ma jambe quand j'ai voulu me relever, et suis resté couché sur le sol. Je ne pouvais presque plus bouger. Ensuite j'ai dû rester immobile pendant deux mois..."
A sa remontée sur le vélo lors d'un stage à Majorque, De Clercq avait plein de projets dans la tête (le Dauphiné, voire même le Tour). Mais les choses ne se sont pas passées comme espéré. "La douleur était trop forte", explique-t-il, "même à pied. Je devais m'arrêter deux fois pour marcher 300 mètres...".
Après des mois d'analyses et de consultations, il a donc finalement été décidé de greffer une hanche artificielle, mais "sans aucune garantie", en septembre dernier. "Le docteur m'a dit que si j'avais été footballeur ou marathonien, c'était fichu. Mais comme cycliste, peut-être pas. Cela pouvait peut-être réussir. Mais de toute façon je n'avais pas le choix car je ne pouvais pas continuer à vivre sans être capable de me déplacer normalement de cent mètres. Ce qui n'est à présent plus le cas. Je me sens en effet beaucoup mieux. Je n'ai certes pas la même force dans les deux jambes, mais c'est normal. Je dois juste retrouver la masse musculaire perdue. On va y travailler ces prochains mois..."
"Il y a eu des moments difficiles"
Bart De Clercq n'a cependant jamais songé arrêter. "Même s'il y a eu des moments difficiles", admet-il. "Mais je n'ai jamais perdu ma motivation. J'ai juste perdu du temps parce qu'au départ, j'avais exclu l'option de la greffe. Ensuite il a bien fallu la valider, et je me sens à présent très bien sur mon vélo. C'est en étant contraint de regarder les courses à la télévision que j'ai senti grandir en moi mon amour pour ce sport, et compris la chance que j'avais de pouvoir en faire mon métier..."
Samedi De Clercq sera le premier coureur pro équipé d'une hanche artificielle. Même si Floyd Landis s'était autrefois fait greffer une demi-hanche, mais n'avait ensuite plus couru à cause de son affaire de dopage. "Il n'y a aucun risque, et je n'ai d'ailleurs pas peur", avoue-t-il. "Cette prothèse sera encore bonne dans deux cents ans, même si je tombe. En principe, du moins..."
Enfin Bart De Clercq n'attend rien de particulier de sa première course sous le maillot Wanty-Groupe Gobert. "Ce sera sans doute parfois un peu difficile au début", admet-il. "Mais tout ira bien après quelques courses, comme lors du stage d'entraînement où tout s'est déjà bien passé aussi. Ma seule ambition pour le moment, c'est de redevenir un vrai coureur cycliste, et de disputer le Tour de France", conclut-il.