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"J'étais à 3 mètres de la bombe": Christian, consultant bancaire, a été très gravement brûlé dans l’explosion du métro à Maelbeek en 2016

Le 22 mars 2016, Christian et Dominique se rendent au travail en métro. Les deux hommes ne se connaissent pas, même s’ils se ressemblent un peu. L’un et l’autre travaillent dans la finance, ils gagnent bien leur vie, ils sont dans la même rame de métro, celle qui explose à 9h11. Tous les deux sont brulés, au visage et aux mains. Aujourd’hui, ils posent des regards très différents sur le procès qui se tient en ce moment. 

Dominique Denoël a 44 ans. Le 22 mars 2016, à 9h il est dans la 2ème voiture de la rame du métro qui s’arrête à Maelbeek. "A ce moment-là, ma vie c’est un boulot de consultant bancaire. Je me rends dans le quartier financier dans le centre pour aller faire mon boulot de bureau. Je gagne très bien ma vie. Je ne suis pas nécessairement passionné par ce que je fais", dit-il.

J'étais à trois, quatre mètres de la bombe

Christian Manzanza a 37 ans. Il se trouve dans la même voiture au même moment. "J’allais tout simplement au boulot. J’étais plus ou moins à trois, quatre mètres de la bombe. Et je me rappelle être en choc après avoir vu cette proximité".

On revient aux fondamentaux

Dominique est brûlé au visage et aux mains. Il passe 10 jours à l’hôpital puis, après un long moment de réflexion, il change de vie. "Ça met les choses en perspective. Et je me suis dit, je ne vais peut-être pas encore attendre 10 ans pour mettre en marche les choses que j’ai envie de mettre en marche. J’ai acheté des terrains à la campagne pour créer un habitat groupé. L’idée, c’est d’habiter à un endroit avec une surface qui nous permet de cultiver toute une série de choses usuelles. On revient au sol, donc on revient aux fondamentaux", confie Dominique.

Le parcours de Christian est plus sinueux. Le basketteur est gravement brûlé lui aussi, il a un tympan perforé et surtout le sentiment que son existence a explosé en même temps que la bombe.

Une période où la vie n'a plus beaucoup de sens

"J’avais envie de me venger. Mais, me venger contre qui ? Contre quoi ? C’était très difficile. Puis, il y a eu cette période où la vie n’a plus beaucoup de sens. Ma fille est née trois mois après les événements et ça a été quand même un gros plus pour me relancer dans le quotidien, parce qu’en fait c’était comme si on m’avait enlevé une partie de moi-même. Moi, je ne voyais que du noir", souffle-t-il.

L'Etat ne joue pas son rôle d'Etat

Aujourd’hui encore, Christian souffre physiquement, il est toujours suivi par un psychiatre et continue à se battre pour être indemnisé : "C’est sur le point où on voit la fin. On espère. Mais bon, je disais aussi ça il y a deux ans. Et ce n’est toujours pas terminé. L’Etat ne joue pas son rôle d’Etat. Quelque part, ça rend la chose encore plus injuste".

L’un vacille, l’autre se reconcentre. "Maintenant, l’idée c’est réduire les dépenses, surtout à l’avenir. C’est gagner moins, dépenser moins. On pourrait résumer comme ça le projet et l’avenir pour moi", explique Dominique qui avoue ne s’être pas du tout tenu au courant du procès : "Je ne sais même pas quoi dire dessus".

Je vivrai toujours avec

Pour Christian, "il faut clôturer ce chapitre, même si en tant que victime je vivrai toujours avec. Je n’ai pas envie de mettre toute mon énergie dedans, car il m’en reste très peu à y consacrer".

Deux hommes très différents et pourtant reliés par l’envie de comprendre ceux qui seront jugés. "Est-ce qu’ils ont eu l’impression d’avoir accompli quelque chose ?", se demande Christian. 

De nouveaux projets

Dominique s’interroge : "Quel est le trajet de vie d’une personne qui en vient à se dire que c’est une super idée d’aller se faire exploser dans un métro ? Il faut quand même avoir des câbles qui ont décrochés dans la tête pour en arriver à faire ça".

Dominique va bientôt construire sur ses terrains. Christian vient d’être papa pour la deuxième fois. Leurs vies, différentes de ce qu’ils imaginaient, accueillent désormais de nouveaux projets. 

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