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Pour alléger la charge du travailleur, faut-il passer à 32 h de travail par semaine, comme le préconise le PS ? Le tout pour le même salaire ?
Cette proposition a été lancée lors du congrès électoral des socialistes francophones ce week-end... et déjà balayée par plusieurs partis flamands et la Fédération des entreprises de Belgique. Alors est-ce que ce projet est réaliste ?
Quatre mois après avoir changé de rythme de travail, Yves, qui travaille dans un garage automobile, le savoure pleinement. Sa semaine commence le mercredi et se termine le samedi soir, après 32 heures de travail.
"Comme j'ai 60 ans, ça me permettra d'avoir une carrière un peu plus longue et d'arriver jusqu'à 67 ans, car nous sommes quand même dans des travaux assez lourds. C'est quelque chose de très positif", note-t-il. Dans ce garage, un tiers de l'équipe bénéficie de cette mesure qui s'adresse aux membres du personnel qui ont plus de 55 ans et 20 ans d'ancienneté. "Il a fallu qu'on adapte les horaires, mais on a aussi engagé un renfort", note Julien Verdbois, responsable adjoint. "L'entreprise va, en plus, bénéficier d'une aide de l'Etat, pour une durée d'à peu près deux ans".
Cette proposition du PS d'installer une semaine de 32 heures, sans perte de salaire, est très critiquée dans le nord du pays mais aussi à la Fédération des entreprises de Belgique, qui trouve cette idée déraisonnable. "Aujourd'hui, toutes les entreprises sont en recherche de main d'oeuvre donc donner le signal que c'est bien de travailler moins alors qu'il y a des pénuries partout, ça n'est pas un bon signal", note Pieter Timmermans, administrateur délégué de la FEB. "Deuxièmement, cela ferait une augmentation des coûts pour les entreprises".
Pourtant, avec l'évolution technologique, la semaine de 32 heures est, à terme, envisageable mais pas applicable à toutes les professions, selon François Pichault, professeur de Gestion de Ressources Humaines. "Une réduction généralisée du temps de travail, toutes professions confondues, est sans doute un rêve. Il y a des métiers où il faudra du manuel, comme dans les métiers de proximité, comme les soins de santé".
Ce qui apparaît aujourd'hui comme une promesse électorale pourrait donc devenir une réalité d'ici 10-15 ans.
En réalité, si on regarde ce qui se fait dans des pays plus avancés technologiquement comme le Japon, on peut parfaitement automatiser une partie des soins de santé. La robotique permet même d'avoir une qualité de soin bien meilleure on observe que les patients sont plus heureux et mieux gérés. Pour ce qui est des jobs "non-indispensables", aucun ne l'est.
Thierry Frayer