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Retour sur l'affaire des époux Van Eyken: "S'il n'y avait pas la mort d'un homme, ce serait presque un vaudeville"

En juin 2022, le tribunal correctionnel de Bruxelles a reporté le procès de l'ancien député Christian Van Eyken et de son épouse Sylvia Boigelot, pour destruction d'une pièce à conviction, au 31 mai 2023 à 14h00. 

Ils sont soupçonnés d'avoir détruit un lecteur DVD et un DVD au greffe du tribunal correctionnel de Bruxelles, en août 2018.

Christian Van Eyken et Sylvia Boigelot ont été inculpés en novembre 2018 pour sabotage informatique et destruction de biens d'utilité publique. Ils sont suspectés d'avoir détruit les deux objets contenant des images de caméra de vidéo-surveillance, lors d'une consultation de leur dossier, au greffe du tribunal correctionnel de Bruxelles, en août 2018. Ils étaient alors prévenus dans un dossier d'assassinat, celui de l'ancien compagnon de Sylvia Boigelot, Marc Dellea.

En septembre 2019, le tribunal correctionnel de Bruxelles les a reconnus coupables de ce crime et condamnés à 23 ans de prison. En février 2021, la cour d'appel a confirmé le jugement et a aggravé la peine, qui est passée à 27 ans de prison. Mais au mois de juin, la Cour de Cassation a partiellement cassé cet arrêt.

Le dossier a alors été renvoyé vers la cour d'appel de Mons où les deux prévenus ont été rejugés, uniquement sur la peine. In fine, Sylvia Boigelot a écopé de 22 ans de prison et Christian Van Eyken de 20 ans de prison.

Le député Van Eyken clame son innocence. "On n’a aucune preuve. Il n'y a rien qui démontre quoi que ce soit", a-t-il dit dans l'émission Un crime parfait.

"On se bat ensemble, on se bat contre l'injustice et ça, c'est quelque chose qui n'a pas de prix", explique son épouse Sylvia Boigelot.

Mais pour Maître Nikolaos Korogiannakis, avocat de la partie civile, "ils sont les derniers qui ont vu monsieur Marc Dellea vivant. Qu'est-ce qu'on veut de plus ?". Michel Mary, journaliste - Le Nouveau Détective, estime de son côté que "S'il n'y avait pas la mort d'un homme, ce serait presque une, une pièce de théâtre, un vaudeville."

La puce à l’oreille

Dans cette affaire, c’est un élément précis qui va mettre aux enquêteurs la puce à l’oreille. En effet, le téléphone portable de Marc Dellea a disparu et malgré les apparences, c’est le seul objet qui a été dérobé dans l’appartement. "Donc à partir de là, on en déduit quand même assez facilement que le mobile n'est pas crapuleux, que ces gens qui sont venus pour le tuer ne sont pas venus pour le voler", explique Michel Mary, journaliste - Le Nouveau Détective.

L’intuition des enquêteurs est vite confirmée par les observations du médecin légiste. Et c’est l’expertise balistique qui fait définitivement voler en éclats la thèse du cambriolage qui a mal tourné.

"On sait que c’est un tir à bout portant, c’est-à-dire à moins de 10 ou 20 centimètres de sa tête. Ça implique quand même un certain nombre de choses. Il faut rentrer dans sa chambre. Il faut arriver sur le lit ou en tout cas sur le bord du lit et avoir le cran de lui envoyer une balle comme ça en pleine tête pendant son sommeil", détaille Michel Mary, journaliste.

"C'est quelqu'un qui l’a véritablement exécuté dans son lit alors qu'il dormait", précise Dominique Demoulin, journaliste RTL Belgium.

Qui a privé la fillette d’un père si aimant ?

À 44 ans, Marc Dellea laisse derrière lui une compagne et une fillette de 8 ans, Lola, dont Christian Van Eyken est le parrain. Mais qui a privé la fillette d’un père si aimant ? L’enquête sur le meurtre de Marc Dellea s’annonce difficile, car la police dispose de bien peu d’éléments.

Et si Sylvia Boigelot avait quelque chose à voir avec la mort de Marc ? L’hypothèse paraît séduisante d’autant que contrairement aux apparences, la victime et sa compagne étaient en réalité séparés.

