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J-100 avant les élections: cinq ans sans avoir voté, est-ce favorable à la démocratie?

Dans 100 jours, les Belges se rendront aux urnes pour la première fois depuis cinq ans. À cette occasion, nous avons reçu Pascal Delwit, politologue à l'université libre de Bruxelles dans le Bel RTL soir.

C'est très rare dans l'histoire politique belge d'avoir attendu 5 ans pour revoter.

Oui, c'est une séquence assez longue sans élection. Depuis la sixième réforme de l'État en 2011, en fait, en principe, il y a un couplage des élections fédérales et régionales puisque la législature fédérale a été allongée d'une année.

On est passé de 4 ans en 5 ans et que, par ailleurs, on avait voté aux élections communales très proches des élections fédérales précédentes. Donc là, c'est une très longue période sans élection. Et désormais, on a de plus longues périodes sans élections ou sans processus électoraux qu'auparavant.

Est-ce que c'est favorable à la démocratie?

Alors, si vous voulez, sur la question du couplage des élections fédérales et régionales, depuis l'instauration du fédéralisme, tantôt, on souhaite le couplage, tantôt, on souhaite le découplage. Donc, on est dans une logique, je dirais, de yo-yo sur ce qui est bien et ce qui n'est pas bien. Après, il y a une réflexion, aujourd'hui, très contemporaine parmi les politologues: il y a une demande plus forte de participation et, paradoxalement, les processus électoraux sont plus espacés.

Donc, s'il n'y a pas, entre deux processus électoraux, des dynamiques de participation, c'est vrai que 5 ans, c'est une longue période sans que les citoyennes et les citoyens aient leur mot à dire.

On n'a pas, entre-temps, mis en place des référendums, ce qu'on aurait pu faire. On n'a pas beaucoup fait d'assemblées citoyennes. On n'a pas, finalement, fait participer le citoyen à la vie politique d'une autre manière.

Non, il y a très peu de processus. Il y a des processus de consultation par des jurys populaires, soit à l'échelle régionale wallonne, soit à l'échelle régionale bruxelloise. Mais d'abord, ça ne concerne qu'un nombre limité de citoyens. Et par ailleurs, ceux qui n'y participent pas sont peu partie prenante à, je dirais, la réflexion sur l'objet qui est en débat.

Et le citoyen, donc, se sent peut-être un peu oublié, et en particulier les jeunes. Ça fait 5 ans que les jeunes n'ont pas voté, ça veut dire qu'il y a des milliers de jeunes qui vont voter pour la première fois. Et ils sont un peu perdus aujourd'hui.

Oui, il y a même des centaines de milliers de jeunes qui vont voter pour la première fois au scrutin de juin, avec pour certains, une certaine connaissance de la vie politique, de la vie sociale, d'un certain nombre de questions qui sont dans le débat, et pour d'autres, quelque chose qui apparaît comme très nouveau, les partis politiques, les candidats aux élections, les candidates aux élections, et parfois une certaine difficulté à se positionner, à se projeter dans l'offre politique qui est présente.

Et comprendre les dynamiques. En particulier, on va voter le 9 juin pour des élections fédérales, pour des élections régionales, pour des élections européennes, même pour les germanophones, pour les élections communautaires. Donc, une certaine difficulté à comprendre les enjeux de ces différents scrutins.

Pourtant, les Belges s'intéressent toujours à la politique. Jamais autant, finalement, il n'y a eu des défis, des débats importants sur des thèmes très importants. On parle notamment au réchauffement climatique, par exemple.

Oui, il y a plein de questions et plein de préoccupations, en particulier la question du pouvoir d'achat, qui est une question très importante. La question du logement, dont on voit qu'elle est de plus en plus prégnante pour beaucoup. La question du dérèglement climatique.

En Flandre, la question des migrations se pose beaucoup à l'agenda. Donc, il y a des questions qui suscitent beaucoup d'intérêts, beaucoup de débats, parfois des débats très polarisés, on l'observe sur les réseaux sociaux.

Avec des positions tranchées, par ailleurs, des partis. Mais à voir s'il va y avoir un lien, une articulation entre l'intérêt qu'il y a pour ces problématiques et la campagne électorale et le choix des électrices et des électeurs.

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Commentaires

3 commentaires

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  • De toute façon, le peuple n'a pas grand chose à dire puisque, peu importe le parti au pouvoir, le peuple ne peut que subir les conséquences des choix des politiques qui rendent la vie des citoyens de plus en plus difficiles parce que leurs priorités n'ont rien à voir avec le bien-être du peuple!

    Hélène Mommer
     Répondre
  • Les Suisses ont constamment des votations même parfois sur des thèmes choisis par eux de temps en temps . Tout ceci se fait par ordinateur presque tout les mois . Mais chez nous tout est compromis donc votre vote reste dans le flou

    Philibert Bernard
     Répondre
  • Ce n'est pas tout les cinq ans que l'on devrait voté, mais après cinq ans de règne du gouvernement. Avec le temps que nos politiciens mettent pour former un gouvernement ,ils sont en campagne électorale tout le temps.

    José Docquier
     Répondre