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Assises de Foix: début du procès d'une vengeance amoureuse devenue double meurtre

Une infirmière, décrite comme "manipulatrice" par la partie civile, et son amant sont jugés pour meurtre avec préméditation par la cour d'assises de l'Ariège pour avoir tué l'ex-compagnon de la soignante, et sa fille de 18 ans.

Dans le box, Marie-José Montesinos, 61 ans, cheveux poivre et sel ramenés en chignon, a décliné son identité d'une voix fragile, la joue droite agitée par un tremblement.

A ses côtés, son co-accusé, Jean-Paul Vidal, un garagiste-cascadeur de 53 ans, a fait de même avant que la cour ne procède au tirage au sort des jurés dans une salle d'audience comble.

Avant la lecture de l'Ordonnance de mise en accusation, l'avocat de Mme Montesinos Laurent de Caunes a émis "des réserves" quant à l'absence aux débats pour cause de congés maternité de l'experte en charge de l'enquête de personnalité de l'accusée, "un élément essentiel de ce dossier", mettant en avant qu'elle avait été "caricaturée".

Les "amants diaboliques", comme ils sont parfois nommés dans la presse, encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

Le 30 novembre 2017, avec des barres de fer, les accusés ont roué de coups Christophe Orsaz, un jardinier-paysagiste de 46 ans, avant de le jeter, agonisant, dans une fosse septique. Ils lui avaient tendu un guet-apens en lui demandant de venir réaliser un devis pour un chantier, dans un hameau isolé d'Ariège, privé de réseau téléphonique mobile.

Témoin du crime, Célia Orsaz, fille du jardinier, est ensuite exécutée dans une forêt, d'un tir de fusil dans la tête. La voiture des Orsaz est ensuite incendiée et abandonnée quelques kilomètres plus loin au bord d'une route de montagne du Plateau de Sault, à la limite du département de l'Aude.

- Aveux -

Dans cette affaire des "disparus de Mirepoix", le bourg où résidait Christophe Orsaz, divers scénarios sont envisagés, jusqu'aux aveux de Jean-Paul Vidal durant sa garde à vue, sept mois plus tard.

Vidal, mécanicien et connu dans la région pour ses spectacles de cascadeur, admet avoir contacté la victime sous un faux nom en l'appelant avec un téléphone portable acheté pour l'occasion, puis jeté. Il dit avoir agi pour satisfaire les desseins de l'infirmière.

"Il y a une forme d'influence, d'emprise ou de manipulation. M. Vidal c’est un peu le bras armé de Mme Montesinos. Il est responsable de ses actes, il n'entend pas se défausser", assure son avocat Mathieu Monfort.

"M. Vidal ne connaissait pas M. Orsaz et en quelques mois, il se retrouve à commettre des faits d’une particulière gravité (...) Mme Montesinos a réussi à s’infiltrer dans les carences qu'il avait pour pouvoir un peu l'instrumentaliser et l'utiliser", poursuit Me Montfort.

Acculée durant sa garde à vue, Marie-José Montesinos finira elle aussi par avouer face aux enquêteurs.

Avant le procès, Laurent de Caunes a souligné que Marie-José Montesinos voulait lui donner une correction, lui faire peur, mais "n'a jamais voulu la mort de Christophe Orsaz, ni de Célia".

"Jean-Paul Vidal peut dire ce qu'il veut, et notamment qu'il a agi sous l'effet d'une emprise, personne ne peut croire que son discernement ait été troublé à ce point". "C'est bien lui qui a donné, deux fois, la mort. Et s'il l'a fait, c'est qu'il l'a voulu", estime Laurent de Caunes.

- Condamnée -

Il décrit sa cliente comme "une personne pleine d'angles, de fractures, de rugosités, en dépression permanente".

Les proches de Célia et Christophe Orsaz, originaire de l'Isère, "sont impatients que cette audience puisse enfin se tenir afin d’être confrontés pour la première fois aux assassins de M. Orsaz et de Célia", dit leur avocat, Arnaud Lévy-Soussan.

Selon lui, on trouve dans le box des accusés, "celle qui a un intérêt à l'action" et "celui qui est l'exécuteur zélé du début à la fin".

"Elle a une responsabilité incontestable dans la préparation de cette affaire, elle fait tout pour convaincre son co-accusé et au moment où les choses se passent, elle ne les assume plus", dénonce Me Lévy-Soussan.

Dans ce dossier, Marie-José Montesinos a déjà été condamnée par le tribunal correctionnel de Foix en mai, à six mois de prison avec sursis pour avoir harcelé Christophe Orsaz. Elle n'avait pas supporté qu'il la quitte.

La décision de la cour d'assises sera rendue le 24 novembre.

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