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Des milliers de vacanciers britanniques, allemands ou français attendaient dimanche à l'aéroport de Rhodes de quitter l'île grecque après avoir été chassés par les flammes et, pour certains, marché des heures dans la fournaise.
"Il fallait continuer à marcher. Alors nous avons marché environ six heures dans la chaleur", a raconté à l'AFP une touriste britannique, Kelly Squirrel, à l'aéroport international de cette île de l'archipel du Dodécanèse (sud-est) où la saison bat son plein.
Employée dans le secteur des transports, elle fait partie des milliers de touristes dont les vacances ont été brutalement interrompues par un violent incendie qui fait rage pour le sixième jour consécutif dans le sud de l'île.
La Britannique a "vu les flammes" s'approcher alors qu'elle se trouvait samedi à la piscine de son hôtel.
- Courir jusqu'à la plage -
"La police est venue à la réception et a dit à tout le monde de se rendre à la plage", raconte-t-elle. "Nous avons donc couru jusqu'à la plage. Nous nous sommes juste assis là pendant quinze minutes, une demi-heure".
Les fumées devenant plus épaisses, "on nous a dit de nous déplacer le long de la plage", poursuit-elle.
Dans le hall des départs de l'aéroport situé dans le nord-ouest de l'île, à plusieurs dizaines de kilomètres de l'incendie, certains vacanciers sont allongés ou même endormis à même le sol, au milieu des bagages.
D'autres sont regroupés devant le panneau d'affichage des départs, tentant de repérer un vol pour Hambourg, Amsterdam ou Lille (nord de la France) qui les ramènerait chez eux.
D'autres encore prennent leur mal en patience en jouant aux cartes et des enfants se reposent sur des bouées gonflables.
En vacances sur cette île qui fait face aux côtes turques, la Britannique Claire O'Donavan a expliqué avoir effectué elle-aussi une longue marche sous le soleil avec ses valises.
"Nous avons (finalement) réussi à prendre un camion qui nous a emmenés sur une plage plus haut", relate-t-elle.
A l'hôtel, on nous a dit "attendez ici, nous reviendrons dans une heure ou deux, puis ils ont disparu. Nous étions donc là, il faisait nuit noire, vous pouviez voir le feu au loin".
Rhodes, qui a compté 2,5 millions d'arrivées de visiteurs en 2022, est l'une des principales destinations de villégiature en Grèce avec de nombreux hôtels tout le long de ses côtes orientales.
- de longues files -
La télévision grecque a diffusé des images de longues files de piétons parfois en tenue de plage, certains tirant des valises, le long des routes de l'île samedi quand les évacuations ont été ordonnées.
Le numéro un mondial du tourisme TUI a annoncé suspendre tous ses vols passagers vers Rhodes, une décision également prise par la compagnie à bas coûts britannique Jet2.
Au total, douze localités du centre et du sud de l'île ont été évacuées, dont Lindos, l'une des principales attractions pour les voyageurs avec son Acropole perché en haut d'une colline.
L'Allemand Paul F., 23 ans, en vacances avec son amie Lara, a raconté au quotidien Bild "avoir été sauvé au dernier moment du feu" samedi alors qu'il se trouvait à son hôtel.
"J’ai eu le sentiment d’être livré à moi-même, il faisait si chaud et la fumée était si dense déjà qu’on aurait pas pu tenir plus de dix minutes encore", a expliqué cet homme originaire de Bielefeld (ouest de l'Allemagne).
"C’est alors que des bus ont fini par arriver et évacuer les touristes", a-t-il ajouté. "Certains, pris de panique, ont couru à la plage et essayé de trouver des bateaux pour pouvoir partir à bord", a-t-il aussi dit à Bild.
Les milliers de personnes qui ont dû quitter leur habitation ou hôtel ont été mises à l'abri dans des gymnases, écoles ou centres de conférence pour la nuit. Certaines s'apprêtaient dimanche soir à y passer une seconde nuit.
La Grèce est frappée depuis dix jours par une canicule qui s'est accentuée ce week-end avec des températures de plus de 46°C localement.
L'incendie de Rhodes a été attisé par des vents violents alors que dimanche, selon les services nationaux météorologiques EMY, le thermomètre affichait 36°C.