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"Un petit toit": réfugiée en France avec ses deux enfants depuis la mort de son mari à Marioupol, Inna demande un logement durable à Elisabeth Borne, venue jeudi près de Paris à la rencontre de déplacés ukrainiens qu'elle entend "accueillir durablement".
"On a passé cinq mois dans une famille et quatre mois dans une autre, mais c’est bien d’avoir son logement", explique en ukrainien la jeune mère, sa petite fille Victoria, un an et demi, lovée dans ses bras.
Veuve depuis avril, Inna veut rester en France avec sa fille et son fils Alexandre, désormais scolarisé en CP. Les trois dorment dans une même chambre de la résidence d'accueil Coallia à Bures-sur-Yvette (Essonne).
"On va pouvoir vous trouver un logement et l'apprentissage du français", lui assure la Première ministre, sans cesser de sourire à la fillette.
Elisabeth Borne s'enquiert de son métier --"comptable"-- et reconnaît que "c'est compliqué" avec un bébé qu'il faut mettre à la crèche, avant de lui souhaiter "bon courage".
La cheffe du gouvernement entend passer à "une nouvelle étape" dans l'accueil des déplacés ukrainiens, dont le nombre s'est stabilisé à 100.000 environ en France, dont 80% de femmes et 20.000 enfants scolarisés.
- "Logement pérenne" -
"Puisque malheureusement la guerre dure en Ukraine", le gouvernement veut désormais les "accueillir durablement" et les "accompagner" "vers un logement plus pérenne, un emploi et l'apprentissage de la langue", a affirmé devant la presse la Première ministre, accompagnée par deux ministres, Jean-Christophe Combe (Solidarités) et Olivier Klein (Ville et logement), et deux secrétaires d'Etat, Charlotte Caubel (Enfance) et Sonia Backes (Citoyenneté).
Environ 30.000 de ces déplacés sont logés dans des foyers français. Mais les Ukrainiens accueillis en France représentent une part infime des quelque huit millions de réfugiés ukrainiens recensés en Europe.
Ils sont accueillis au titre de la "protection temporaire", le régime exceptionnel accordé par les Européens aux personnes fuyant ce conflit.
Ce statut leur permet de s'installer en situation régulière sans avoir besoin de demander le statut de réfugié, de scolariser leurs enfants, de voir leurs soins médicaux pris en charge ou encore de travailler sans délai.
Cet accueil a coûté à ce jour près de 500 millions d'euros, selon le ministère de l'Intérieur.
- Deux vitesses -
"C'est dur le français?" demande Elisabeth Borne à une petite fille intimidée qui hoche la tête, avant de saluer les efforts linguistiques d'une collégienne très sportive qui lui dit en français "adorer le basket".
Nathalie, retraitée de 61 ans, est en France depuis dix mois avec sa petite-fille, dont la mère, une "gradée militaire", ne vient que rarement la voir. "Nous défendons la liberté et la démocratie", souligne la retraitée.
Ce sont "toutes les valeurs qu’on a en Europe", abonde Mme Borne, "très admirative".
Tatiana, qui était professeur de français en Ukraine, a elle rapidement trouvé un emploi en tant qu'intervenante sociale auprès des réfugiés, qu'elle aide aussi en langue.
Tous "remercient" la France pour son accueil.
Mais cette prise en charge facilitée a été critiqué par le tissu associatif français qui a dénoncé un accueil à deux vitesses entre les Ukrainiens et le reste des exilés.
"Ce qu'on a fait pour les Ukrainiens peut servir de modèle" pour les crises migratoires à venir, estime la dirigeante de l'association France terre d'asile Delphine Rouilleault. Interrogée à ce sujet, la Première ministre a répondu qu'il s'agissait d'une "situation exceptionnelle".
"Nous sommes et nous resterons jusqu’au bout aux côtés de l’Ukraine", a redit Elisabeth Borne, qui réunira de nouveau "prochainement" le comité de liaison parlementaire sur l'Ukraine, où siègent les présidents de l'Assemblée nationale, du Sénat et des groupes parlementaires.