Après la naissance de Lola, le bonheur familial s’étiole. D’abord, les affaires de Marc se portent mal. Sylvia, qui travaillait avec lui, est obligée de trouver un nouvel emploi pour faire face aux dépenses du couple. Et selon elle, Marc aurait alors commencé à changer. Le couple bat de l’aile...

"Et je ne le reconnais plus. Il commence à se laisser aller physiquement, il ne s'entretient plus pour lui-même. Il mange mal, il va dormir à des heures pas possibles, il rentre pas. Vraiment, ça change tout", dit-elle.

Sylvia va se rapprocher d’un autre homme. Et pas n’importe qui : Christian Van Eyken, l’ami intime du couple, le parrain de leur fille. "J'avais besoin de quelqu'un qui m'écoute, quand j'ai pu expliquer ma détresse, de ce que je vivais avec Marc. Comment Marc avait changé."

Christian Van Eyken raconte que l'attraction vis-à-vis de Sylvia était forte "et bon… Je ne pouvais pas résister à cette attraction. Donc j’ai déclaré ma flamme (...) Il était au courant de notre relation et donc je crois qu'entre adultes, on avait trouvé le modus vivendi possible et on s'organisait pour que la chose aille au mieux possible pour chacun."

Preuve de cette bonne entente, des images à peine croyables où Marc Dellea et l’amant de sa femme bricolent main dans la main, pendant que Sylvia Boigelot les prend en photo.

Nouvelle hypothèse

Sylvia affirme que Marc avait de mauvaises fréquentations depuis quelque temps, "il recevait des mecs un peu bizarres, un peu sale gueule, et parmi tous ces gens qu’il fréquentait, qu’il faisait venir chez lui régulièrement, forcément, on peut se poser la question de savoir si, parmi eux, il n'y en a pas un qui avait repéré quelque chose et qui serait revenu. En tout cas, qui connaissait les lieux, qui savait où il dormait, qui savait par où rentrer, on est sur un rez-de-chaussée, donc relativement facile d'accès", détaille Michel Mary, journaliste.

Le problème, c’est que rien ne vient étayer cette hypothèse, mis à part les doutes de Sylvia Boigelot et de Christian Van Eyken. Mais grâce aux vidéos du hall principal, les cartes vont être totalement rebattues. Les enquêteurs vont donc étudier les allée et venues dans le hall ce fameux dimanche soir. Et identifier deux personnes qu’ils connaissent bien.

Christian Van Eyken et Sylvia Boigelot étaient chez la victime à une heure qui selon le légiste pourrait correspondre à l’heure du crime. Pour les policiers, le couple est désormais suspect numéro 1.

Ultime pied de nez à la justice

Mais l’enquête va subir un brusque coup d’arrêt car Christian Van Eyken est loin d’être Monsieur Toulemonde. C’est un homme politique belge. "On ne peut pas se tromper, si on va le chercher, si on le place en garde à vue, il faut vraiment être sûr. On ne peut pas se permettre une erreur d'avoir soupçonné un député. Ça fait désordre", précise Michel Mary, journaliste.

Pour Dominique Demoulin, journaliste RTL Belgium, il y a toutes ces coïncidences qui sont tout de même suspectes. "Le concierge prend une semaine de vacances, justement, cette semaine-là, la fille de Marc Dellea n'est pas là. Les chiens ne sont pas là."

Comme un ultime pied de nez à la justice, à quelques semaines de leur procès pour l’assassinat de Marc, le couple - libre de tout mouvement - se dit "oui" devant les autorités belges.

Le verdict

Quelques semaines à peine après l’interview qu’ils nous ont accordée, Sylvia Boigelot et Christian Van Eyken ont rendez-vous avec la justice. 

"On a aucune preuve, on ne peut pas nous montrer noir sur blanc une preuve pourquoi les 'ah, mais c'est vous qui êtes coupable'. Il n'y a rien qui démontre quoi que ce soit", estime Christian Van Eyken.

"Nous savons que nous allons retourner en prison. Pour eux, on est coupables", lance Sylvia Boigelot.

Le 26 avril 2022, le verdict tombe... Ce sera 22 ans pour Sylvia Boigelot, 20 ans pour Christian Van Eyken.  

Retrouvez l'intégralité de l'émission Un crime parfait:Affaire Van Eyken ce mardi soir à 20h25 sur RTL TVI.

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