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Casino poursuit La Lettre A et BFM Business pour diffamation

Le groupe Casino poursuit en justice pour diffamation deux médias: La Lettre A, à qui il réclame plus de 13 millions d'euros au titre d'un supposé préjudice financier, ainsi que BFM Business pour un montant largement inférieur, a appris l'AFP de sources concordantes mercredi.

La Lettre A, média d'enquête créé en 1978 et racheté par Indigo Publications en 2007, a reçu une citation à comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris, a indiqué cette publication à l'AFP, confirmant une information du Monde.

Selon ce document daté du 15 juin, que l'AFP a pu consulter, Casino a déclenché cette procédure en raison d'articles qu'il juge "particulièrement dénigrants et diffamatoires" à son encontre.

Le groupe "tente d'entraver la publication de nos informations", estime Octave Bonnaud, rédacteur en chef de la Lettre A qui enquête sur les arcanes des pouvoirs politique, économique et médiatique. "Evidemment la Lettre A continuera de couvrir le groupe Casino et la grande distribution", a-t-il ajouté.

Casino, coté en Bourse, estime avoir subi un "préjudice économique" d'une ampleur "considérable" et demande réparation à hauteur de 13,7 millions d'euros, ce qui correspond à la valorisation boursière effacée lors d'une journée de cotation où deux articles ont été publiés, selon l'assignation.

Le distributeur a lancé une autre procédure à l'encontre de BFM Business. Selon des sources concordantes, Casino conteste le récit d'un article publié sur le site internet de ce média et demande un montant bien inférieur à celui réclamé à La Lettre A, de l'ordre de quelques milliers d'euros.

"En tant que société cotée, Casino a la responsabilité de ne pas laisser se diffuser des informations fausses ou trompeuses, en particulier lorsque celles-ci sont susceptibles d'avoir un impact sur le cours de Bourse perturbant ainsi le fonctionnement normal du marché", a réagi Me Olivier Baratelli, avocat du groupe.

"La procédure de conciliation en cours ainsi que les nombreuses rumeurs qui circulent obligent le groupe Casino à une vigilance accrue sous la supervision de l'Autorité des marchés financiers", a-t-il dit, dénonçant "la multiplication (...) d'informations fausses" dans La Lettre A.

L'un des articles "spécule faussement" sur la démission de trois administrateurs, alors qu'"aucune démission n'est intervenue" et qu'ils "étaient ainsi tous présents" au dernier conseil le 15 juin, détaille Me Baratelli.

"Bonne chance pour montrer que ce sont des articles de La Lettre A qui ont fait baisser le cours" ce jour-là, répond Octave Bonnaud, relevant que les articles ont été publiés à 6H20 et à 11H40, "alors qu'on parle d'une baisse du cours de Bourse en fin de journée". "De toute façon, on revendique la possibilité de sortir des informations qui soient susceptibles de faire baisser un cours de Bourse."

Le distributeur d'origine stéphanoise, qui emploie 200.000 personnes dans le monde, dont un gros quart en France, sous de nombreuses enseignes comme Monoprix, Franprix ou Pao de Acucar au Brésil, est entré fin mai en procédure de conciliation afin de renégocier son endettement.

Son PDG Jean-Charles Naouri a été gardé à vue le 1er juin dans le cadre d'une enquête ouverte le 5 février 2020 et portant sur des faits présumés de "manipulation de cours en bande organisée, corruption privée active et passive" et "délit d'initié commis courant 2018 et 2019". Il a été remis en liberté sans charge retenue contre lui à ce stade.

Dans ce contexte agité pour Casino, plusieurs journalistes couvrant son actualité ont par ailleurs fait état auprès de l'AFP d'appels insistants de la part du groupe ou de ses conseils.

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