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Faute de place dans un abri de nuit à Arlon, c'est un tirage au sort qui désigne qui aura un toit: "C'est culpabilisant"

Il est 20h30, devant la structure d’accueil et Didier, éducateur, filtre les entrées. Directement à l’intérieur, les bénévoles distribuent de la soupe et des sandwichs aux bénéficiaires. 

Ce soir, l’ambiance est plutôt bonne. La raison : tous les sans-abris qui se sont présentés, ont pu être accueillis. La feuille d’inscription de Didier, n’est donc pas complète. "Il reste encore 4 places chez les femmes et 4 chez les femmes. Mais d’autres soirs, c’est bien différent, où on doit faire un tirage au sort", explique-t-il.

Un tirage au sort nécessaire, car l’abri de nuit ne compte que 22 places : 16 lits pour les hommes, 6 pour les femmes. Plusieurs fois depuis l’ouverture de l’abri début du mois, cette saturation s’est présentée et forcément, elle créé des tensions. 

"Si un couple se présente, et qu’il y a de la place uniquement chez les femmes, la femme pourra rentrer, mais pas l’homme", explique Didier. Ces tensions, elles sont ressenties par les sans-abris. Visage caché, ils nous expliquent ce qu’ils vivent : une incertitude quotidienne de ne pas être accueillis ici. "On est des boules de bowling, on est tiré au sort comme les jeux de hasard, c'est culpabilisant, ce n'est pas correct", note une dame.

Car la population de sans-abri est de plus en plus grande. Sur les 8 mois d’ouverture, Hélène, directrice de l’abri de nuit d’Arlon, voit passer ici 240 personnes différentes et son abri, a déjà été saturé dans le passé, mais jamais si tôt dans l’année : une conséquence des crises sanitaires et économiques. 

"Des gens ont perdu leurs logements, et d’autres personnes pourraient arriver : nous ne sommes pas encore au cœur de l’hiver avec des températures négatives", explique-t-elle. Ici, beaucoup regrettent le manque de moyens, de places et de structures d’accueil. "Des millions de travaux sont organisés pour des parkings… Quand on voit ça, on se dit que le bourgmestre devrait se bouger", note un sans-abri.

Plutôt, notre équipe RTL info a justement rencontré le bourgmestre de cette ville. Pour lui, le problème est qu’Arlon est la seule commune à disposer d’un abri de nuit dans la province de Luxembourg. Il y a donc ici, une concentration de sans-abris. "Lorsque vous avez plus de SDF en ville, cela entraîne un phénomène pas agréable pour eux et pour les autres. Nous ne pouvons pas être les seuls dans la région à s’occuper de cette problématique-là", dénonce Vincent Magnus, bourgmestre d’Arlon.

Selon nos informations : 3,6 millions d’euros vont être débloqués par la région wallonne pour augmenter l’accueil des abris de nuit existants, mais aussi pour en créer de nouveaux, peut-être en province de Luxembourg, où le besoin est criant.  

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