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La Wallonie débloque 34 millions € pour aider les sans-abris: "La nuit, je ne dors pas", confie Julien confronté au froid hivernal

En Belgique, l’an dernier, il y avait plus de 23.000 sans-abris et personnes qui n’ont pas leur propre logement. La Wallonie vient de débloquer 34 millions d’euros pour leur venir en aide. Elle veut créer des "territoires zéro sans abrisme". Comment aider les sans-abris, alors que la précarité augmente et que les températures chutent ? A quoi va servir cet argent débloqué par la Wallonie?
 

"Est-ce que vous auriez un peu de monnaie s’il vous plait ?", demande Julien aux passants à Namur. Mais il enchaîne les refus. "C’est ça le quotidien. Les gens ne nous calculent pas". 

Julien est à la rue depuis des mois, de jour comme de nuit, avec pour l’instant des températures souvent proches de zéro degré. "La nuit, je ne dors pas, je marche. Le jour, je me cale dans un endroit chaud et je me repose. Tu me verras toujours avec le sourire. En pleurant, cela ne changera rien. En boudant, cela ne changera rien. Il faut rester soi-même tout simplement", confie le sans-abri. 

Arrivée prochaine de 24 lits dans plusieurs bâtiments

Ils sont des dizaines à dormir dans les rues de Namur. Fin 2021, ils étaient 86. Et aujourd’hui, ils sont bien plus nombreux, nous assure le réseau social de la ville. Alors, comment leur venir en aide ? Une étape cruciale se dessine : l’arrivée prochaine de 24 lits répartis dans plusieurs bâtiments. "On arrive dans l’espace qui est commun aux personnes qui vont pouvoir vivre ici. L’intention, c’est d’avoir quatre personnes qui sont isolées et qui peuvent venir ici en collectivité", montre Philippe Noël, président du CPAS de Namur. 

La Wallonie débloque aujourd’hui 3 millions d’euros pour Namur. Ce montant permet d’acheter ces maisons. "Voilà une des quatre chambres de l' habitation que l’on va acquérir", ajoute le président du CPAS. 

Mais ce qui retient surtout notre attention, c’est l’approche spécifique. Ici, ce n’est pas l’urgence et le provisoire qui priment mais bien le long terme. "Permettre aux personnes d’avoir un logement de façon pérenne et non pas d’aller d’un lieu à l’autre où ils ont la capacité d’être accueillis trois mois à un endroit, puis six mois à un autre. Et donc de devoir à chaque fois se remettre en mouvement. Ici, ils peuvent dès le début investir le lieu, c’est leur chez eux", souligne Philippe Noël. 

"C’est de pouvoir payer un loyer, d’avoir un chez soi et de vivre. Leur donner les possibilités de faire les demandes pour obtenir effectivement l’aide aux loyers et de pouvoir mettre toutes les équipes pluridisciplinaires autour d’elles pour pouvoir s’assurer que ces personnes demeurent en logement", explique Olivier Hissette, coordinateur du relais social urbain namurois.

On ressent une augmentation de la précarité

En tant qu’assistant social, François connait bien les sans-abris. En compagnie de Julie, infirmière, ils partent à la rencontre des sans-abris, établissent un lien et proposent leur aide. "On a des mouchoirs, des bouteilles d’eau, des tours de cou, des bonnets, des gants et aussi des petites chaufferettes", énumère Julie, tout en ouvrant son sac à dos. 

"Clairement, ce que l’on ressent, c’est une augmentation de la précarité, que ce soit à Namur, en Wallonie ou en Belgique un peu partout. On a l’impression en tout cas qu’il y a une plus grande proportion de personnes qu’on reçoit chez nous qui sont sans logement actuellement", indique François Lavis, assistant social et coordinateur de l’asbl Namur Entraide Sida.

On dénombre plus d’un millier de personnes considérées comme mal logées sur Namur, sans abri ou contraintes de squatter, de dormir chez des proches. Presqu’autant qu’à Charleroi, confrontée aussi à cette précarité croissante. "L’inflation, l’augmentation des coûts énergétiques qui a mis dans la précarité pas mal de personnes qui étaient déjà un peu fragilisées. Mais il y a aussi la crise du logement, tout simplement l’augmentation des loyers", indique Jérémy Wilmot, coordinateur du plan grand froid à Charleroi.  

Charleroi va recevoir 4 millions d’euros

Pour soutenir ces personnes en difficulté, Charleroi va recevoir 4 millions d’euros. Parfois des familles nombreuses. Avec ses sept enfants, Sébastien a trouvé refuge dans une maison d’accueil. Des mois de patience avant de réintégrer leur maison, pour le moment insalubre. 

A Namur, certains nouveaux logements seront disponibles dans quelques mois. Quant à Julien, il confie son envie de quitter la rue au plus vite. "J’ai 52 ans et je ne vais pas me laisser faire. Je n’espère pas. Je vais m’en sortir", lance-t-il. 

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