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Faire dialoguer agriculteurs et habitants: une expérience de médiation a été initiée à La Rochelle face aux inquiétudes que suscitent, dans l'agglomération, pollution aux pesticides et cancers pédiatriques.
Sous l'égide de la Communauté d'agglomération et de la Chambre d'agriculture, la rencontre a réuni, à huis clos, plusieurs dizaines de personnes au Palais des Congrès lundi soir.
D'un côté, 36 agriculteurs de la plaine d'Aunis, région céréalière voisine dont les épandages alimentent la suspicion; de l'autre, autant de riverains et de membres d'associations locales.
"C'est la première fois qu'une médiation de cette envergure est portée par une agglomération", a souligné Myriam Bacqué. Médiatrice professionnelle, elle s'est vue confier, avec une structure locale, l'organisation de cette expérience destinée à "renouer le dialogue entre le monde agricole et ses habitants".
L'initiative intervient après la multiplication de cas d'hémopathies et de cancers, notamment pédiatriques, dans des communes environnant La Rochelle.
A Saint-Rogatien, bourg de 2.200 habitants, cinq enfants et adolescents ont contracté des leucémies ou d'autres maladies graves entre 2008 et 2017, selon une étude du Registre des cancers de Poitou-Charentes et de l'Inserm, publiée fin 2020. En mars 2018, le centre hospitalier de Poitiers avait alerté sur ces cas et une cinquantaine d'autres touchant des adultes.
Cette première séance d'échanges "s'est plutôt bien passée", a déclaré à l'AFP Franck Rinchet-Girollet, membre de l'association Avenir Santé Environnement. "C'était la première fois qu'il y avait des agriculteurs et des riverains autour d'une table. Il y avait un vrai besoin de communication après la campagne contre le prosulfocarbe."
Des niveaux records de pollution à ce pesticide ont été relevés en 2021 dans la plaine d'Aunis, avait indiqué en juillet 2022 Atmo Nouvelle-Aquitaine, l'Observatoire régional de surveillance de la qualité de l'air.
Selon le militant écologiste, "deux visions s'opposent". "Les agriculteurs vendent leurs céréales à des coopératives qui ont des exigences, ils sont de moins en moins nombreux, ils ont plus de terres à s'occuper, ils ont donc plus recours à la mécanisation et aux intrants", résume-t-il ; "nous, on dénonce l'usage des produits dangereux".
"J'ai entendu des craintes auxquelles je n'aurais pas pensé", répond le président (FNSEA) de la Chambre d'agriculture, Cédric Tranquard. "On leur a expliqué ce que fait l'agriculteur dans un champ. Quand on passe, on ne répand pas forcément un produit. Je ne pensais pas qu'on en était si loin dans l'incompréhension".
Prochaine réunion le 7 mars.