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Au sommet de Paris, des petits pas financiers pour des pays du sud exposés au défi climatique

Davantage d'argent public mais aussi privé, en priorité pour les pays du sud face aux défis du climat: jeudi à Paris, la Zambie a obtenu de ses créanciers, dont la Chine, une restructuation d'une partie de sa dette, et le Sénégal une promesse d'aide pour décarboner son économie.

Le président français Emmanuel Macron, organisateur du "Sommet pour un nouveau pacte financier" qui se terminera vendredi, a reçu jeudi soir à l'Elysée une grande partie des chefs d'Etat et de gouvernement, et personnalités de la finance internationale présentes au Sommet.

Dans la journée il avait appelé à un "choc de financement public" face à la crise climatique et à la pauvreté qui minent le développement des pays du sud.

Le but: dégager les milliards de dollars indispensables à la transition énergétique et à l'adaptation des pays vulnérables au réchauffement de la planète, tout en faisant évoluer les structures financières internationales nées au lendemain de la deuxième guerre mondiale.

- "que la magie opère" -

L'entourage du président français confiait dans la soirée espérer "que la magie opère" pour parvenir à un "vrai deal", notamment entre le public et le privé afin de dégager des marges de financement.

De la magie, il n'y a pas eu jeudi, mais des petits pas certainement. Mia Mottley, la Première ministre de la jeune république de la Barbade, a ainsi reçu de nombreux applaudissements après avoir exigé une "transformation absolue" du système financier, et pas seulement "une réforme". La Barbabe, île des Caraïbes, fait partie des pays parmi les plus vulnérables au changement climatique.

Dans la foulée, les pays créanciers de la Zambie, dont la Chine, se sont mis enfin d'accord pour restructurer une partie de sa dette. Un groupe de pays riches et de banques de développement se sont aussi engagés à mobiliser 2,5 milliards d'euros pour aider le Sénégal à réduire sa dépendance aux énergies fossiles.

La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a souhaité montrer que les choses avaient bougé, en annonçant que la réallocation aux pays pauvres a atteint les 100 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS), sorte de monnaie de réserve du FMI.

"C'est le futur de l'Humanité qui est en train d'être discuté ici", a jugé Mme Georgieva.

Les travaux au palais Brongniart, dans le centre de Paris, ne doivent pas déboucher sur des décisions concrètes mais bénéficient du poids du parterre des invités. Le Premier ministre chinois Li Qiang, le chancelier allemand Olaf Scholz, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi ou la directrice générale du FMI Kristaline Georgieva étaient présents au dîner de l'Elysée jeudi soir.

Le président brésilien Lula, en quête d'un accord commercial des européens avec le Mercosur, a mis l'accent sur "la responsabilité des pays riches pour financer les pays en développement, qui ont des réserves forestières".

"Tout le monde regarde passivement en attendant que quelque chose se produise", a déclaré jeudi la jeune militante suédoise pour le climat Greta Thunberg, lors d'une causerie à Paris.

- "dette historique" -

"Ce n’est pas le peuple africain qui a pollué le monde, ni le peuple latino-américain qui pollue le monde", a lancé le président brésilien. "Ceux qui ont réellement pollué la planète pendant les 200 dernières années sont ceux qui ont fait la révolution industrielle, et c'est pour cela qu'ils doivent payer la dette historique qu'ils ont avec la planète".

Plusieurs chefs d'Etat africains haussent aussi le ton contre les pays riches, plus prompts selon eux à verser des milliards pour soutenir l'Ukraine en guerre.

Le président du Kenya William Ruto a, lui, déclaré à l'AFP qu'il était venu "non pas pour demander de l'aide" aux pays riches, mais pour qu'une réforme de l'architecture financière mondiale permette aux pays en développement de "participer à la solution". "Aujourd'hui, nous sommes tous dans la même m." face au réchauffement climatique, a-t-il lancé.

L'idée du sommet avait germé en novembre lors des négociations sur le climat de la COP27 en Egypte, dans le sillage d'un plan présenté par Mia Mottley. L'objectif du sommet est de rénover en urgence l'architecture financière internationale, née des accords de Bretton Woods en 1944 avec la création du FMI et de la Banque mondiale.

L'accès à leurs financements est jugé difficile par les pays en développement, alors que leurs besoins sont immenses pour affronter canicules, sécheresses et inondations, et pour sortir de la pauvreté tout en s'affranchissant des énergies fossiles et en préservant la nature.

Parmi les nombreuses idées en débat, celle d'une réduction de dette contre des engagements à sauvegarder la nature, ou celle d'une taxe internationale sur les émissions carbone du transport maritime.

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